Ces quatre qui rythment la vie des Tunisiens, mais pas pour le meilleur

Ces quatre qui rythment la vie des Tunisiens, mais pas pour le meilleur

Ils sont quatre à rythmer la vie des Tunisiens, mais pas pour le meilleur. Le président de la république Béji Caid Essebsi, le chef du gouvernement Youssef Chahed, le président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi et le secrétaire général de l’UGTT Noureddine Tabboubi. Alliés, il y a deux ans, ennemis jurés aujourd’hui.

Le 11 juillet 2016, un document censé ouvrir la voie à la formation d'un gouvernement d'union nationale a été signé au palais de Carthage par 13 représentants de partis politiques et d’organisations nationales, sous le regard scrutateur du chef de l’Etat Béji Caid Essebsi, scellant ainsi le sort du gouvernement Habib Essid. Ce dernier qui n’était plus en odeur de sainteté à la présidence de la république ni au lac, siège du parti présidentiel Nidaa Tounes, devait être remplacé de pied levé par un jeune quadra Youssef Chahed, proche de BCE et choisi par lui. Avec le soutien, jusque-là indéfectible de son allié Rached Ghannouchi, BCE a imposé son choix qui, par ailleurs, « a reçu un large soutien ». Les priorités adoptées dans le « Document de Carthage » ont fait l’objet d’un consensus de la part de tous les signataires». La parenthèse Essid a été alors fermée et l’ère Chahed a commencé. Mais la lune de miel entre le fils légitime qui dirige le parti présidentiel et le fils spirituel qui siège à la Kasbah a fait long feu. Pour assurer ses arrières, Chahed avait trouvé en Noureddine Tabboubi un allié de poids avec qui il a signé un accord en dix points, croyant acheter la paix sociale. Qualifié de satisfaisant, cet accord a été vite mis dans les tiroirs des bureaux de la Kasbah.  Retournement de situation et Tabboubi de faire feu de tout bois contre son jeune allié exigeant son départ pour manquement à ses engagements.

Entre temps, les rapports entre Youssef et Hafedh se sont dégradés. Le 4 mai 2018, dans une allocution télévisée, Chahed a nommément accusé Essebsi Jr de déstabiliser le gouvernement et de détruire Nidaa Tounes. Crime de lèse-majesté que le père ne pardonnera jamais. Il a tenté de concocter un nouveau Document appelé « Carthage II » pour éjecter l’enfant rebelle. Les participants, cette fois-ci au nombre de neuf, sont tombés d’accords sur 63 points mais ont achoppé sur le 64ème, celui relatif au gouvernement. Cinq dont Ennahdha étaient pour son maintien et quatre dont Nidaa Tounes et l’UGTT étaient contre. A chacun ses arguments. Se sentant trahi par son ancien allié, Ghannouchi, BCE suspend le Document de Carthage II. Mais il n’en démord pas et a juré d’avoir la peau de Youssef et Rached. Pendant ce temps, Tabboubi a mobilisé contre le gouvernement allant jusqu’à décréter une grève générale dans la fonction publique qui a été organisée le 22 novembre dernier. Il a ensuite annoncé une autre pour le 17 janvier 2019 qui impliquera cette fois la fonction et le service publics.

Sur un autre plan, le collectif de la défense des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi ont annoncé l’existence d’un appareil secret du mouvement Ennahdha qui serait impliqué dans l’assassinat des deux Leaders. Ils sont allés voir le chef de l’Etat en sa qualité de président du conseil national de la sécurité.  Belle aubaine pour le vieux briscard qui, à l’ouverture du dit conseil, a tiré à boulets rouges contre son ancien allié qu’il accuse de l’avoir menacé. Le divorce entre les deux parties est consommé.

Les manœuvres politiques en prévision de prochaines échéances d’octobre 2019 ont déjà commencé. Entre temps, le pays s’enfonce dans une crise sans précédent, annonciatrice de lendemains incertains. Et les Tunisiens qui vivent au rythme de cette guéguerre politico-sociale sont lassés et s’inquiètent de la tournure qu’elle a prise.  Le boycott des examens scolaires par la fédération générale de l’enseignement secondaire est venu ajouter à leur désarroi face à cette situation ubuesque.

Le bout de tunnel est pour le moment invisible.

 B.O

 

 

 

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