Amira Yahyaoui: "Comment peut-on lyncher une mère qui vient de perdre son enfant? "

Amira Yahyaoui: "Comment peut-on lyncher une mère qui vient de perdre son enfant? "


La militante tunisienne et fondatrice de l'ONG Al Bawsala, Amira Yahyaoui, a réagi, sur son compte Facebook, au sujet de l'affaire Saida Agrebi et du lynchage dont elle est victime, surtout après la récente disparition de son fils, en l'occurrence l'homme d'affaires Ahmed Agrebi. Nous reproduisons ici intégralement le texte:

"L'affaire Saida Agrebi a fait couler beaucoup d'encre et je m'excuse d'avance auprès de mes lecteurs d'en rajouter encore une couche.

Je n'éprouve personnellement aucune sympathie pour cette dame et je suis extrêmement critique par rapport à ce qu'elle a fait pendant l'ère Ben Ali.

Cependant, je ne comprends pas comment est-il possible de se venger et de lyncher autant une mère qui vient de perdre son enfant. Aussi exécrable soit-elle. Je ne comprends pas cette haine qui nous aveugle et cet esprit de vengeance animalier que certains d'entre nous peuvent avoir, nous transformant d'être humains en véritables hyènes.

Comment pouvons-nous dénoncer des pratiques pour que, quelques années plus tard, nous les fassions?

Au delà de l'aspect humaniste de la chose, qu'on peut décider d'ignorer, comment des militants de droits de l'homme peuvent-ils trouver normal qu'un citoyen tunisien soit privé de son passeport en 2015?

Quelle démocratie voulons-nous avoir si elle ne s'applique qu'à nos amis et bafouille les droits des ennemis? n'est-ce pas là le grand test pour la démocratie?

Saida Agrebi, aussi haïe soit elle, doit avoir le droit à son passeport, à un procès equitable et à une justice transparente. Mais avant tout, elle doit avoir le droit d'assister aux funérailles de son fils, droit qui est garanti aux détenus tunisiens.

Une constitution a été écrite où "aucun Tunisien ne peut être privé de son pays" et  où "chaque suspect est présumé innocent jusqu'à sa condamnation". Ne violons pas les principes pour lesquels ont s'est battus, ça ne fera que les affaiblir."

A.Y.