Débat entre Mohamed Ghannouchi et un nombre d'hommes d'affaires

Les travaux du 2ème forum économique de Tunisie, tenus les 14 et 15 novembre, ont été clôturés par un débat

qui s'est déroulé entre M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre et un nombre d'hommes d'affaires arabes et investisseurs étrangers.

Le Premier ministre a souligné, à cette occasion, que la Tunisie a mis en place une plate-forme adéquate en faveur des promoteurs, pariant ainsi sur l'investissement dans un pays qui en dépit de l'étroitesse de sa superficie, est parvenu à s'adapter aux différents changements économiques et financiers et à surmonter les difficultés de la conjoncture mondiale.

Les investisseurs ont posé des questions sur les éventuels impacts de la crise financière et de la récession économique de l'espace européen qui constitue le premier partenaire de la Tunisie et se sont enquis de l'éventuelle révision de la stratégie de développement tunisienne.

Ils ont évoqué la décision relative au maintien du taux d'intérêt sur les crédits immobiliers accordés par les banques tunisiennes et son impact possible sur la capacité de financement de ces établissements.

Les promoteurs ont en outre mis l'accent sur l'importance pour la Tunisie de dynamiser sa coopération avec le reste des pays du Maghreb afin de permettre à tous les pays de la région de tirer profit des capacités existantes en matière de croissance, évoquant notamment les opportunités importantes de coopération existant entre la Tunisie et les pays africains.

Les intervenants ont par ailleurs réitéré l'importance de la complémentarité arabe, l'ultime objectif étant de faire face aux différentes répercussions de la crise mondiale qui a secoué les grands marchés financiers mondiaux, et appelé à la réorientation des investissements arabes vers les pays arabes et la possibilité de l'établissement de banques étrangères en Tunisie, notamment islamiques.

Ils ont par ailleurs demandé des éclaircissements sur la participation éventuelle des banques tunisiennes au financement des mégaprojets.

M. Ghannouchi a souligné que la Tunisie adopte une politique basée sur la vigilance, la veille et le suivi quotidien des développements de la crise économique et ses impacts attendus, tout en prenant les dispositions nécessaires afin de réduire au maximum les retombées de la situation économique dans l'espace Européen sur le processus de développement tunisien.

Il a rappelé que l'Union européenne (UE) est le premier partenaire de la Tunisie avec un volume d'échanges estimé à 75% du total des échanges du pays.

Le premier ministre a souligné que les décisions annoncées par le chef de l'Etat à l'occasion du 21ème anniversaire du changement, visent à renforcer la compétitivité de l'entreprise, améliorer le climat des affaires, encourager l'exportation et à conquérir de nouveaux marchés, outre l'amélioration des compétences des ressources humaines.

La Tunisie, a indique encore M. Ghannouchi, a adopté une politique de développement fondée principalement sur la diversification de la base économique, seule à même de permettre d'atteindre des taux de croissance élevés, rappelant les efforts déployés pour améliorer le rendement du tourisme tunisien qui participe à hauteur de 7% au PIB.

M. Mohamed Ghannouchi a indiqué qu'un plan a été élaboré en collaboration avec le fonds arabe de développement économique et social (FADES) afin d'exploiter à bon escient les ressources disponibles dans le domaine du tourisme devant permettre de doubler les revenus touristiques sans augmenter l'investissement.

La Tunisie œuvre à développer le secteur de la santé pour occuper la position de pays exportateur de services hospitaliers ainsi que le secteur des nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC).

En abordant l'investissement dans les nouvelles technologies, le premier ministre a annoncé que la prochaine période verra le lancement de la deuxième licence de ligne fixe et l'entrée en service du téléphone mobile de troisième génération en 2010, tout en œuvrant à augmenter le débit de la connexion au réseau Internet.

Il a ajouté que la Tunisie s'emploie à développer le secteur du transport par la réalisation de plusieurs investissements importants dont la mise en place de l'aéroport international d'Enfidha et le port en eaux profondes ainsi qu'une zone logistique qui permettra de diminuer les coûts de transport et de hisser le niveau de compétitivité des produits tunisiens.

Le premier ministre a indiqué que les grands projets réalisés en Tunisie pour le cout de 50 milliards de dollars ouvrent la possibilité de participation des banques tunisiennes à hauteur de 10%.

Il a fait remarquer que sur un autre plan la Tunisie se propose de réviser la législation relative aux banques offshore de manière à polariser davantage d'investissements dans ce secteur et afin de faire de la Tunisie un pôle financier régional.

Il a ajouté que la législation organisant le secteur financier en Tunisie s'appuie sur des taux d'intérêt raisonnables, tout en veillant à faire face à toutes les formes de spéculations et dépassements en matière de transactions financières, soulignant que les taux d'intérêt élevés sont fixés par la loi et ne peuvent être dépassés par les banques.

M. Ghannouchi a souligné que la Tunisie ambitionne de renforcer ses dimensions maghrébine, arabe et africaine, et œuvre pour ce faire à multiplier les accords bilatéraux et multipartites, considérant que la complémentarité régionale est devenue une nécessité pour atteindre les objectifs fixés.

Il a affirmé que la Tunisie qui est soucieuse de développer la bourse eu égard à son rôle dans le renforcement des ressources propres des entreprises, veut également développer les investissements directs étrangers (IDE), à caractère productif et générateurs d'emploi.

Il a indiqué que les autorités sont soucieuses à ce que les développements en bourse reflètent la véritable situation des entreprises.

Concernant la fixation des taux d'intérêt des prêts immobiliers, le premier ministre a assuré que cette mesure impose aux banques de mobiliser les financements à long terme et à des taux d'intérêts fixes.

T.A.P