Bonnes intentions et commotions du Président

Bonnes intentions et commotions du Président

Par Naoufel Ben Aissa

Le 25 juillet 2021, le Président Kais Saied a cassé le cercle vicieux d'une politique de l'échec chronique menée depuis une décennie, c'est un fait. Le 14 novembre 2021 au Bardo, un rassemblement - précédé par d'autres un mois plus tôt- tente de casser le jeu de Kais Saied et de faire sauter les verrous mis et imposés par des "mesures d'exception" annoncées le 22 septembre 2021.

Tenter de revenir à l'avant 25 juillet est une aberration, le fait est là. Laisser Kais Saied gouverner par décrets et disposer du pays et de son avenir à sa guise est aussi illogique, c'est même irrepublicain. D'ailleurs, il suffit de voir la réaction des pays civilisés et développés amis qui, "dans le respect", ont appelé à ce que la séparation des pouvoirs soit clarifiée pour pouvoir continuer à collaborer. Pour eux, par principe, il ne peuvent concevoir une gouvernance où le provisoire à tout l'air de perdurer dans un pays qui carbure à vu! Ils ont juste exigé une "feuille de route" au début.

Quand ils n'ont rien vu venir et que du côté de chez nous on a commencé à monter le ton, là ils ont donné le "La" en nous disant: mettez vous au diapason des Etats du droit et des institutions d'abord, on verra après. Entre temps, "allez voir si nous sommes ailleurs" !

Depuis qu'il a "gelé" l'ARP, le Président a squatté l'espace politique. Il décide, parle en public quand et comme il veut, prend des initiatives, nomme des personnes et en "gomme" d'autres, insulte ses adversaires et détracteurs et les taxes de tous les adjectifs même abjectes en public, les accuse et appelle à les juger.... sans laisser place à un débat ou une discussion. Il n'est à l'écoute de personne et n'accepte ni critique ni avis contraire et ne tolère aucune objection. En matière de communication, il ne faut rien attendre ni chercher à comprendre, les "choses" tombent par elle même. On apprend en découvrant c'est tout. C'est ainsi et pas autrement!

Or, même si son entreprise du 25 juillet a mis fin à un foutoir politique qui a mis le pays sur une pente raide, d'où le plébiscite qui lui a été favorable, c'est aussi à partir de cette date que le Président a posé nu. Ainsi, il s'est avéré tout simplement un novice en politique. On dirait qu'il s'exerce en faisant des simulations et apprend sur le tas, ce qui est loin de sécuriser ou d'apaiser une population déjà outrée par le calvaire de dix ans de mauvaise gouvernance. C'est ainsi que la partie "contre le push" a trouvé de l'écho aussi bien sur le plan national qu'international. C'est ainsi qu'il lui a tendu une perche précieuse pour qu'elle puisse  renfloué ses rangs; contrairement à la caisse de l'Etat!

A propos, rien que de voir comment en un temps record notre Saint-Président s'est brouillé avec des puissances internationales dont les USA - nos habituels "airbags" auprès des bailleurs de fonds- en temps de crise aiguë dont la Tunisie aura du mal à s'en sortir. En plus, comme tout le monde le sait, ces puissances sont les garants de la pérennité de tout pouvoir politique de pays aussi fragiles que le nôtre. Il leur suffit de laisser faire pour que "la volonté populaire" renverse la vapeur sans immission ou entrave à la souveraineté nationale (mon œil !).

En quatre mois, après tant de commotions, le Président qui aurait mieux fait de bien choisir ses conseillers que de cibler ses détracteurs et adversaires, a provoqué un retour de manivelle qui peut s'avérer fatidique non seulement pour le pays, mais surtout pour lui.

Même pour la bonne cause et partant de bonnes intentions, on ne peut faire la guerre à tout le monde en même temps et la gagner Monsieur le Président. 
 

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