Dix ans après, la Culture toujours orpheline...

Dix ans après, la Culture toujours orpheline...

Dix ans après la révolution, la culture n'a toujours pas été révolutionnée!

Déjà Ben Ali, l'homme aux multiples "doctorats honoriscosa", a rattaché la culture au divertissement. Pour réaliser ce "coup de génie et faire de la Tunisie la risée du "monde cultivé", il a nommé comme ministre de tutelle le sombre sociologue Abdelbaki Hermassi.

Toutefois, et depuis l'avènement du changement du « 7 novembre », aucun changement n'a touché la culture, toujours exploitée pour des fins politiques. Ainsi, le pouvoir a mis en exergue les opportunistes du secteur et les "béni oui oui".

Aujourd'hui, il y a une unanimité sur le fait que les "affaires culturelles " ont besoin d'un ministre porteur d'une politique du changement d'autant plus que les gouvernements n'ont jamais eu de politique culturelle.

 En fait, concernant la culture, tout le monde fait semblant d'y croire, sans plus.

Pour preuve, la dernière fois que le chef du gouvernement a évoqué la culture c'est pour dire "qu'on en a besoin pour divertir les citoyens en période de confinement"!

Pour preuve, la Loi de finances récemment adoptée ne prévoit rien pour la culture, sauf une réduction d'un budget déjà minable, pour financer "les "affaires courantes " au lieu de promouvoir les "affaires culturelles".

Pour preuve aussi, le chef du gouvernement, et avant même la prise de fonction de son gouvernement, n'a pas réussi à imposer le remplacement du ministre de la culture proposé, récalcitrant, que lui a imposé son mentor, le Chef de l'Etat.

De même, il n'a pas daigné le remplacer après l'avoir limoger. Là aussi ça veut tout dire.

 Il ne suffit pas d'annoncer des mesurettes pour prétendre avoir une politique culturelle. Il ne suffit pas de faire du saupoudrage, de secourir des artistes affamés, révoltés ou agonisants, de subventionner des projets et des festivals pour prétendre avoir fait le nécessaire pour la culture.

 Il ne suffit pas d'annoncer qu'il faut miser sur la culture pour combattre le terrorisme pour paraître y croire. Il ne suffit pas d'assister à quelques événements culturels et faire semblant de s'y intéresser pour paraître crédible.

Depuis dix ans, on n'a vu aucun parti politique au pouvoir agir pour réaliser le "projet culturel" concocté et annoncé lors de la campagne électorale.

Depuis dix ans, on n'a vu aucun parti opposant défendre la culture comme il se doit à l'exception de celui de l'Union populaire républicaine  du Dr Lotfi M'raihi -encore lui- qui a appelé à "mettre la Culture au cœur du projet".

 D'ailleurs, je défie le chef du gouvernement et son Président de pouvoir nous exposer leur politique culturelle ou un même leur projet pour le domaine.

Depuis feu Chedly Klibi, aucun ministre de la culture n'a réussi des projets selon une politique culturelle.

Ainsi, a-t-il réussi à laisser une empreinte, des structures et un héritage.

Depuis, le secteur a "avancé à reculons", même si de temps à autre un coup de fraîcheur et un semblant de lifting apparaît à l'instar de la période où Bechir Ben Slama, soutenu par Mohamed Mzali alors Premier Ministre, fut chargé du ministère de tutelle.

Après la révolution on a cru vainement en un changement radical dans la gestion des affaires culturelles, en vain.

Bien au contraire, l'enlisement s'est accentué. A chaque remaniement, on s'attend à l'apparition de l'oiseau rare qui va faire renaître "le phénix de ses cendres", en vain.

Après la révolution, Mehdi Mabrouk, alors ministre de la culture, particulièrement petit pour le poste, "a réussi" un coup de génie. Il a réussi à réduire le budget de son ministère!

Youssef Chahed, par la suite lors de sa campagne électorale alors qu’il était chef du gouvernement, a réussi un coup de bluff.

Il a promis d'élever le budget de la culture à 1% du budget de l'Etat. Ce n'était qu'une promesse, sans suite.

En fait, on peut dire en somme que contre toute attente, la Culture a sombré en une décennie et on s'étonne de l'inflation du terrorisme, du vandalisme et de l'incivilité au sein d'une société, qui s'est avérée, majoritairement inculte.

Tant qu'on ne sait pas miser sur la culture et la doter d'un budget conséquent et de gens compétents, prétendre vouloir intégrer la modernité est de l'arrogance, sans plus. Cultiver un peuple est un vaste programme. Le réaliser demande de la persévérance et de l'endurance mais d'abord, il faut mettre la culture au-dessus de la mêlée politique.

Par conséquent, il faut que les gens du métier se comportent de manière digne et pour certains, cesser de courber l'échine. "L'homme de culture", comme l'artiste, doit être "l'homme de tout le monde et l'homme de personne ". C'est une question de déontologie.

Seulement, toujours faut-il avoir le sens de l'honneur.

Le pays incapable de produire de la richesse, où les pénuries sont de plus en plus courantes, est aussi dans l'incapacité de produire de la culture.

En la matière, la production est plombée.

Le ministère de tutelle n'est en réalité que celui des festivals, et ça ne date pas d'aujourd'hui.

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