Entre Nicolas Sarkozy et Mohsen Marzouk, que de ressemblances !

Entre Nicolas Sarkozy et Mohsen Marzouk, que de ressemblances !

 

Le secrétaire général de Nida Tounes Mohsen Marzouk reçoit, ce lundi 20 juillet, l’ancien président français Nicolas Sarkozy, en visite en Tunisie pour trois jours où il rencontrera le chef de l’Etat Béji Caid Essebsi, le président de l’ARP Mohamed Ennaceur et le chef du gouvernement Habib Essid. Sarkozy qui préside le principal parti d’opposition en France, « les Républicains », l’ancien UMP, coprésidera avec Mohsen Marzouk une réunion des cadres des deux partis, prévue aujourd’hui à 18h00 à l’hôtel résidence de Gammarth. Un véritable baptême de feu pour le nouveau secrétaire général du Nida qui profitera de l’absence de Mohamed Ennaceur en mission à Londres, pour faire étalage de son savoir faire politique devant celui à qui on a tendance à le comparer.

Marzouk, le Sarkozy tunisien, un qualificatif qui ne lui déplairait pas. Il partage avec l’ancien président français beaucoup de qualités comme l’ambition et le rêve présidentiel, mais des défauts aussi comme l’orgueil. On dit en France que Sarkozy « a les qualités de ses défauts ». Depuis son retour en politique « il a progressé dans ses qualités, il a progressé dans ses défauts ». 

Tout comme lui, Mohsen Marzouk rêve de faire de son parti une véritable machine à gagner, une formation qui lui est totalement dévouée, avec « une armée de mousquetaires » pour le soutenir et le défendre. Il a, également, pour lui la volonté, une qualité sans laquelle, on ne pourrait pas réussir ni en politique ni dans la vie. Il voulait avoir le parti et il y est parvenu.

Jouer dans la cour des grands

Sarkozy, qu’on disait politiquement mort après son échec à l’élection présidentielle en 2012, a bien préparé son retour pour s’emparer de l’UMP qu’il transforma en « Républicains », au nez et à la barbe de deux poids lourds Alain Juppé et François Fillon, grâce à ses nombreux réseaux essaimés dans tous les secteurs, notamment dans les affaires et les médias et  une proximité avec les journalistes. Partout où il se rend, il est toujours reçu en tant que chef d’Etat. Et c’est ce que, précisément, Mohsen Marzouk essaie d’imiter. Accompagnant le Président Béji caid Essebsi dans toutes ses visites à l’étranger, il a rencontré beaucoup de grands du monde, Barack Obama, François Hollande, Angela Meckel…Faisant de l’ombre au ministre des Affaires étrangères Taieb Baccouche, il a signé à Washington, devant les caméras du monde entier, le fameux mémorandum avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry et a été reçu par le ministre russe  des Affaires étrangères Serguei Lavrov à Moscou. Les opportunités ne manquent pas pour lui afin de soigner  son image d’homme politique « costaud » et lui permettre de jouer dans la cour des grands.

 Tous les deux aiment l’Amérique et entretiennent de bons rapports avec Qatar.

Ils "agacent et énervent"

« Peu importe qu'il agace ou énerve, voire révulse », dit-on en France de Nicolas Sarkozy. « Les Français ont un temps apprécié le Nicolas Sarkozy s'exprimant comme eux, maniant très mal la langue française, vulgaire et parfois grossier, mais du coup direct et apparaissant comme connecté aux réalités ».

Marzouk, aussi agace jusqu’à son entourage au palais de Carthage ou au parti. Il distille, parfois des phrases qui choquent, genre « nous allons fournir à chaque citoyen une pioche et une pelle pour chercher le pétrole ». Mais il n’en a cure et il s’en balance ! Tous les deux n’ont pas de complexes et n’oublient pas leurs amis. Une qualité qui pourrait se transformer en défaut quand il s’agit de les placer dans des postes, indépendamment de leurs qualités intrinsèques. Marzouk tisse, comme une toile, ses réseaux, sans se soucier des critiques ni des remarques même au sein de son parti. On le dit « exclusionniste », il se dit « néobourguibiste qui regarde vers l’avenir » et se targue d’être le continuateur du père de l’indépendance. Il n’a  pas des gants quand il déclare vouloir s’inspirer d’une étude réalisée du temps de Ben Ali sur « la Tunisie en l’an 2030 » qui devra être actualisée pour servir comme document de base.

Il « a tué » le père et le frère aîné

Ce parallèle entre l’ancien président français Nicolas Sarkozy et « l’étoile montante » de Nida Tounes, voire de la scène politique nationale, ne se veut nullement exhaustive. D’autres ressemblances existent encore...

Mais à chacun les défauts de la politique de son pays. Sarkozy a tué le père Jacques Chirac qui l’a pris sous sa tutelle alors qu’il était jeune dirigeant de la jeunesse gaulliste, et le frère aîné Alain Juppé dont il a été secrétaire d’Etat sous le gouvernement  de cohabitation Chirac-Mitterand…Mohsen Marzouk, poulain incontesté de Béji Caid Essebsi, l’imitera-t-il en tuant le père, l’oncle et le frère. Où son ambition aura des limites ?

L’avenir nous le dira…

Brahim OUESLATI