Une première lecture dans l’équipe de Kaïs Saïed au Palais de Carthage

Une première lecture dans l’équipe de Kaïs Saïed au Palais de Carthage

 

Le nouveau président de la République Kaïs Saïed a dévoilé les noms des principaux membres de sa garde rapprochée au Palais de Carthage. Même si des surprises n’ont pas manqué comme le fait de voir le plus proche collaborateur jusque-là, à savoir Abderraouf Betbaïeb ne pas accéder au poste le plus en vue c’est-à-dire la direction du cabinet présidentiel, cette nouvelle équipe est rassurante. Car ses membres ont été choisis sur la base de la compétence et évidemment la loyauté envers le locataire de Carthage, Ils sont tous des commis de l’Etat ou des universitaires pour les civils et des officiers supérieurs de l’armée nationale d’active ou à la retraite pour ce qui concerne les militaires. Ce qui est un gage de réussite dans leurs délicates fonctions.

On a remarqué que sur les sept nommés, trois sont des diplomates de carrière. Ceci est une indication de l’importance que compte accorder le nouveau chef de l’Etat aux questions de politique étrangère, son domaine réservé. Ainsi le nouveau directeur de Cabinet, Tarek Bettaïeb est un connaisseur du dossier libyen. Il en avait la charge avant d’être nommé il y a juste un an en qualité d’ambassadeur de Tunisie à Téhéran. Sa connaissance approfondie de la région du Golfe, puisqu’il a servi aussi à Abou Dhabi est un atout. Dire comme certains le prétendent qu’il y a derrière sa nomination la main de l’Iran est un non-sens, car, il est à Téhéran le représentant des intérêts tunisiens et non le contraire.

En le nommant pour une période déterminée, c’est-à-dire pour une durée de trois mois renouvelables tout en gardant son poste à Téhéran, le nouveau président veut agir par étapes et cherche probablement l’efficacité. Si Tarek Bettaïeb, que Kaïs Saïed ne connait pas à l’œuvre donne satisfaction, il sera confirmé sinon il pourra regagner sa précédente affectation. Le président met à l’œuvre une idée qui lui est chère la révocabilité du mandat. Même si cela peut paraitre saugrenu puisque le directeur du cabinet présidentiel est le coordonnateur de l’équipe, le plus proche collaborateur du Chef de l’Etat et la voie par laquelle transitent les instructions présidentielles, il est néanmoins révélateur de l’engagement de Kaïs Saïed à être le véritable animateur du cabinet présidentiel.

Pour ce faire, il compte sur le ministre-conseiller Abderraouf Betbaïeb qui semble être l’homme-orchestre de cette équipe. Présent en permanence aux côtés du président de la République, lors de ses audiences et dans toutes ses activités, il a pris les habits de son collaborateur le plus proche, de son confident aussi. Cette très grande proximité auprès du chef de l’Etat lui donne une place à part au sein du cabinet présidentiel. De par ses compétences diplomatiques, Betbaïeb sera très utile au président Saïed lors de ses déplacements à l’étranger et au cours de ses activités diplomatiques nombreuses et variées.

Pour chapeauter les services de presse et de communication de la présidence de la République, le nouveau chef de l’Etat choisit une femme d’une riche expérience dans les médias et qui a un parcours singulier. Journaliste à ses débuts, Rachida Ennaïfar, diplômée de l’Institut de presse et des sciences de l’information (IPSI) avait fait partie de l’équipe éditoriale du quotidien La Presse. Activiste de la société civile, connue pour son franc-parler et son attachement à la liberté de la presse et d’expression elle a présidé l’Association des journalistes tunisiens, ancêtre de l’actuel syndicat des journalistes. Elle a ensuite choisi un autre chemin en devenant professeur de droit à la faculté des sciences juridiques où elle a été le collègue de Kaïs Saïed. Elle n’a pas pour autant rompu les liens avec le monde des médias puisqu’elle a été nommée membre de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HAICA) lors de son installation. Une fonction dont elle a d’ailleurs démissionné.

Sa nomination comme conseillère chargée de la presse et de la communication et probablement comme porte-parole de la présidence de la République signe son grand retour dans le monde des médias. Ses confrères et consœurs sont ravis de ce retour et attendent beaucoup d’elle.

Deux militaires font partie de l’équipe présidentielle. Le général de brigade à la retraite Mohamed Salah Hamdi est nommé conseiller à la sécurité nationale. Le président de la République Kaïs Saïed ne déroge pas à la règle de nommer un militaire à ce poste hautement sensible. Le général Hamdi fut rappelons-le chef d’état-major de l’armée de terre. Il était auparavant attaché militaire en Libye ce qui est un atout dans ses nouvelles fonctions.

Le deuxième militaire est le Colonel Major Khaled Yahyaoui nommé directeur général de la sécurité du chef de l’Etat et des personnalités officielles. Elève officier à l’Académie militaire, il avait aussi été formé à l’Ecole des cadres supérieurs de la sûreté nationale de Salammbo. Il avait été membre de la Brigade nationale antiterroriste la célèbre BAT avant de regagner la direction générale de la sécurité du chef de l’Etat et des personnalités officielles dont il prend aujourd’hui la tête. C’est donc un homme du sérail qui est appelé à diriger cette direction générale aux tâches très sensibles et qui est placée sous l’autorité du président de la République.

Les deux dernières nominations sont celles de Nadia Akacha comme conseillère juridique et de Tarek Hannachi comme directeur du protocole. Là aussi c’est la compétence qui a primé Docteure en Droit public, spécialiste de Droit constitutionnel, Nadia Akacha a soutenu une thèse portant sur « Le pouvoir normatif du juge constitutionnel ». Elle a été Research Fellow à l’Institut Max Planck de droit public et international comparé à Heidelberg. Elle est membre de l’Association tunisienne de droit constitutionnel.

Quant à Tarek Hannachi, il est diplomate de carrière ayant été affecté dans plusieurs postes à l’étranger. Le ministère des Affaires étrangères auquel il appartient est une école en matière de protocole diplomatique. L’équipe présidentielle est désormais en ordre de bataille. Elle devrait être néanmoins enrichie par d’autres recrues notamment en matière économique, sociale et de jeunesse.

RBR

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