Communication en temps de coronavirus : Comment éviter les cafouillages et la cacophonie des mouettes

Communication en temps de coronavirus : Comment éviter les cafouillages et la cacophonie des mouettes

La situation est inédite et dans le contexte que nous vivons de nos jours, marquée par la propagation du Covid-19, la communication devient un outil compliqué, à double tranchant, même. C’est comme à la guerre ou au cours d’une crise grave qui pourrait impacter l’équilibre de la société et transformer son modèle.

Les enjeux ne sont plus les mêmes tellement l’angoisse des citoyens est grande et la peur gagne jusqu’au sommet de l’Etat, dans la plupart des pays. De crainte des conséquences d’une calamiteuse gestion de la crise. Surtout lorsqu’on on n’y est pas bien préparé, faute de moyens et de logistique. Et d’anticipation.

Le chef du gouvernement Elyès Fakhfakh a obtenu du parlement une délégation de pouvoir pour légiférer par décrets-lois afin de lutter contre l’épidémie du coronavirus. Il a, désormais, les mains libres pour concevoir et agir dans le cadre des domaines prescrits dans la loi adoptée par l’ARP et qui vient d’être promulguée par le président de la République. Autoproclamé chef de guerre contre la pandémie, il est appelé à assumer cette périlleuse mission dont il rendra compte aux Tunisiens. On parle déjà de plus d’une dizaine de décrets-lois presque prêts mais dont on ignore encore le contenu.

En attendant, Fakhfakh doit commencer par soigner la communication gouvernementale et inviter ses ministres à faire attention à ce qu’ils disent, car toute déclaration mal annoncée ou encore mal interprétée pourrait aggraver l’inquiétude des Tunisiens. Le chef de guerre doit-être aux premières loges et non laisser ses lieutenants baragouiner se pavaner d’un plateau à l’autre pour se répéter sans rien dire, si ce n’est pour se contredire. Le ministre de la santé est beaucoup plus présent dans les médias que dans le lieu de travail ou sur le terrain. Il parle chaque jour statistique et logistique, du nombre de cas, d'hospitalisations et de décès, ainsi que de l'inventaire d'équipements de protection. Au risque de déraper. Celui du commerce a commis des bourdes lors de ses premières apparitions alors que son collègue de l’éducation parle pour ne rien dire. Il semble être perdu dans ce grand mammouth et n’arrive pas à apaiser l’inquiétude de la famille de l’éducation : parents, élèves et enseignants. Celui des droits de l’homme ne trouvant rien à faire s’occupe de la collecte des aides pour les familles nécessiteuses. Alors que le ministre des affaires sociales est complètement déboussolé face à une situation qui l’a pris de court. D’autres ministres sont tout simplement aux abonnés absents.

Maintenant qu’il a nommé une porte-parole du gouvernement en la personne de la ministre de la femme, Fakhfakh doit appeler ses ministres à plus de retenue. Et c’est à lui de monter en première ligne pour annoncer des décisions, expliquer les mesures, apaiser l’angoisse et la peur. Ne pas communiquer ajoute au doute et laisse la place aux spéculations. Car l’opinion n’a pas été dupe et a eu parfois le sentiment qu’on ne lui disait pas la vérité.

Un point de presse quotidien et régulier à une heure précise d’un directeur général au ministère de la santé, Nissaf Ben Aleya, par exemple, pour faire le point de la situation. Des interventions bien préparées de la porte-parole pour éluder des questions et apporter des précisions permettraient de faire la lumière sur la situation générale du pays.

Cela permettra, sans doute, d’échapper aux cafouillages et d’éviter de tomber dans une sorte de cacophonie des mouettes.

 

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