Subsahariens : Tribune au journal « Le Monde » de Saadia Mosbah et Fatma Bouvet de la Maisonneuve

 Subsahariens : Tribune au journal « Le Monde » de Saadia Mosbah et Fatma Bouvet de la Maisonneuve

« La militante Saadia Mosbah et la psychiatre et écrivaine Fatma Bouvet de la Maisonneuve dénoncent dans une tribune au « Monde » la violence qui se déchaîne contre les Africains subsahariens après le discours de haine du président Kaïs Saïed », écrit le quotidien français en introduction de la tribune écrite par les deux femmes de nationalité tunisienne.

« Le racisme et le populisme, qui se répandent dans le monde entier, ont gagné, en Tunisie, le sommet de l’Etat. Mardi 21 février, le président de la République, Kaïs Saïed, a choqué en reprenant à son compte la théorie du grand remplacement, appelant à des « mesures urgentes » contre les Africains subsahariens, source, selon lui, « de violence, de crimes et d’actes inacceptables » soulignent les deux auteures de la tribune.

Et elles d’ajouter : « La Tunisie vit actuellement une crise sans précédent. Il est alors plus facile d’accuser l’étranger que de reconnaître ses échecs en tant que dirigeants. Les citoyens ont l’impression que le gâteau est trop petit pour être partagé avec des étrangers, même quand ces derniers exercent des emplois dont les locaux ne veulent pas ».

Elles affirment que les militants tunisiens noirs sont, eux aussi, violemment ciblés. Menacés même. La croyance selon laquelle ils seraient financés par des associations européennes afin de ne pas permettre aux migrants d’arriver sur le Vieux Continent est bien là. Tout récemment, le journaliste Mohamed Bouzidi, de l’émission « Bila 9ine3 » (« sans masques »), interrogeait avec virulence à ce sujet Mme Saadia Mosbah, l’une des deux autrices de cette tribune. Cette dernière s’est indignée du ton employé. Elle a eu le sentiment qu’il s’adressait à une cheffe de gang.

Les défenseurs des droits sont accusés très directement par des vidéos trafiquées, le plus souvent d’une manière maladroite, de participer au « complot noir ». Des commentateurs montrent un prétendu manque de civilité des Subsahariens, images vidéo à l’appui, soutenues par des propos haineux à l’encontre du Maghreb.

Et de poursuivre : « Ce qui arrive à la Tunisie est grave et la société civile s’organise, dans l’urgence, pour exprimer sa vive désapprobation. Des jeunes étudiants mettent sur pied un front antifasciste en Tunisie, des associations contre les discriminations, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, communiquent au niveau international, mais assurent aussi un travail au plus proche des sans-abri souvent regroupés dans les églises disponibles, au moins à l’heure des repas. A Paris, un rassemblement se tiendra devant l’ambassade de Tunisie, vendredi 3 mars.

« Il n’est jamais trop tard pour appeler au rassemblement, à la solidarité, au calme et proposer un véritable projet économique et social à une Tunisie exsangue, et dont de nombreux marchés se font avec l’Afrique subsaharienne.
Les citoyens ont besoin d’une vision claire de leur avenir sans chercher de faux responsables. En effet, « la délivrance des complexes de haine ne sera obtenue que si l’humanité sait renoncer au complexe de bouc émissaire », écrivait Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs » concluent les auteures leur tribune.

Lien pour le texte intégral de la tribune:
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/03/03/la-question-tres-tabou...

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