ARP : Habib Essid a mangé du lion

ARP : Habib Essid a mangé du lion

 

La plénière consacrée au renouvellement de la confiance au gouvernement Habib Essid a démarré avec un peu de retard mais en présence d’un bon nombre de députés. Plus que d’habitude, ce qui est en soi une performance. Après la brève allocution de Mohamed Ennaceur le président de l’ARP, le chef du gouvernement a pris la parole pour défendre son bilan. Sur un ton offensif, ce qui constitue une première pour cet homme d’habitude  réservé et alors qu’on attendait un discours écrit dont la rédaction est minutieusement préparée, le chef de gouvernement a préféré improviser ce qui n’était pas dans ses habitudes. S’adressant  aux députés il leur a clairement demandé s’ils avaient bien lu  le programme sur la base duquel  ils lui ont accordé leur confiance qu’ils s’apprêtent à la lui retirer.

Malgré une élocution parfois difficile et une propension à chercher ses mots, Habib Essid, plus offensif que jamais a donné pendant plus de 47 minutes un exposé positif des réalisations de son gouvernement. Sans tomber dans un optimisme béat, il a donné le sens d’une dynamique dans laquelle son équipe était engagée et qui a stoppée net par l’initiative du président de la république pour la formation du gouvernement d’union nationale. Que ce soit pour le programme du gouvernement, ses priorités et son action sur les fronts de la lutte antiterroriste, de la paix sociale,  de sa vision à long terme  et la réactivation des projets gelés, le chef de gouvernement a démontré  que les reproches qu’on lui fait ne sont pas réalistes. S’adressant  aux députés il leur a clairement demandé s’ils avaient bien lu  le programme sur la base duquel  ils lui ont accordé leur confiance. Il a énuméré les priorités de son gouvernement et qui s’articulent autour de cinq principaux axes : la lutte contre le terrorisme, les prix, la paix sociale, les projets non réalisés, la mise en place d’un plan de développement.

Habib Essid n’a pas eu sa langue dans sa poche lorsqu’il s’est agi de critiquer l’initiative présidentielle. Prenant le soin de réaffirmer son respect et sa considération  du président de la république avec lequel il continue d’avoir les meilleurs rapports, il n’a pas manqué de déplorer le timing de l’initiative, la manière dont elle a été annoncée. Il a été sarcastique, sinon caustique lorsqu’il a dit que l’objectif de cette initiative s’est résumé à la demande de son départ et celui de son gouvernement. Lui arrivant même à faire rire la salle.

C’est au sujet de l’action économique de son gouvernement qu’Habib Essid  a fait quelques révélations fracassantes avec lesquelles il semble prendre date avec les Tunisiens. Il en est de cette annonce qu’on l’a poussé à décréter la région de Gafsa comme zone militaire pour assurer la production des phosphates.  « C’est un choix que je n’ai pas fait et je mets en garde contre ceux qui y penseraient », a-t-il dit avec gravité.

Habib Essid a dit qu’il savait que son sort est scellé et qu’il n’est pas venu mendier la confiance car il est convaincu qu’il ne l’aura pas. Mais l’exercice avait un autre but, celui de respecter la constitution, a-t-il conclu.

Habib Essid a mangé du lion  en s’adressant à l’assemblée des représentants du peuple  pour cette séance historique tout en sachant qu’il n’aura pas le « renouvellement de confiance » qu’il sollicite aux termes de la Constitution.

RBR

BO

 

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