Accidents de la circulation: Hécatombe sur les routes, ce terrorisme qui tue allègrement

Accidents de la circulation: Hécatombe sur les routes, ce terrorisme qui tue allègrement

 

Ce fut l’hécatombe cette semaine sur les routes tunisiennes. En trois accidents, parmi les plus meurtriers il y a eu 16 morts. Et comme pour mieux signifier que ces accidents tuent autant dans la capitale, dans le sud comme dans le nord du pays, ces horribles faits divers se sont produits à Gammarth, à Sfax et près de Béja. Le plus sanglant eut lieu dans la capitale du sud avec un bilan rarement atteint : 10 morts dont une famille complètement décimée dont n’a échappé que le père n’ayant pas pris ce louage de la mort. Pour donner plus de piquant à ce bilan macabre, le train, le moyen de transport le plus sûr a fait des siens puisque le déraillement d'un train dans le Sahel a fat deux morts dont le conducteur et plusieurs blessés.

Des vies fauchées, des familles marquées à vie, du sang versé, une mort atroce, puisqu’il a fallu extirper les corps complètement déchiquetés, comme ce fut le cas pour l’accident de Gammarth, la route tue atrocement et en grand nombre.

Les statistiques que l’on égrène à longueur de journées et les bilans que l’on présente comme des trophées ne peuvent porter l’émotion indicible de la perte d’un être cher, qui quelques secondes plus tôt incarnait la vie et donnait la joie aux siens qui seront meurtris tout au long de leur existence.

Pourtant ces statistiques macabres, il faut bien les exposer pour donner la mesure de ce terrorisme de la route qui ne dit pas son nom.

Selon l’Observatoire national de la sécurité routière, l’année 2022 a enregistré 5451 accidents, causant 1044 décès et 7867 blessés. Comparativement à l’année précédente, avec 5089 accidents, 1014 décès et 6894 blessés en 2021, ces chiffres indiquent une légère augmentation de 362 accidents, ainsi que 30 décès et 913 blessés supplémentaires. En 2020, le bilan était de 4774 accidents, avec 931 décès et 6762 blessés.

Depuis le début de l’année en cours, la courbe est ascendante au niveau des morts sur les routes bien que le nombre des accidents ainsi que celui des blessés seraient en baisse. La Tunisie se classe parmi les pays les plus touchés par les accidents de la route et leurs conséquences mortelles, selon l’Association tunisienne de prévention routière (ATPR).

La saison estivale, en particulier les mois de juillet et août, enregistre le plus grand nombre d’accidents. Cette hécatombe sur les routes entraîne également des pertes économiques considérables pour le pays, estimées à environ 700 millions de dinars tunisiens par an.

De plus, la Tunisie figure parmi les pays africains présentant les taux de mortalité routière les plus élevés. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le pays enregistre 24,40 décès pour 100 000 habitants, ce qui en fait le deuxième pays le plus touché par ce problème en Afrique du Nord.

L’excès de vitesse, la non-application du code de la route, mais également la conduite en état d’ébriété sous l’effet de stupéfiants sont comme partout ailleurs les causes principales des accidents de la route. Mais dans d’autres contrées, l’alcotest est utilisé pour donner, séance tenant le taux d’alcoolémie, cet instrument n’est pas à la disposition de la police et de la Garde nationale pour des raisons de non approvisionnement et les conducteurs sont soumis à des analyses dans les hôpitaux ou dispensaires publics, ce qui ne permet pas la rapidité de la prise de décision, comme celui du retrait du permis de conduire.

A cela, il convient d’ajouter l’incivisme et le non-respect flagrant par certains conducteurs des règles de conduite. Malgré les campagnes de sensibilisation répétées, des résultats concrets peinent à se concrétiser. Il est donc nécessaire de repenser la stratégie actuelle et de chercher des moyens de responsabiliser les utilisateurs de la route en modifiant leurs comportements.

Par ailleurs, la détérioration des routes tunisiennes est également mise en cause. Un manque flagrant d’aménagement est observé, en particulier au niveau des routes, des trottoirs, de l’éclairage public et des panneaux de signalisation.

Face à cette situation critique, il est urgent de prendre des mesures concrètes pour améliorer la sécurité routière en Tunisie. Cela implique de renforcer la répression des infractions au Code de la route, de mettre en place des programmes de sensibilisation plus efficaces et d’investir dans l’amélioration des infrastructures routières.

Avec cette recrudescence des accidents meurtriers, cela n’est point suffisant. Il convient de déclarer l’état d’urgence sur les routes et d’appeler à une réunion du conseil de sécurité nationale sur un sujet d’une importance capitale car il engage la vie des Tunisiens, et leur existence.

RBR

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