Classement liberté de la presse : La Tunisie en nette régression, elle perd 27 places

Classement liberté de la presse : La Tunisie en nette régression, elle perd 27 places

La Tunisie est placée désormais au 121ème rang mondial dans le classement 2023 de la liberté de la presse. Elle a perdu 27 places par rapport au classement 2022 où elle occupait le 94ème  rang.
Dans le classement mondial de la liberté de la presse publié mardi par Reporters sans frontières (RSF) qui concerne 180 pays, la liberté de la presse et de l’information en Tunisie est jugée comme “un acquis incontestable de la révolution tunisienne”.

La crise politique qui secoue le pays et l’engagement ambigu de Kais Saied pour la liberté de la presse ont d’importantes répercussions. Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2019, le palais de Carthage ne reçoit plus les journalistes malgré les protestations du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). L’interdiction de la Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) de cumuler des responsabilités politiques et de posséder un média est ignorée par nombre de patrons de presse.

Cadre légal

L’amendement constitutionnel de juillet 2022, dotant le président de larges pouvoirs législatifs au détriment des contre-pouvoirs qui existaient jusque-là, a mis en péril la séparation des pouvoirs et fait peser une lourde menace sur les acquis de la révolution tunisienne en matière de liberté de la presse. L’affaiblissement de l’indépendance du pouvoir judiciaire fait craindre que son interprétation des restrictions serve des intérêts politiques sous couvert de prétendus impératifs sécuritaires. En outre, la justice tunisienne persiste, à se baser sur des textes hérités de l’ère Ben Ali, au lieu de s’appuyer sur les décrets-lois de 2011 plus favorables à la liberté de la presse et de l’information. Dans ce contexte de détérioration de l’environnement politique, le décret-loi 54 de septembre 2022, censé lutter contre les “fausses informations”, représente également une nouvelle menace pour la liberté de la presse dans le pays. 

Contexte économique

Les médias sont tributaires des annonceurs privés, dont une partie détient des parts dans leur capital et peuvent être proches du milieu politique – un contexte qui menace l’indépendance éditoriale des rédactions. Leurs revenus publicitaires dépendent également de leur audience, dont le calcul est peu encadré et fortement contesté. Le marché publicitaire des médias audiovisuels a connu une importante évolution à partir de 2014, avec l'accroissement de l'investissement dans la publicité politique. Enfin, le modèle économique des médias écrits, basé sur les abonnements, la publicité et les ventes est en perte de vitesse en raison de la baisse de ces dernières et du rétrécissement du marché publicitaire.

Contexte socioculturel

Les réseaux sociaux sont régulièrement utilisés par les partis politiques pour lancer des campagnes de désinformation, décrédibiliser la presse, et instiller méfiance et confusion chez les électeurs. Les violences verbales des leaders politiques à l’endroit des médias se sont multipliées ces dernières années. 

Sécurité

Les intimidations envers les journalistes se banalisent, et les reporters sont confrontés à la violence des manifestants tunisiens, avertit RSF, rappelant que des journalistes ont été brutalisés pendant qu’ils couvraient une manifestation le 14 janvier 2022.

Puis, en février 2023, avec le placement en détention du journaliste et directeur de la radio Mosaïque FM, Noureddine Boutar. 

 

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