Au lieu de menacer de réduire les salaires, voici quelques pistes à explorer

Au lieu de menacer de réduire les salaires, voici quelques pistes à explorer

Au cours de sa longue interview diffusée dans la soirée de dimanche 14 Juin 2020 sur la chaine Attessia et Mosaïque FM, le chef du gouvernement Elyès Fakhfakh a déclaré que le gouvernement pourrait envisager de réduire les salaires des fonctionnaires et de ponctionner les pensions de retraite. Et point d’augmentations salariales, ni de promotions dans la fonction publique. Les caisses de l’Etat sont à sec et cela on le sait depuis des années. M.Fakhkafk semble l’ignorer lui qui a été ministre des finances dans le gouvernement de la Troïka.

La solution de facilité pour tout gouvernement face la crise c’est d’augmenter les impôts et de réduire les salaires. Cela ne nécessite pas de gros efforts de réflexion. Il suffit de promulguer un texte de loi comme cela a été le cas pour la retenue d’un jour de travail au titre de l’année 2020 au profit du budget de l’Etat, ou encore d’inclure un article dans la loi de finances comme celui relatif à la contribution sociale solidaire de 1% pour tout le monde, salariés et retraités.

Alors qu’il faut, plutôt, explorer d’autres pistes qui pourraient s’avérer plus juteuses et permettraient de renflouer les caisses de l’Etat. En voici quelques unes :

  1. Réduire de manière drastique le train de vie de l’Etat. Cela doit commencer par la réduction du budget de fonctionnement des trois présidences, des ministères et des instances constitutionnelles.  Ces dernières coûtent énormément cher au contribuable avec des rémunérations exorbitantes. Leurs présidents bénéficient des avantages d’un ministre alors que leurs membres jouissent des avantages d’un secrétaire d’état, sans compter les loyers très élevés dans des quartiers chics de la capitale, les voitures de fonction, le quota de carburant et autres avantages. Souvent pour des résultats médiocres.
  2. Supprimer la deuxième voiture pour les membres du gouvernement.
  3. Pour les voitures de fonction et en vue de réduire les abus,  se limiter uniquement aux cadres supérieurs ayant rang de secrétaire général de ministère, de directeur de cabinet, de chef de cabinet ou de directeur général
    d’administration centrale, comme le stipule l’article deux du décret n°88-189 du 11 février 1988, relatif à l’utilisation des voitures de l’Etat,
    des collectivités locales et des établissements publics à caractère
    administratif.
  4. Mais il y aurait mieux. Les cadres supérieurs cités dans l’article deux du décret relatif à l’utilisation des voitures de fonction, pourraient disposer de leur propre voiture achetée par leur administration sous forme de location-vente avec des retenues mensuelles sur les salaires pendant une période allant de trois à cinq ans, selon les dispositions de chacun. Celui qui préfère utiliser sa voiture particulière percevrait une indemnité supplémentaire et ne l’utiliserait pas dans les longs déplacements.
  5. Remplacer les contingents mensuels de carburant pour tous, membres du gouvernement, membres des instances constitutionnelles, gouverneurs, Pdg des entreprises publiques, hauts cadres…par une indemnité kilométrique fixe, selon la fonction. Cela réduirait beaucoup la consommation de carburant.
  6. Revoir ou encore suspendre provisoirement certains avantages en nature des agents des entreprises publiques comme la Steg, la Sonède,  le Rnta et autres, afin de juguler leur dette abyssale. Il est entendu que cela ne pourrait se faire qu’avec l’accord de leurs représentants syndicaux.
  7. Limiter au strict minimum le nombre des membres des cabinets : présidence de la république, présidence du gouvernement et ministères.
  8.  

Ceci pour le public. Mais pour le privé il y a beaucoup à faire pour les fonctions libérales (médecins, avocats, ingénieurs, architectes, experts comptables et autres). Les déclarations d’impôts de certains d’entre eux n’ont rien à voir avec la réalité : dérisoires et ridicules. Et c’est là où le gouvernement doit le plus agir pour stopper les fausses déclarations et récupérer l’argent de l’Etat.

Toutefois, le plus grand chantier demeure celui de l’évasion fiscale qui prive le trésor de l’Etat de plusieurs milliards de dinars. L’économie tunisienne a toujours été marquée par des activités parallèles, extralégales, anarchiques… Qualifiée d’économie informelle, elle désigne l’ensemble des activités de production qui ne sont pas soumises à des déclarations fiscales prévues par la loi. On parle d’un manque de recettes fiscales et cotisations sociales de près de 12 milliards. Cette somme, une fois récupérée, pourrait éviter le recours aux prêts auprès des organismes financier internationaux. Tous les gouvernements successifs depuis le 14 janvier 2011 ont annoncé qu’ils allaient s’attaquer à cette évasion, mais rien n’a été fait. Le phénomène de l’économie parallèle ou informelle est même allé augmentant pour dépasser les 50%.

Ce sont là quelques pistes à explorer si le gouvernement de la transparence et de la confiance est sincère dans son approche.

B.O

 

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