Le FTDES dénonce la détention "illégale" du président de l'Association des étudiants africains en Tunisie

Le FTDES dénonce la détention "illégale" du président de l'Association des étudiants africains en Tunisie

L'Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (AESAT) vient d'exprimer à travers un communiqué son mécontentement et son incompréhension suite à l'arrestation injustifiée de son président sortant, en l'occurrence Christian Kwongang, le 19 mars dernier.

Cet étudiant inscrit, comme la plupart des étudiants subsahariens en Tunisie, dans une université privée (UPES)  avait soumis une demande de renouvellement de sa carte de séjour et avait rempli tous les documents nécessaires. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, Christian Kwongang s'était rendu le 19 mars 2024 au poste de police de Moncef Bey pour récupérer sa carte de séjour, mais s'est retrouvé depuis une semaine en détention au centre des immigrants de Ouardia, sans aucunes accusations officielles, ni procès.

Dans un communiqué rendu public, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) défend les droits des étudiants étrangers en Tunisie, dénonce des violations flagrantes des droits les plus élémentaires et exprime sa solidarité avec l'Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie et avec l'étudiant Christian Kwongang. Le FTDES demande sa libération immédiate du centre de détention de Ouardia.

"A la suite de la crise de février 2023, les étudiants ont été exposés à de nombreuses violations, ce qui fait craindre que M. Kwongang soit sur le point de payer la note de son militantisme civique. Christian ne sait toujours pas pourquoi il a été privé de liberté ni pour combien de temps. En dehors de tout cadre légal, il est détenu dans un lieu légalement considéré comme un centre de résidence et d'orientation. C'est un centre qu'il ne peut pas quitter et qui fonctionne effectivement comme un centre de détention illégal", indique le FTDES, qui ajoute que la détention arbitraire est l'une des violations les plus graves du droit international des droits de l'homme.

"C'est une violation de l'article 35 de la Constitution tunisienne. Début juillet 2020, le tribunal administratif a rendu des décisions urgentes pour arrêter la mise en œuvre de l'hébergement de 22 migrants au Centre d'accueil et d'orientation de Ouardia au motif que les priver de liberté est contraire aux dispositions de la loi tunisienne, ainsi qu'à celles de la Tunisie", ajoute le Forum .

Tout en exigeant la libération immédiate de l'étudiant Christian Kwongang, le FTDES renouvelle son appel à fermer le centre dans sa forme actuelle et à revoir les textes réglementant son statut afin de respecter la Constitution tunisienne et les obligations internationales de la Tunisie. Il appelle également l'Etat à respecter les mesures annoncées le 5 mars 2023 pour les étrangers résidant en Tunisie et  dénonce l’escalade des violations contre les migrants, les campagnes de haine et les persécutions en mer et sur terre.

Ce qui étonne par-dessus tout, c'est qu'il n'y a pas si longtemps, le président sortant de l'AESAT, celui là même qui est détenu à Ouardia, était, en tant qu'interlocuteur légitime, en réunion avec le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Moncef Boukthir, pour discuter justement de la situation précaire des étudiants et stagiaires africains en Tunisie et des conditions difficiles d'obtention des titres de séjour. Et dire que ce sont justement ces étudiants étrangers qui constituent plus de 90 % des inscrits de nos universités et écoles privées. Une manne financière non négligeable et qui serait même la sève nourricière de notre enseignement privé.

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