Abdessalem Loued: "Les attaques contre notre huile d'olive n’altéreront pas nos relations avec l’Italie"

 Abdessalem Loued: "Les attaques contre notre huile d'olive n’altéreront pas nos relations avec l’Italie"
 
 
L’huile d’olive Tunisienne est victime depuis quelques semaines d’une campagne de dénigrement orchestrée par certains syndicats d’oléiculteurs italiens. Cette affaire a pris une grande ampleur depuis que certains médias transalpins s’y sont mêlés pour salir l’image de notre huile. Ce qui a engendré des réactions parfois désordonnées de certaines associations tunisiennes qui se sont saisies du dossier pour défendre la réputation d’une de nos plus importantes richesses.
 
Pour y voir plus clair à ce sujet, Espacemanager s’est adressé à la principale structure concernée par ce sujet, à savoir la Chambre Nationale Syndicale des Exportateurs d’Huile d’Olive, relevant de l’UTICA, qui regroupe 90 membres dont 40 exportateurs qui réalisent plus de 90% des exportations de la Tunisie.
 
Voici donc le récit de cette importante rencontre avec son président, Abdessalem Loued, qui s’est déroulée depuis quelques jours:
 
Que pensez-vous de la campagne de dénigrement orchestrée par certaines parties italiennes contre l’huile d’olive Tunisienne ?
 
 Je pense qu’il faut d’abord mettre les choses dans leur cadre. L’Italie est l'un des premiers importateurs au monde de l’huile d’olive tunisienne et nous avons d’excellentes relations avec la majorité des producteurs italiens, avec lesquels on travaille depuis longtemps dans un esprit de partenariat gagnant-gagnant, puisqu’ils ont besoin de notre huile et on a besoin de leur marché pour exporter notre produit.
 
Mais cela n’empêche pas qu’il y a parfois des tensions et des campagnes de dénigrement contre l’huile d’olive tunisienne qui émanent de certains syndicats d’oléiculteurs italiens.
 
Si les Italiens demeurent nos principaux partenaires pourquoi quelques-uns parmi eux attaquent notre huile de la sorte ?
 
Il faut reconnaître que certains producteurs italiens qui ont pris l’habitude, depuis de longues années, d’importer l’huile d’olive tunisienne en vrac avant de l’exporter par la suite conditionnée vers d’autres cieux, après sa mise en bouteille, n’ont pas apprécié qu’on se lance dans le conditionnement, afin de vendre nous mêmes directement le produit du terroir tunisien dans sa meilleure forme sur d’autres marchés étrangers. Ceux-là pensent que la Tunisie est uniquement un réservoir de matière première qui produit pour leur compte et qu’elle doit le demeurer.
 
D’un autre côté, certains syndicats d’oléiculteurs italiens n’ont pas accepté l’adoption par le Conseil puis par le Parlement européen de la proposition de la Commission d’autoriser un accès temporaire supplémentaire à l’huile d’olive tunisienne au marché européen. Ils ont vu dans cette mesure une invasion qui menace leurs intérêts et ils n’ont pas hésité à la considérer comme un attentat contre l’huile d’olive italienne.
 
Que répondez-vous aux Italiens qui mettent en doute la qualité de notre huile, ainsi que la qualité des contrôles et les conditions de conditionnement?
 
La qualité de l’huile d’olive tunisienne n’est plus à prouver et les performances remarquables qu’on a réalisées l’année dernière et qui nous ont certainement fait des jaloux sont dues à l’amélioration de la qualité (puisque plus de 80% de la production a été du type Bikr qui est de très haute qualité), aux restructurations réussies dans le domaine ainsi qu’au savoir-faire et à l’expérience des professionnels du métier (agriculteurs, conditionneurs et exportateurs) qui n'ont pas lésiné sur les efforts et moyens pour arriver à ce résultat.
 
Et puis, il ne faut jamais oublier qu’avant d’arriver en Italie ou ailleurs, notre huile passe par quatre contrôles différents pour juger sa qualité. Le premier est un auto-contrôle technique au niveau de l’entreprise exportatrice elle-même. Le second au niveau de l’Office National de l’Huile. Le troisième au niveau de la douane du pays vers lequel on exporte et finalement au niveau de l’importateur qui vérifie l’authenticité et la qualité du produit reçu par rapport à la commande.
 
Après avoir atteint la première place mondiale des pays exportateurs d’huile d’olive, nous sommes devenus plus exigeants avec nous mêmes pour garder ce rang et cette réputation.
 
Pourtant les images diffusées par la chaîne « RAI 3 » ont monté une huilerie tunisienne qui ne respecte pas les  conditions d’hygiène.
 
Ce reportage malintentionné entre dans le cadre de la manipulation médiatique, puisque le tournage s’est fait dans une vieille huilerie qui n’exporte même pas.
 
Cependant, je tiens à préciser que la « RAI 1 » vient de diffuser un reportage objectif qui démontre l’excellente qualité de l’huile d’olive tunisienne produite dans des huileries ultramodernes qui respectent d’une manière rigoureuse les conditions d’hygiène.
 
Certaines associations de la vie civile se sont mêlées à l’affaire pour défendre la réputation de l’huile d’olive tunisienne. Que pensez-vous de leurs actions ?
 
Je salue leur engagement à défendre l’intérêt du pays car l’oléiculture a toujours compté parmi les secteurs fondamentaux de l’économie nationale, puisque l’huile d’olive représente plus de 40% de l’ensemble des exportations agricoles et 5% de l’ensemble des exportations tunisiennes. Cependant il ne faut pas que les réactions dépassent certaines limites et altèrent les excellentes relations avec la majorité des producteurs italiens, puisque l’Italie demeure, comme je l’ai dit auparavant, l'un des premiers importateurs au monde de l’huile d’olive tunisienne. Je souhaiterai, d’un autre côté, que les professionnels soient ceux qui s’expriment à ce sujet car ils maîtrisent les tenants et les aboutissants.
 
Est-ce que vous avez prévu des actions pour contrecarrer cette campagne malintentionnée ?
 
Nous avons une stratégie globale pour promouvoir l’huile d’olive tunisienne à l’étranger à travers le fonds de promotion des exportations de l'huile d’olive et de nombreux autres intervenants.
 
Mais face à cette affaire, nous l’avons renforcée par une stratégie de crise étudiée qui préconise une grande campagne de promotion de l’huile d’olive tunisienne non seulement sur le marché italien,  mais aussi aux USA, afin d’en faire une belle vitrine de la Tunisie à l'étranger. Des journalistes italiens et américains ont été invités, dans ce sens, en Tunisie pour rapporter la réalité de la qualité de notre huile.
 
Interview réalisée par K.B.M.
 
 

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