Dix ans après, où en sont les pays qui ont connu un "printemps arabe" ?

Dix ans après, où en sont les pays qui ont connu un "printemps arabe" ?

Un article  signé Elise Lambert et mis en ligne ce mercredi 10 février 2021 dans le site de France Télévisions, jette la lumière sur la situation des pays qui, il y a dix ans avaient connu « une série de soulèvements populaires » ayant abouti à la chute des régimes en place, excepté la Syrie.

« Dégage ! » Il y a dix ans, une série de soulèvements populaires éclataient dans les pays arabes au sud et à l'est de la Méditerranée. En Tunisie, en Egypte, en Libye, en Syrie ou au Yémen, les manifestants ont envahi les rues et la toile pour demander la chute de régimes dictatoriaux ou autoritaires installés depuis des décennies. Sous le slogan "le peuple veut la chute du régime", ils exigeaient l'instauration de la démocratie, la justice sociale, la dignité, face à la corruption, aux inégalités et à la répression.

Aujourd'hui, les espoirs portés par ces révoltes – baptisées "printemps arabes" par les médias occidentaux en référence aux "printemps des peuples" en Europe en 1848 – sont largement déchus. En Tunisie, en Libye et en Egypte, les protestations ont conduit à la chute historique de leurs dictateurs, mais seule la Tunisie a connu, à ce jour, une transition démocratique.

En Libye, l'Etat s'est effondré, laissant place à une situation de chaos entre groupes rivaux. En Egypte, une contre-révolution et un coup d'Etat ont permis au maréchal Al-Sissi de prendre la tête du pays. Dans d'autres pays comme la Syrie et le Yémen, les guerres ont reconfiguré la région et provoqué des centaines de milliers de morts et l'exil de millions de réfugiés.

Les revendications de départ. Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, un marchand de fruits ambulant, se suicide par le feu à Sidi Bouzid pour protester contre la saisie de sa marchandise par la police. Des manifestations s'organisent dans plusieurs villes pour demander la "dignité", dénoncer le chômage, le coût de la vie, les inégalités sociales, économiques et territoriales. "Le chômage oscille à ce moment entre 15 et 20%, et s'élève à 30% parmi les diplômés", précise Kmar Bendana, historienne tunisienne. 

Le président Zine El-Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, est accusé de corruption, de népotisme et de violations des droits de l'homme. Le 14 janvier 2011, il fuit avec sa famille en Arabie saoudite. En octobre, le pays élit pour la première fois librement son Assemblée constituante, le parti islamiste Ennahda obtient la majorité. Une nouvelle Constitution est écrite. En 2019, Zine El-Abidine Ben Ali meurt en exil en Arabie saoudite.

La situation actuelle. Malgré les avancées institutionnelles, la crise économique "est plus forte qu'en 2010, assure Kmar Bendana. Les prix, l’inflation, la dévalorisation du dinar, le taux de chômage, la gestion des déchets, le système de santé, ont empiré." En dix ans, la Tunisie a eu neuf exécutifs, dont certains n'ont tenu que quelques mois, empêchant toute réforme de fond pour relancer une économie en difficulté. 

La vague terroriste islamiste de 2015 a également affaibli le secteur du tourisme, essentiel pour l’économie tunisienne. La contestation continue épisodiquement dans plusieurs villes. Début 2016, une vague de contestation débute après le décès d'un jeune chômeur, électrocuté alors qu'il protestait contre son retrait d'une liste d'embauche. Début 2018, le pays est touché par un mouvement de contestation exacerbé par l'entrée en vigueur d'un budget d'austérité. Selon un sondage publié à l'occasion des dix ans de la révolte, 67 % des Tunisiens estiment que la situation est plus mauvaise qu’en 2010, relève la radio tunisienne Mosaïque FM.

Lire la suite : https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/tunisie/tunisie-egypte-libye-d...

Votre commentaire