Youssef Chahed à la recherche de « parapluies sûres »

Youssef Chahed à la recherche   de « parapluies sûres »

Au cours de son interview diffusée dans la soirée de dimanche 25 février, sur la chaine nationale Une, le chef du gouvernement Youssef Chahed a écarté toute intention de remanier son équipe gouvernementale, ni avant ni après les élections municipales.  Une manière de rappeler que qu’il est le seul maitre à abord.

« L’instabilité gouvernementale est la cause des problèmes que connaît le pays, un gouvernement tous les dix-huit mois, ce n’est pas raisonnable », a-t-il dit, ajoutant que « le remaniement reste du seul ressort du chef du gouvernement ».

Cette réponse a été perçue comme une sorte de fin de non-recevoir adressée à son soutien Noureddine Tabboubi, le secrétaire général de l’UGTT qui a appelé à « désigner de nouvelles compétences au sein du gouvernement pour mettre fin au démantèlement des structures de l’Etat et réaliser un meilleur rapprochement de vues entre les différentes parties ». Tabboubi qui s’est entretenu, à ce sujet, vendredi dernier avec le président Béji Caid Essebsi, a également critiqué la guerre contre la corruption. « On ne peut pas parler d'une lutte contre la corruption seulement avec le placement en résidence surveillée de 3 à 4 personnes », a-t-il déclaré.

Ces déclarations ont été interprétées comme une révision du soutien de la centrale syndicale à Youssef Chahed. Ce dernier, en froid avec son parti, Nidaa Tounes et son directeur exécutif Hafedh Caid Essebsi, semble être dans de mauvais draps. C’est pourquoi, dans son interview, il n’a pas manqué de rappeler son appartenance à ce mouvement qui l’a soutenu pour succéder à Habib Essid. Il lui a, même, jeté des fleurs en affirmant que « ce parti a donné la preuve de sa vitalité en mobilisant plus de sept mille candidats dans toutes les régions du pays. Quant à un éventuel rôle dans sa direction, il a dit qu’il n’a pas encore réfléchi au sujet tout en rappelant que Nidaa Tounes tiendra son congrès électif après les élections municipales ». Un retour au bercail ou plutôt la recherche d’un nouveau parapluie ? Ou les deux à la fois ? Et quand on sait que le président du mouvement Ennahda a déclaré que tant que Youssef Chahed est soutenu par son parti nous lui apportons le nôtre, on comprend son souci de renouer avec son parti et de ne pas se laisser aller aux conseils de ses « mauvais génies ».

Sur un autre plan, les rapports du chef du gouvernement avec l’UTICA connaissent un nouveau réchauffement après l’élection de son nouveau patron, Samir Majoul. Longtemps accusé de faire la part belle à la centrale syndicale au détriment du patronat avec laquelle le courant passe mieux ces derniers jours, le chef du gouvernement a compris qu’il faut créer un certain équilibre entre les deux centrales. L’UTICA qui est, à son tour signataire du « Document de Carthage » a, par conséquent, son mot à dire sur l’action du gouvernement.

Youssef Chahed, qui a écarté toute intention de se présenter à la présidentielle de 2019, a déjà apporté son soutien au président Béji Caïd Essebsi au cas où il sera candidat à cette échéance. Il a encensé son mentor qui « donne leur chance aux jeunes » et lui « a fourni l'occasion de servir la Tunisie ». Il a ainsi montré patte blanche en donnant un signe de reconnaissance à celui qui l’a propulsé à la plus haute fonction de l’Etat et dont le soutien demeure un rempart contre toute velléité de le faire tomber.    

B.O

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