Chebbi appelle à une réforme du système de la santé

Chebbi appelle à une réforme du système de la santé
 
Dans une lettre ouverte adressée au ministre de la santé qu’il appelle « cher ami », Ahmed Néjib Chebbi revient sur l’état des lieux des hôpitaux locaux constaté lors de ses visites de terrain qu’il effectue depuis deux ans. Il évoque le cas de la délégation de Souk Djedid à Sidi Bouzid et celui d’un hôpital local de Kasserine.
 
"Souk Djedid est le chef lieu d'une délégation de vingt mille habitants. Son hôpital local chapeaute six Centres de Soins de Base. Cinq médecins généralistes et dix-neuf infirmiers y assurent les soins. Aucun médecin spécialiste à l'exception d'un dentiste. Le plateau technique ne compte qu'un seul laborantin et deux techniciens en radiologie. L'hôpital dispose de deux ambulances vielles respectivement de vingt-cinq et trente ans et qui sont toujours en panne. Quatre chauffeurs assurent le service de transport vingt quatre heures sur vingt quatre. Aucun agent titularisé, pas même le le gardien ou l'agent d'entretien ... C'est dire la difficulté d'assurer le minimum de discipline au travail.
 
Le service d'urgence devait être inauguré par votre prédécesseur en 2009 mais il attend depuis, les évènements qui ont secoué la région n'y ont pas aidé.
 
Les citoyens de Souk Djedid m'ont chargé de vous porter leurs doléances; ils souhaitent l'ouverture de ce service d'urgence, le renouvellement du parc automobile, le recrutement de deux autres chauffeurs et d'un hygiéniste scolaire, le reste attendra.
 
Je sais, monsieur le ministre, que ce que ces citoyens demandent est fort peu en terme d'investissements et en comparaison aussi avec leur besoins en santé: un médecin pour deux mille habitants, alors que ce nombre tombe à cinq cents dans certains gouvernorats du grand Tunis. 
 
je sais aussi que les besoins sont pressants partout ailleurs: lors d'une autre visite qui m'a conduit à l'hôpital de Kasserine, le personnel s'est plaint de l'absence d'un scanner qui les oblige à quémander l'aide des hôpitaux à cent kilomètres à la ronde, ce qui cause le décès de beaucoup de patients notamment les accidentés de la route. Quand j'ai évoqué devant eux le cas d'un habitant de Bhar Lazreg qui a s'est présenté à l'hôpital universitaire de la Marsa pour consulter un ophtalmologue et à qui on a gracieusement accordé un rendez-vous pour le 14 septembre prochain, le responsable du service de chirurgie m'a rétorqué que les rendez vous pour les opérations chirurgicales à froid ne sont accordées à Kasserine que pour 2015 !"
 
A travers sa lettre ouverte, et en choisissant de mettre la loupe sur les régions symboliques de Kasserine et Sidi Bouzid, Chebbi remet sur la table le problème de la santé publique en Tunisie et appelle de ses vœux à des réformes urgentes sur le court et le moyen terme.