De l'isolement de Sharon à l'isolement de Netanyahou... La vision de Michel Rocard se réalise !

De l'isolement de Sharon à l'isolement de Netanyahou... La vision de Michel Rocard se réalise !

Par Fethy Haboubi, Ingénieur Statisticien

«Tout recours excessif à la force engendre des dizaines de terroristes et exacerbe la haine envers Israël. Il n'y a pas de paix sans justice, ni de sécurité sans dignité pour l'autre. » Michel Rocard

La vision de Rocard : le pouvoir comme piège stratégique et moral: Dans une longue lettre ouverte adressée à Sharon, et publiée dans le Figaro le 15 avril 2002, l’ancien Premier ministre socialiste français Michel Rocard, a clairement déclaré à Sharon, alors chef du gouvernement de l’entité occupante : « Chaque action de Tsahal (Armée israélienne) produit des dizaines de nouveaux terroristes(…).

Et M. Rocard de poursuivre, en accusant Sharon: «Vous êtes en train, Monsieur le Premier ministre, de produire de l’anti-israélisme dans le monde entier, et les gens de ma sorte, qui combattent l’antisémitisme depuis leur plus jeune âge, sont impuissants à endiguer le torrent de colère et de haine auquel vous avez ouvert les portes» Par ces phrases concises, il a mis le doigt sur ce qu’il a appelé « la logique suicidaire du pouvoir ». Rocard ne s’opposait pas au droit de l’entité occupante à se défendre. Il ne s’opposait pas à l’objectif, mais plutôt aux moyens choisis par Sharon, qui transformaient la défense en une doctrine offensive absolue, faisant de chaque enfant palestinien un ennemi potentiel et de chaque foyer palestinien une cible légitime.

Michel Rocard estimait également que cette approche ne protégeait pas l'entité sioniste, mais l'isolait moralement et diplomatiquement, car elle incitait le monde à s'interroger : à quoi bon la victoire si nous perdions le sens ? À quoi bon le pouvoir si la justice était gaspillée ?

En 2002, sous le règne de Sharon, l'isolement de l'entité était symbolique : critiques européennes croissantes, confusion dans la position américaine et baisse de moral dans l'opinion publique mondiale. Aujourd'hui, cependant, cet isolement est devenu réel et tangible, exactement comme Rocard l'avait prédit il y a vingt-trois ans.

De l'isolement de l'avertissement à l'isolement de la réalité

Quant à l'année 2025, sous Netanyahou, l'arrogance de l'entité s'est accrue, et l'État occupant se trouve à un tournant dangereux de son histoire : militairement plus fort que jamais, mais politiquement plus faible et plus isolé dans la conscience mondiale.

L'assassin Netanyahou, comme l'assassin Sharon par le passé, a choisi la logique de la « force excessive » plutôt que celle de la négociation, et a persisté avec une arrogance digne de prédateurs. Il a intensifié le siège de Gaza au point que la mer elle-même s'est transformée en un mur d'isolement.

L'isolement n'est plus seulement une attitude diplomatique froide, comme à l'époque de Sharon et Rocard, mais plutôt une prise de conscience mondiale d'une dépravation morale. Chaque bombardement d'un quartier civil et chaque blocus d'un convoi humanitaire provoque une réaction mondiale plus puissante que toute déclaration politique. La solidarité avec la Palestine est aujourd'hui devenue non seulement un slogan idéologique, mais le symbole d'une conscience universelle qui rejette non seulement la logique  de la force mais aussi de l'impunité.

La Flottille de la liberté : La Mer qui a révélé le siège

La « Flottille de la liberté/ Global Sumud Flotilla », partie de Barcelone Espagne, qui a démontré avec une volonté inébranlable son caractère plus arabe que les Arabes libres, n’était pas un simple convoi d’aide humanitaire. C’était une flottille chargée d’histoire. À bord, des militants de diverses nationalités, dans une scène rappelant la première flottille de 2010, mais dans un contexte différent : un monde qui ne se contentait plus de regarder, mais cherchait à prendre l’initiative morale.

La marine de l’entité sioniste a intercepté la flottille dans les eaux internationales, comme si elle cherchait à étendre les frontières de sa souveraineté au-delà de la mer, ignorant que ce faisant, elle étendait également les frontières de son isolement. Dès que les images de la manifestation se sont répandues, des voix se sont élevées dans les parlements européens et américains, dans les rues et dans les universités, demandant : dans quelle mesure un État peut-il justifier un blocus au nom de la sécurité, alors qu’il assiège la vie elle-même ? On y parvient en empêchant l'entrée de l'aide, à l'exception d'un infime filet qui répond à peine aux besoins des habitants de Gaza, puis en les tuant s'ils tentent d'en obtenir ne serait-ce que quelques miettes, espérant ainsi éviter la famine. À mesure que la flottille avançait vers Gaza, la mer se transformait en miroir du monde. Plus la répression et la violence infligées aux militants s'intensifiaient, plus l'image hideuse de l'occupant se reflétait clairement, gravée dans la conscience humaine, malgré les tentatives de l'assassiner, menées par l'entité occupante et ses alliés arabes, sans parler de l'Oncle Sam et de ses partisans d'extrême droite en Europe.

L'entité occupante : entre puissance et isolement

Si l'on compare la situation de l'entité aujourd'hui à celle de 2002, on se heurte assurément à un paradoxe évident pour quiconque a les yeux et la perspicacité nécessaires. Il s'agit, pour reprendre le langage des mathématiciens, d'une proportion inverse :

Plus l'entité acquiert une supériorité militaire, plus elle perd de légitimité, et plus elle étend sa répression et sa violence, moins sa capacité de persuasion diminue. Ce pouvoir que Rocard qualifiait d'« illusion dangereuse » s'est transformé en doctrine politique qui régit l'esprit sioniste moderne selon des équations qui ne s'appliquent qu'aux fanatiques, à ceux qui sont sous l'emprise de la mégalomanie et qui manquent de vision à long terme. Par conséquent : leur sécurité ne repose que sur les décombres, leur politique considère la négociation comme une faiblesse, et l'équilibre de leur société se mesure désormais à son niveau de peur, et non à son niveau de liberté.

L'entité occupante face aux transformations géopolitiques émergentes.

Les médias ne sont plus totalement contrôlés, et le récit sioniste n'est plus monolithique. Plus de 140 pays reconnaissent aujourd'hui l'État de Palestine, et certains pays occidentaux, hésitants, commencent à s'orienter vers une reconnaissance pleine et entière, poussés par l'accumulation des preuves du déséquilibre de la justice. Dans les enceintes internationales, la question de la responsabilité pénale est soulevée non pas comme une exception, mais comme une nécessité pour rétablir l'équilibre moral du monde.

La prophétie de Michel Rocard s'est réalisée

Lorsque Michel Rocard écrivait à Sharon, il parlait en homme ayant fait l'expérience du sens de l'histoire. Il lui rappelait donc, en substance, que « quiconque utilise la force comme un instrument absolu finit par s'y retrouver piégé », et d'ajouter «Vous faites une guerre que vous ne pouvez pas gagner» Aujourd'hui, cette prophétie se réalise clairement : l'entité occupante possède l'arme, mais elle a perdu sa voix ;

Elle possède la supériorité militaire, mais elle a perdu l'opinion publique. Elle contrôle le territoire, mais elle a perdu le ciel moral qui la protège.

L'entité occupante a peut-être remporté une sorte de victoire sur ses adversaires sur le terrain, mais elle a été vaincue par son propre miroir, qui reflète désormais sa propre image répugnante, et non plus seulement celle de ses ennemis, comme par le passé récent. L'isolement, en fin de compte, ne réside pas dans la rupture des alliances, mais dans la rupture avec les valeurs qui légitiment toute existence politique…

Réflexion finale

Cette comparaison entre 2002 et 2025 n'est pas un simple exercice de mémoire. Elle sert plutôt de miroir, révélant comment un État peut posséder tous les éléments du pouvoir tout en perdant la capacité de convaincre le monde de ce qu'il considère comme une défense de l'existence.

Car, lorsque le pouvoir est utilisé à outrance, il se retourne contre son détenteur, tel un feu qui consume celui qui l'a allumé.

Par conséquent, la déclaration de Rocard, devenue une sagesse politique et humanitaire, reste valable pour tous les temps :

« La véritable paix ne se construit pas par la force des armes, mais par la force de la pensée. »

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