Béji Caïd Essesbi sur « Hiwar Attounsi » : il n’y aura pas de remake du 26 janvier 1978

Béji Caïd Essesbi sur « Hiwar Attounsi » : il n’y aura pas de remake du 26 janvier 1978

 

« Par réalisme », le président Béji Caïd Essebsi s’est dit persuadé qu’un accord finira par être trouvé entre le gouvernement et l’UGTT en ce qui concerne la proposition relative au report des majorations salariales. « L’alternative serait le 26 janvier et cela ne se passerait jamais ainsi » a-t-il dit en faisant allusion au 26 janvier 1978, le jour de la grève générale décrétée par la centrale syndicale et qui a donné lieu à des affrontements sanglants avec le pouvoir de l’époque.

Dans son interview diffusée mardi soir sur Al-Hiwar Ettounsi en collaboration avec le quotidien « Le Maghreb », le chef de l’Etat a donné l’assurance que le dialogue conduira à trouver un terrain d’entente entre le gouvernement et les autres partenaires sociaux pour la loi des finances 2017 qui est selon lui « le moindre mal ». Sans le dire franchement, il a laissé l’impression qu’au cas où des difficultés surgiraient pour aboutir à un accord, il prendrait ses responsabilités et il réunirait toutes les parties sous les auspices de la présidence comme il le fit lorsqu’il a lancé son initiative du gouvernement d’union nationale.

Il n’a pas manqué d’assurer ce gouvernement de son soutien et a fait savoir que ceux qui parient sur sa chute se trompent lourdement. « Ce sont des feux amis qui cherchent à l’atteindre », s’est interrogé le journaliste, Zied Krichen en l’occurrence. Sans lui répondre directement Caïd Essebsi a laissé penser que c’est le cas.

Paraissant au mieux de sa forme, maitrisant ses dossiers, au fait des moindres détails sur les chiffres du budget et le classement de Davos, le président qui dit qu’il va avoir 90 ans (le 29 novembre est en effet son 90éme anniversaire) a révélé que c’est lui qui a tenu à suggérer la candidature d’un jeune chef de gouvernement comme il a tenu à une présence féminine renforcée au sein de l’équipe de Youssef Chahed.

Il avait réponse à tout n’éludant aucune question y compris les plus gênantes posées par Zied Krichen et Myriam Belkadhi. Ainsi il n’a pas manqué de dire que le verdict du tribunal de Sousse dans l’affaires Lotfi Nagdh l’a « choqué », parce que dit-il je suis aux faits du dossier, mais il s’est abstenu de commenter le jugement même s’il admet qu’il est critiquable.  Il a souligné que l'instauration de cette Instance Vérité et Dignité qui n’est pas une instance constitutionnelle, et le lancement du processus de la justice transitionnelle « était la principale réalisation accomplie par la Troika », justifiant son absence des premières auditions publiques des victimes des violations des droits de l'homme, les 17 et 18 novembre, par le fait qu'il n'est « pas tenu d'être présent à tous les évènements ». Il a ajouté que « de toute façon cette instance n'accorde pas d'importance au président de la république et travaille dans toute indépendance après avoir été installé et élue par l'assemblée constituante et semble être l'héritière de l'assemblée des représentants du peuple ».  

Le président de la république a opposé un démenti catégorique aux « rumeurs sur une base militaire américaine établie en Tunisie » en faisant remarquer que les Etats unis ont consenti à la Tunisie une assistance substantielle dans sa lutte contre le terrorisme. Il a assuré que les militaires américains (70 a-t-il précisé) sont en mission de formation des officiers de l’armée tunisienne pour l’utilisation des drones et que ceux-ci sont exclusivement utilisés pour le renseignement. « Aucune action militaire ne sera conduite par ces appareils », a-t-il tenu à déclarer.

S’agissant des relations tuniso-américaines à la lumière de l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats unis, il a souligné que ces relations étant séculaires, elles ne risquent pas d’être affectées par le changement de président en donnant pour preuve que ce sont des parlementaires républicains qui ont écrit au Président Barack Obama pour lui demander d’accroitre l’aide à la Tunisie.

Interrogé sur Nidaa Tounés et sur les critiques qui lui sont adressées en sa qualité de père du directeur exécutif de ce parti qui est considéré comme l’un des problèmes de la formation qu’il a fondée, il a refusé de prendre parti pour l’une ou l’autre des ailes sans pour autant prendre de la distance par rapport à l’aile dirigée par Hafedh Caïd Essebsi. Il est paru remonté contre Ridha Belhadj et son comité de sauvetage, dont il a refusé les « conseils » que ce dernier a fait « dans le l’intérêt du président ». « A mon âge et avec les responsabilités qui sont les miennes, je sais où est mon intérêt » lui a-t-il rétorqué. Il a refusé implicitement de recevoir le « coordinateur de ce comité Moncef Sellami ». « Je dis bienvenue à celui qui veut me rencontrer mais je ne verrai pas une aile sans l’autre », a-t-il soutenu lorsqu’on lui a posé la question.

Le président a démenti catégoriquement l’intention qu’on lui prête de constituer un autre parti politique. Il a dit aussi qu’il n’est pas favorable à la constitution d’un front démocratique ou républicain donc excluant Ennahdha, car ce serait revivre de nouveau sous le parti unique ou le parti dominant et cette ère est bien révolue.

Cette précision mettra du baume au cœur des dirigeants du parti islamiste, car le président a pris ses distances au début de l’interview d’avec Ennahdha en affirmant que c’est pas son allié et que s’il y cohabitation, elle a été rendue indispensable par le verdict des urnes aux élections de 2014.

 

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