Communication gouvernementale : qui croire le ministre de l’intérieur ou le porte-parole du gouvernement ?

Communication gouvernementale :  qui croire le ministre de l’intérieur ou le porte-parole du gouvernement ?

 

Intervenant ce matin sur Radio Med avec Soufien Ben Farhat et Hassen Hamli, le porte-parole du gouvernement Iyed Dahmani a expliqué que les 800 revenants évoqués par le ministre de l’intérieur sont rentrés depuis 2007 et sont, soit soumis au contrôle administratif, soit suivis à la loupe par la police. Ils sont rentrés notamment d’Irak a-t-il ajouté. Hédi majdoub qui a admis que certains revenants « peuvent exceptionnellement passer entre les mailles du filet », n’a pas donné davantage de précisons. Beaucoup de zones d’ombres persistent quant à leur profil. Comment sont-ils partis et pour quelle mission ? Qui les a enrôlés et pour le compte de qui ? D’où revenaient-ils et ont-ils du sang sur les mains ? Comment sont-ils revenus et par quel moyens ? Ont-ils été soumis à de interrogatoires et quelles en sont les résultats ? A ces questions et à d’autres, les Tunisiens veulent avoir des réponses.

 L’explication fournie par Iyed Dahamani a ajouté à la confusion et parait peu convaincante.  Qui croire, Hédi Majdoub ou Iyed Dahmani ?

Le porte-parole a, également, affirmé que des accords de réadmission des demandeurs d’asile existent depuis longtemps avec les pays européens comme l’Allemagne, la France et l’Italie. Pour rafraichir la mémoire des amnésiques, le 19 janvier 2016, quelques jours après sa nomination à la tête de la diplomatie tunisienne, Khemaies Jhinaoui est parti à Berlin à « l’invitation » de son homologue allemand pour débattre des mesures d’accélérer l’expulsion des demandeurs d’asile déboutés. Un accord de réadmission a été signé dont les termes n’ont pas été divulgués par les autorités tunisiennes. Jhinaoui avait alors déclaré que « la Tunisie accepte bien sûr, ses nationaux, si nous pouvons être sûrs qu’ils sont effectivement nos citoyens et résident illégalement en Allemagne ». De son côté, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré que « les deux pays vont explorer la possibilité de délivrer des documents européens, des laisser-passer aux demandeurs d’asile déboutés ». C’est quoi ces documents européens ?!

Suite à cet « accord », le ministre allemand de l’intérieur Thomas de Maizière est arrivé en Tunisie début mars 2016 où il a été reçu par le président de la République, le président de l’ARP, le chef du gouvernement et son homologue tunisien Hédi Majdoub. Au cours d’une conférence de presse tenue conjointement avec Habib Essid il a déclaré que « l’Allemagne et la Tunisie vont mettre en place un projet pilote visant à accélérer l’expulsion des demandeurs d’asile tunisiens déboutés, a annoncé le ministre allemand de l’Intérieur Dans un premier temps, 20 Tunisiens doivent être rapatriés pour « tester un (système) de reconduite efficace ».

Ce « projet » consisterait, selon le responsable allemand, en « des vols charter avec une limite de 25 personnes avec une escorte d’agents allemands et il serait assumé financièrement par l’Allemagne ».  De Maizière a souligné que « ces rapatriements ne concernent bien sûr pas les dizaines de milliers de Tunisiens qui vivent légalement en Allemagne, ont des petites entreprises, vivent normalement et payent leurs impôts ».

Et c’est sur ce projet que le chef de l’Etat Béji Caid Essebsi a eu une communication téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel au lendemain de l’attentat contre le marché de Noel de Berlin commis le 19 décembre par un ressortissant tunisien Anis Amri et qui a fait 12 morts et 48 blessés.

Il a été convenu d’accélérer l’extradition des Tunisiens en situation irrégulière en Allemagne. D’ailleurs, le chef du gouvernement Youssef Chahed est attendu à Berlin début janvier 2017.

Dans un précédent article intitulé « Qui sont ces 800 terroristes déjà rentrés au pays », nous avons interpellé le ministère de l’intérieur pour répondre à nos questions. Et ce n’est que jeudi 29 décembre que le ministère a réfuté, dans un communiqué, « cette information relayée par certains médias et les appelle à vérifier les informations auprès des sources officielles avant leur publication ». Il se peut que « le projet pilote » dont parlait le ministre de l’intérieur allemand ne soit pas encore mis en place, parce que les deux parties ne sont pas encore arrivées à « un arrangement pour effectuer les rapatriements sur une base plus régulière vers la Tunisie », mais il sera opérationnel dans quelques jours.

Et c’est sur ces questions et sur d’autres que nous avons tenté de joindre Iyed Dahmani pour ne savoir davantage. C’était tout juste après son intervention sur Radio Med, vers 8h00 du matin. Aucune réponse et aucun rappel !

B.O

 

 

 

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