"Discrimination" dans le football français: Le dérapage de trop !
Les déclarations fracassantes du président de la Fédération française de football Noël Le Graët sur la légende du ballon rond Zinedine Zidane ont ouvert une nouvelle fois la polémique sur l’existence d’une discrimination raciale dans le football français.
La fiction selon laquelle l’origine ou la race des sportifs n’a pas d’influence sur le traitement qui leur est consacré ou sur leur statut au sein des équipes ne tient pas toujours la route. Car de fait, elles le sont, et le plus souvent sur le mode de la domination, de la mise à distance et de la discrimination et du racisme plus ou moins feutrés.
Par intermittence, la porte du placard s’entrouvre fugacement et laisse voir l’ordinaire du traitement des minorités.
Ainsi après l’affaire de la mise à l’écart du joueur Karim Benzema de la récente coupe du monde du Qatar, par l’entraîneur Didier Deschamps qui ne l’a jamais porté dans son cœur, voilà que le président du football français dévoile sa face cachée en s’attaquant au meilleur footballeur de l’histoire de son pays.
Gratuitement, Noël Le Graët s’est acharné sur Zinedine Zidane lors d’un entretien qui suscite la polémique. Interrogé dimanche par RMC Sport sur la situation de Zidane, il a indiqué que l'ancien entraîneur du Real Madrid n'a jamais été envisagé pour remplacer Didier Deschamps.
Le président de la Fédération française de football s'est montré par la suite très dur au moment de répondre sur l'avenir de “Zizou”, annoncé sur les tablettes de la Fédération brésilienne de football dans le cadre de la succession de Titre sur le banc de la Seleçao. “Je n'en ai rien à secouer, il peut aller où il veut avant d’enfoncer encore plus le clou en ajoutant ; « Zinedine Zidane je ne l'aurais même pas pris au téléphone » !
Ces folles positions du président du football français ont suscité une grande polémique dans le monde du football. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a dénoncé “un manque de respect honteux” et a demandé des “excuses” à l'homme de 81 ans. “Déclarations à nouveau hors sol avec en prime cette fois un manque de respect honteux, qui nous heurte tous, à une légende du foot et du sport : un ‘président' de la première fédération sportive de France ne devrait pas dire ça. Des excuses pour ce mot de trop sur Z. Zidane svp.”, a-t-elle écrit dans un tweet.
Le meilleur buteur du dernier Mondial et joueur le plus emblématique de l'équipe de France, l'attaquant du PSG Kylian Mbappé n’a pas tardé lui aussi à prendre position publiquement à l'encontre du président de la FFF et à le recadrer sèchement, en écrivant :"Zidane c’est la France, on ne manque pas de respect à la légende comme ça."
Plusieurs hommes politiques et sportifs se sont relayés par la suite pour dénoncer les propos incroyables du président de la FFF.
Face à la tournure grave des événements, ce dernier a fini par présenter ce lundi ses « excuses » à la légende du ballon rond. Dans un communiqué adressé à l’Agence France-Presse, le président de la Fédération française de football a concédé avoir tenu des « propos maladroits ». « Je tiens à présenter mes excuses pour ces propos qui ne reflètent absolument pas ma pensée ni ma considération pour le joueur qu'il était et l'entraîneur qu'il est devenu », a affirmé le patron du football français au lendemain du scandale.
Néanmoins, malgré ces excuses, cette affaire a prouvé que le talent et les performances ne sont pas les seuls critères de réussite dans le football français, car "l’origine" constitue jusqu’à présent des paramètres discriminatoires même si on s'appelle Zidane ou Mbappé.
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