Bassem Loukil, président de TABC: "Il est temps de rendre à la Tunisie toute l’intégrité qu’elle mérite"

Bassem Loukil, président de TABC: "Il est temps de rendre à la Tunisie toute l’intégrité qu’elle mérite"

Dans un texte publié jeudi 16 mai 2019 sur son compte Facebook, l'homme d'affaires et président du TABC Bassem Loukil dresse une analyse de la situation politique de la jeune démocratie en Tunisie depuis que la jeunesse tunisienne a pris son destin en main.L'analyse que dresse l'homme d'affaires est peu reluisant, mais si l'espoir reste permis. Il est temps, selon lui, de rendre à la Tunisie toute l’intégrité qu’elle mérite.

Voici l'intégralité de son analyse:

"Huit années se sont écoulées depuis que la jeunesse tunisienne a pris son destin en main, et depuis les titres poignants vantant les louanges de cet assaut démocratique défrayent la chronique : « la démocratie naissante en Tunisie », « l'expérience Tunisienne », « l'exception Tunisienne du printemps arabe » mais qu'en est-il réellement de cette "jeune démocratie" et qu'a-t-elle apporté au peuple Tunisien ?

Pendant les 4 premières années, tous les acteurs de la scène politique ont insisté, encore et encore, sur la nécessité de mettre en place des réformes politiques et rien d'autre et que l'économie, n’étant pas selon eux la priorité de la transition démocratique, pouvait attendre.

Cette politique de l’autruche était-elle le fruit d’une naïveté inhérente à l’incompétence latente ou était-elle un désaveu profond et assumé de la bombe à retardement qui guettait notre économie ?

Fin 2014, les nouveaux élus nous ont promis un miracle économique, une reprise de la croissance économique et des compétences suffisantes pour former, pas un seul Gouvernement, mais plutôt quatre. Je vous épargnerai les détails mais il est clair que le peuple Tunisien avait découvert une réalité et s'est retrouvé dans une situation pire que celle de la Troïka, économiquement parlant, et nous ne sommes toujours pas au bout du cauchemar à 6 mois des prochaines élections.

Quelles leçons retiendrons-nous de cette expérience amère de la transition démocratique pour éviter de nouvelles désillusions pour la période 2019-2024 ?

Permettez-moi de vous rappeler un proverbe américain qui dit que "Democracy is good but it has to deliver".

La première leçon à retenir est que les paroles des hommes politiques n'engagent qu'eux-mêmes. 90% ou plus de leurs promesses sont irréalistes et irréalisables car peu d'entre eux osent prôner le drapeau de la transparence face à une vérité et une réalité indigestes.

La deuxième leçon est que les partis politiques ne pensent qu'à leurs intérêts : le parti avant la patrie peu importe les enjeux et les conséquences. 

La troisième leçon est que la réussite d'un gouvernement repose sur sa vision claire pour l’avenir du pays, son courage politique pour engager les réformes et surtout une équipe compétente pour mener à bien la stratégie de sa politique.

La dernière leçon est que si nous souhaitons changer les choses, il faut éviter la politique de la chaise vide et s'impliquer pleinement dans le combat politique pour tester le niveau intellectuel ainsi que les compétences de ceux qui se présentent et de tester leur appartenance réelle (Pays ou Parti ?).

Les prochaines élections législatives sont critiques pour l'avenir de notre pays et arrivent à un moment où il est encore possible de sauver le pays. La société civile a un rôle important à jouer pour mobiliser, non seulement les électeurs mais aussi les patriotes et compétences de ce pays pour animer les débats politiques et redorer l’image de notre usage de la liberté d’expression et de la démocratie.

La Tunisie a besoin de sa jeunesse qui ne pense qu'à quitter le pays pour réaliser ses rêves hors des frontières qui ont nourri ces rêves. C’est notre pays qui forge et sème pour laisser les pays d’accueil récolter les fruits de notre jeunesse.

La Tunisie a besoin de tous ses citoyens intègres qui ont déserté la vie politique, refusant que l’on touche à leur réputation, que l’on remette en cause leurs intentions tandis que la scène politique actuelle manque cruellement de moralité et de sang neuf. Il est temps de rendre à la Tunisie toute l’intégrité qu’elle mérite".

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