Dr Korchane Mzah Nadia: "Il est temps de mettre fin à l'usage abusif des lentilles de contact"

 Dr Korchane Mzah Nadia: "Il est temps de mettre fin à l'usage abusif des lentilles de contact"
 
L'Astoc, association tunisienne des ophtalmologistes contactologues, est une nouvelle association sous-spécialisée, la 1ère du genre, différente de celles s'activant dans les spécialités médicales, et qui vise à sensibiliser aussi bien les praticiens que les citoyens sur les dangers de l'usage abusif des lentilles de contact. 
 
Et dans ce but, cette association organise le samedi 24 courant, au Sheraton, la première journée scientifique en ophtalmologie-contactologie, avec une matinée consacrée à la formation théorique et une après-midi réservée aux ateliers pratiques.
 
Pour en savoir plus sur cette jeune association et ses objectifs, nous avons contacté sa présidente qui nous a donné les éclaircissements nécessaires autour de l'Astoc et de cette première activité.
 
Présentez-nous l'Astoc sous ses différents aspects ?
 
L'Association tunisienne des ophtalmologistes-contactologues est la première sous-association en Tunisie, (différente des autres associations spécialisées) nouvellement créée suite à la demande expresse de nombreux ophtalmologues qui ont fait un constat alarmant sur la recrudescence de maladies graves liées au mauvais usage des lentilles de contact provoquant autre autres des problèmes de cécité.
 
Les personnes utilisant ces lentilles étant très mal informées, elles en font un usage démesuré aux conséquences dramatiques, et la contactologie étant une science à part, nous avons cru urgent et utile de créer cette association afin d'intervenir à différents niveaux pour limiter les dégâts liés à cet usage. 
 
Nous visons entre autres à élaborer une législation propre sur ce genre d'usage et de pratiques qui touchent la santé du citoyen, à élargir l'information sur les dangers de ces pratiques contraires à la déontologie et par conséquent au bon usage des lentilles de contact pour éviter ces retombées très négatives sur la santé du citoyen, s'agissant de la vision évidemment.
 
Et comme il existe une homologue à notre association en France, nous avons jugé utile de créer la nôtre afin d'éviter ces déplacements en France pour suivre les développements dans ce genre de domaine ou au niveau de la formation.
 
Cette journée scientifique, qui sera organisée samedi prochain, est l'occasion d'inviter des spécialistes étrangers, mais aussi tunisiens, pour intervenir dans des thèmes précis et de dispenser une certaine formation à nos ophtalmologistes autour de la contactologie.
 
Sur un autre plan, notre association fut lancée au mois de février 2015 et l'on a obtenu notre visa que très difficilement, en fin juin, bien qu'il s'agisse d'une association scientifique.  
 
Cette journée étant réservée aux scientifiques, avez-vous pensé aux moyens de  sensibiliser le public à ce sujet ?
 
Bien sûr, c'est l'une de nos priorités, et nous pensons, nous membres de cette association qui sommes très motivés, à monter un plan de communication global visant tous les citoyens, et particulièrement les jeunes ou les jeunes adultes qui sont les plus portés sur l'usage des lentilles de contact, couleur et autres. 
 
Nous comptons lancer une campagne audio-visuelle en premier, avec des spots télé par exemple, et nous élargirons cette campagne dès que nous aurons une contribution effective de la part de quelques parties, s'agissant d'un soutien matériel qui nous aiderait dans cette campagne de sensibilisation.
 
Il s'agit pour nous d'arrêter le fléau de l'usage abusif des lentilles de contact par une large prévention contre ses conséquences graves, sachant que des lentilles achetées à 10 dinars chez un opticien, pour des raisons économiques, sans avis médical et sur la base d'une ordonnance pour des lunettes de vue peut provoquer, à titre indicatif, un abcès sous lentilles dont le traitement coûte pas moins de 20 mille dinars et parfois à l'étranger. 
 
Une autre pratique courante chez ces jeunes, c'est de se prêter mutuellement les lentilles et c'est très grave, ou se baigner avec, en mer ou dans les piscines, ce qui peut provoquer des lésions ou des irritations graves, les anhydres contenus dans ces eaux étant à l'origine de la plupart des accidents ophtalmologiques liés aux lentilles.
 
Je ne cesse de rappeler le cas de cette jeune fille de Sfax, âgée de 18 ans, qui a perdu la vue le jour de ses fiançailles suite à l'utilisation de lentilles qu'elle a louées à l'heure. C'est dire combien les gens restent inconscients dans l'usage rigoureux et scientifique des lentilles de contact.
 
Donc, nous tenons à ce que le large public prenne conscience de leur bon usage et des dangers encourus dans le cas contraire.
 
Quelles sont les parties impliquées dans ce projet et lors de cette journée scientifique ?  
 
Bien sûr, cette journée est adressée en premier lieu aux spécialistes tunisiens dont quelques-uns présenteront des communications, celles-ci s'étalant sur trois sessions et seront au nombre de 18 au total, où la participation des ophtalmologues tunisiens de renom sera de l'ordre des deux tiers, le reste étant dispensé par de grands noms venus de France et par des compatriotes algériens.
 
L'après-midi, ce sont quatre ateliers qui seront organisés au profit des nombreux présents. Pour le reste de nos activités, ce sont bien sûr les ophtalmologistes contactologues qui sont les premiers impliqués, mais aussi les médecins ophtalmologistes, car la nature de notre travail et de notre mission exige une collaboration étroite entre nous et ces derniers afin d'être proche du patient et du public pour un usage sain des lentilles de contact.
Propos recueillis par J. B. A.