Ennahdha se méfie d’ « Etaghaoul de Nidaa » !

Ennahdha se méfie d’ « Etaghaoul de Nidaa » !


Les accusations lancées par les sympathisants de Nidaa Tounes à Ennahdha après la sortie des résultats des élections Présidentielles et les appels à refuser toute éventualité de partage de pouvoir avec le parti islamiste ont été très mal perçus du côté de Montplaisir.

La tension est encore montée le mardi soir après l’arrivée de l’information relative à la décision prise  lors de la journée parlementaire de Nidaa disant que ce parti va présenter un candidat à la présidence du Parlement en la personne de Mohamed Ennaceur.

Cette éventualité a été considérée par certains Nahdhaouis, parmi les opposants ou parmi les sceptiques à toute éventualité de rapprochement ou d’alliance avec Nidaa, comme une preuve des intentions de « Etaghaoual » du parti d’Essebssi qui veut accaparer tous les pouvoirs.

Des voix se sont élevées au sein du parti islamiste pour rappeler qu’Ennahdha n’a pas hésité à  partager les pouvoir avec le CPR et Ettakatol lorsqu’elle a gagné les élections de 2011.

Cette tournure rapide des événements a mis tous les Nahdhaouis modérés dans de mauvais draps, puisque le clan dur leur a reproché leurs positions par rapport à Nidaa Tounes estimant que les figures de gauche de ce parti guidées par Taïeb Baccouche ne sont pas dignes de confiance et demeureront toujours pour l’exclusion des islamistes de la vie politique.

Il semblerait même que les leaders historiques d’Ennahdha, à l’instar de Rached Ghannouchi et Abdelafatah Mourou, qui ont toujours été contre l’exclusion et qui sont pour le dialogue avec toutes les fractions du paysage politique tunisien, ont été considérés comme responsables de cette situation.

Lors de leurs discussions, les Nahdhaouis se sont déclarés choqués par l’attitude de certains cadres de Nidaa et par leurs offenses.Ils ont estimé qu’Essebssi a demandé à Ghannouchi de garantir la neutralité de son parti dans les élections, ajoutant qu’Ennahdha a respecté son engagement, précisant toutefois qu’elle ne pouvait pas contraindre ses militants à ne pas voter Marzouki.
   
Une source au sein de ce parti nous a rapporté dans ce sens que si Ennahdha a décidé de soutenir officiellement Marzouki, ce dernier aurait gagné dès le premier tour : « On a honoré nos engagements. On n’a pas mis les moyens du parti à la disposition de Marzouki et les membres de notre bureau politique se sont même déplacés dans les régions pour appeler d’appliquer la décision de la neutralité.

Néanmoins on pouvait pas les forcer à voter pour un candidat et pas pour un autre. D’ailleurs le fait que 70% seulement de nos militants se soient déplacés aux urnes et qu’ils n’aient pas tous voté pour Marzouki prouve qu’il y a eu une certaine démobilisation au sein de nos militants. Alors que chacun assume ses responsabilités et se remette en question pour connaître les vraies raisons de ses résultats, sans impliquer Ennahdha.»

Notre interlocuteur a indiqué que son parti a essayé de ne pas se mêler de cette course vers Carthage. C’est pour cela qu’il a préféré éviter de prendre position contre certaines déclarations choquantes des deux camps, incitant à la division ou prouvant un esprit dictatorial, alors que dans une période il aurait dénoncé ces attitudes.   

Dans le camp nahdhaoui, on a aussi indiqué que le parti n’a rien demandé, mais qu’il réagira avec responsabilité dans l’intérêt du pays.