Démarrage ce samedi du championnat: Le football, réalisateur de l’équilibre régional

Démarrage ce samedi du championnat: Le football, réalisateur de l’équilibre régional
 
 
L’accession des équipes de football de Benguerdene, Kasserine et Sidi Bouzid à la ligue une professionnelle (L1) de football a animé la chronique et suscité des commentaires aussi haineux  que déplacés. 
 
Ceux qui ont parlé de la « revanche des régions fiefs de la révolution », ont oublié que les équipes reléguées appartiennent, elles aussi, à des régions ayant participé un tant soit peu à la dite révolution. Il s’agit de Djerba, de Gabès et de Monastir. Quoiqu’on dise de Monastir, c’est pourtant la ville qui a vu le premier citoyen (Abdessalem Trimèche) à s’immoler par le feu pour protester contre les mesures arbitraires de la municipalité dont l’un des responsables tenait à le priver de son gagne pain.
S’il peut être admis qu’il y a exclusion et marginalisation dans certains secteurs, il n’est point toléré de le dire sur le sport en général et le football en particulier. En effet, la carte géographique footballistique de Tunisie, en division nationale ou en ligue une professionnelle, qui n’a cessé d’évoluer et de changer a contenu des clubs de football de toutes les régions. Depuis la saison 1955-56, seuls cinq clubs n’ont pas quitté la division Une, devenue ligue professionnelle Une. Il s’agit du Club Africain, de l’Etoile, de l’Espérance, du CSS et du Stade Tunisien.
Au fil des soixante années passées, de nombreuses autres équipes, des quatre coins du pays, y ont défilé. Jugez par vous-même.
 
Djérissa, Metlaoui, Midoun et Korba !
La carte footballistique nous apprend que dans la région du sud-ouest, les équipes de Tozeur, Metlaoui et Gafsa ont joué en nationale et que les deux derniers cités continuent à le faire. En remontant vers le centre ouest, nous croisons Kasserine qui a déjà joué en nationale et qui y revient la saison prochaine. Sidi Bouzid y a accédé pour la première fois certes, mais Kairouan y est depuis belle lurette, a remporté un championnat et a joué au moins une finale de la coupe.
Au nord-ouest, Djérissa, le Kef, Jendouba et Béja ont joué tour à tour en nationale. Lors d’une saison assez récente, le Kef, Jendouba et Béja opéraient en même temps dans la nationale et les derbys qui les opposaient étaient des plus enflammés. Béja a eu le mérite de gagner deux coupes de Tunisie.
Sauf erreur ou omission, la région de Bizerte a donné à la nationale, mais en diverses périodes bien sur, quatre ou cinq clubs dont deux à Bizerte même (le club bizertin et le club national bizertin), deux à Menzel Bourguiba (l’Union de Ferryville et plus tard le Stade Africain de Menzel Bourguiba) et Ennadi El Ahly de Mateur.
Restons dans le nord pour aller au Cap Bon où l’on est en présence de quatre équipes qui ont « chevauché » dans la nationale. Il s’agit de Korba, Beni Khalled, Menzel Bouzelfa et Grombalia.
De là, le sahel et particulièrement Sousse n’est qu’à deux pas. Il y a certes l’Etoile, mais il y a eu aussi le Stade Soussien, la Patriote de Sousse, la Stia de Sousse, auxquels nous ajoutons Hammam Sousse, Monastir et Mahdia. La région de Sfax a présenté quatre équipes dont le CSS, le Railways, le 3 SSS et Kerkennah.
 
Les huit du Sud-Est
Quant à la région du sud-est, elle a fourni huit équipes dont deux de Gabès (le Stade et l’Avenir), une de Métouia si on admet que la Jeunesse Métouienne appartient à la région, deux de Djerba (l’ASD et Midoun, une de Médenine(Olympique), une de Zarzis et la nouvelle venue de Ben Guerdane.
Enfin, le grand Tunis qui a fourni depuis 55-56 le plus grand nombre d’équipes à la nationale, qu’elle soit amateure ou professionnelle. Il s’agit du CA, de l’EST, du Stade, de la Marsa, de Hammam-Lif, de la Goulette-Kram, de l’Ariana, de Mégrine, de Oued Ellil, du COT, des Cheminots et plus anciennement de l’U S Maghrébine, de l’UST, de l’Olympique Tunisien et du Stade populaire.
 
L’analyse de ces données dégage que :
-20 gouvernorats sur les 24 actuels ont vu une de leurs équipes accéder en nationale et ou ligue professionnelle. Les gouvernorats encore privés de ce mérite sont Siliana, Kebili, Tataouine et Zaghouan.
-22 villes ou grandes cités, autres que les chefs-lieux de gouvernorats ont fourni des équipes à la nationale ou la ligue professionnelle. Il s’agit de Menzel Bourguiba, Mateur, Djérissa, Metlaoui, Djerba Houmet Souk,  Djerba Midoun, Zarzis, Bengardane, Metouia, Kerkennah, Hammam Sousse, Korba, Beni Khalled, Menzel Bouzelfa, Grombalia, le Bardo, la Marsa, Hammam-Lif, la Goulette-Kram, Mégrine, Oued Ellil, Mellassine entre autres.
-Des équipes parrainées par des entreprises publiques : Le Club sportif des Cheminots et le Sfax Railways Sports, le Stade Sportif Sfaxien, la STIA de Sousse, le Football Cub de Djérissa.
-Les villes ou les régions à deux ou plusieurs équipes jouant ou ayant joué en division nationale en même temps ont été et ou sont particulièrement Tunis, Sousse, Sfax, Nabeul et Médenine.
-Nabeul est le seul chef-lieu de gouvernorat qui n’a pas fourni d’équipe à la nationale contrairement à sa qualité de gouvernorat.
Passées ces données, une vérité amère se dresse devant nous tous. Plusieurs  équipes accédant à la nationale ne peuvent pas y rester pour longtemps. Faute de moyens financiers et donc de performances attractives, elles se suffisent à un aller et retour entre les divisions. Le pari est donc de trouver les solutions adéquates pour financer ces équipes. L’Etat peut aider mais dans des limites tolérables parce qu’il a sur le dos les équipes des autres divisions ainsi que les autres disciplines. Reste aux citoyens, aux amoureux du football en général, aux supporters de venir en aide à leurs équipes et de leur fournir ce dont elles auront besoin.
 
Une garantie, l’abonnement
Commençons par le commencement, supporter une équipe suppose de lui procurer de l’argent, à travers un abonnement annuel qui offre au supporter la possibilité d’assister à tous les matches de l’équipe et fournit à celle-ci des ressources fixes. Toutes les entrées doivent être payantes. Aux hommes d’affaires des régions et villes concernées et autres entreprises de proximité de financer des campagnes de publicité, de prendre en charge certaines obligations de l’équipe et pourquoi pas établir des partenariats devant être bénéfiques pour les deux parties.
On peut y ajouter de transformer ces équipes en sociétés anonymes donc pouvant investir, contracter des prêts, lancer des idées de promotion pouvant rapporter de l’argent. L’équipe peut organiser son propre jeu de pronostics, non seulement sur toute la durée d’un match mais aussi sur des fractions de temps, sur le nombre de buts par exemple et autres sujets de concours et de paris. L’équipe peut aussi investir dans la formation de joueurs de tous âges qu’elle cèdera le temps venu contre des sommes rémunératrices. Une dernière recommandation à l’adresse des grands clubs nantis: n’enflammez pas les prix !
 
Mohamed Laroussi Ben Salah