Cette misère noire qui attend les migrants dans la rive Nord

Cette misère noire qui attend les migrants dans la rive Nord

 

Un nouveau naufrage survenu en mer Méditerranée, au large des côtes tunisiennes survenue suite à une collision entre une unité de la marine et une embarcation de migrant

Les unités de la marine nationale tunisienne ont intercepté, dimanche 8 octobre 2017, une embarcation méconnue à environ 54 km de la plage El Ataya à l’île de Kerkennah.

Durant la phase d’approche pour identifier l’embarcation en question, une collision a eu lieu. Les unités de la marine ont sauvé 38 personnes de nationalité tunisienne, 8 cadavres ont été repêchés et les opérations de recherche continuent.

Selon plusieurs médias italiens, il y avait 70 personnes sur l'embarcation des migrants, qui étaient partis de Sfax, proche de l'archipel de Kerkennah. Beaucoup de migrants ont survécu parce qu'ils se sont jetés à l'eau avant la collision.

Le ministère de la Défense tunisien a annoncé dans un communiqué rendu public mardi 10 octobre 2017, que des unités de la Marine nationale poursuivent les recherches de rescapés du naufrage de l’embarcation transportant des migrants clandestins, survenu dimanche dernier, à Kerkennah.

Par ailleurs, le même communiqué ajoute qu’un bateau de plongée est actuellement sur les lieux pour retrouver les débris de l’embarcation, soulignant que des équipes de l’Italie et de Malte ont participé aux opérations de recherche. Notons que la justice militaire a ordonné l’ouverture d’une enquête à propos de cette affaire.

Les raisons de ces voyages fréquents de la mort

Si les traversées de migrants en Méditerranée depuis la Libye sont de moins en moins fréquentes, une nouvelle route passant par la Tunisie s'est peu à peu imposée depuis le début de l'année. Les migrants choisissent souvent de naviguer la nuit, pour ne pas être repérés, ce qui rend d'autant plus dangereuse leur tentative.

Ce monde marche vraiment sur la tête. Lors de mes visites successives en Tunisie, j’entends souvent que les Tunisiens veulent fuir leur pays alors que les japonais n’ont jamais quitté le leur même contaminé au nucléaire de Fukushima .....

Bizarre oui bizarre. Et maintenant que le régime de Ben Ali a été « dégagé » depuis près de sept ans, ce drame ne s’est jamais arrêté et a pris plutôt plus de l’ampleur. Des immigrés tunisiens affluent de plus en plus sur la rive nord de la Méditerranée où les conditions sont particulièrement féroces, voire inhumaines.

Quels sont Les raisons pour lesquelles ces Tunisiens ont choisi de quitter le pays qui vient de se libérer d’une dictature nauséabonde ? Elles sont la pauvreté, le chômage, le bon sens, l’opportunisme, les promesses de passeurs peu scrupuleux et les politiques du désespoir désastreuses menées depuis 2011 par tous les gouvernements successifs.

La misère noire les attend dans la rive Nord

Beaucoup pensent que s'ils arrivent sur les côtes italiennes, ils vont trouver la belle vie, des papiers, un logement, un salaire… Mais ceux qui arrivent en Europe de façon clandestine vivront la misère la plus noire. Ils seront déjà parqués en Italie dans des camps où ils seront entassés à une cinquantaine dans une seule pièce, sans hygiène, avec une nourriture minimale jusqu'à leur expulsion.  Les plus chanceux d'entre eux seront lâchés dans la nature, ils essaieront de passer la frontière française mais sans papiers même s’ils y parviennent ils vivront la misère, la promiscuité, l'insécurité, une vie de chien les attend. Arrêtez de croire que c'est l'Eldorado, c'est vraiment la misère noire qui vous attend mes chers compatriotes en Europe.

Ce que dont je suis sûr, en revanche, c’est que bon nombre d’immigrants d’origine tunisienne sans-papiers trimant sur le sol européen, et notamment en Espagne dans les exploitations agricoles et en France et en Italie dans les chantiers ou dans les restaurants. Ils ont ainsi été absorbés par le monde du travail clandestin, main d’œuvre corvéable et opprimée.

Un échec cuisant de ce « Printemps Arabe »

Il y a une grande incohérence à avoir eu le courage de braver et renverser le pouvoir dictatorial en place et, une fois ce but atteint et la liberté retrouvée, fuir son pays. On est alors en droit de se dire : tout ça pour ça ! C'est maintenant que la Tunisie a besoin de tous les siens et de toutes leurs forces pour que la pression soit maintenue afin que la transition vers un nouveau régime s'effectue rapidement et que le pays se redresse économiquement. A quoi aurait servi cette victoire si le peuple tunisien et ses politiques se montraient maintenant incapables de la faire fructifier ? Ne serait-ce pas conduire au chaos qui ouvrirait alors la porte à des perspectives beaucoup plus sombres pour ce pays que ce qu'il a connu sous l'ère Ben Ali ?

Une chose est certaine : ce n'est donc pas en fuyant que les Tunisiens vont construire leur avenir et ce n’est pas avec des promesses électorales non tenues par les gouvernements successifs depuis 2011 que la Tunisie sortira de la crise grave où elle est plongée aujourd’hui au bord d’une faillite annoncée.

Un fait est sûr et certain : toutes ces personnes sont des victimes. Victimes d’avoir payé une somme faramineuse à des passeurs peu scrupuleux. Victimes d’avoir cru au sempiternel miroir aux alouettes que constitue l’Europe, ce soi-disant eldorado où la vie ne peut être que meilleure que dans le village perdu. Victimes de croire qu’ils vont être bien traités alors qu’on leur réserve un sort funeste.  Victimes des politiques menées dans leur pays où l’économie parallèle non créatrice d’emplois prospère et accapare 60% de l’économie nationale.

Il est temps de s'attaquer à ces filières clandestines et au travail au noir dans les pays de cette rive Nord de la méditerranée et d’aider la Tunisie à réussir sa transition démocratique par des actes concrets et non par des discours. Ce n’est qu’avec une telle arme économique, en soutien à des gouvernements démocratiques engagés résolument dans la lutte contre la pauvreté, que l’on pourra freiner ces drames de l’émigration qui défraient toutes les chroniques et alimentent l’actualité internationale.

L'avenir de ces Tunisiens est chez eux et nul part ailleurs.  Il faut aider la Tunisie à trouver le calme, la paix civile et un développement harmonieux créateur d'emplois sur place loin de l'obscurantisme  et de l'incompétence politique de ces dirigeants actuels.

A.Klai

 

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