Filières djihadistes, ça n’avance pas
Une année après sa création, la commission d’enquête parlementaire sur les filières djihadistes n’arrive pas encore à faire la lumière sur cette situation, en raison de plusieurs blocages, y compris à l’intérieur de la commission même. Hier, elle a auditionné le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, Sabri Bachtobji. Ce dernier a mis l'accent sur l'importance des actions communes des différentes parties prenantes dans le dossier des réseaux d'enrôlement des Tunisiens pour rallier les zones de tension et de guerre « afin d'obtenir des renseignements permettant de dévoiler la vérité sur ce dossier et demander des comptes aux responsable de ses réseaux ».
Sabri Bachtobji a souligné lors de son audition, mercredi 28 mars 2018, par la commission d'enquête parlementaire sur ces filières, la disposition de son département à examiner les formes possibles de collecte de renseignements auprès des parties responsables étrangères, à l'instar des résultats des enquêtes avec 43 détenus dans les prisons syriennes et 12 autres dans les prisons irakiennes, dont 5 condamnés à mort.
« La commission d'enquête peut prendre connaissance de ses renseignements si les autorités officielles tunisiennes les obtiennent de leurs homologues des pays concernés, notamment la Syrie, l'Irak, la Libye et l'Union Européenne, afin de l'aider à mener à bien sa mission d'investigations dans ce dossier », a-t-il indiqué.
Il a précisé, en outre, que les renseignements sur le nombre des personnes ayant rejoint les zones de tension, combattu dans des zones de guerre et ceux qui ont regagné le pays ou ayant été contraints de rester dans ces zones sont généralement en possession des services de sécurité du ministère de l'intérieur. Le secrétaire d'Etat a averti, à cet égard, sur les retombées des déclarations officielles concernant les chiffres (de personnes embrigadées) sur l'image du pays, sur le tourisme et sur l'investissement.
De son côté, la présidente de la commission, Hela Omrane a déclaré que l'audition du secrétaire d'Etat aux affaires étrangères a pour but d'obtenir des renseignements officielles sur le nombre des Tunisiens ayant rejoint les zones de conflit et le traitement par le ministère de ce dossier des filières d'enrôlement.
« Il est clair selon les réponses du secrétaire d'Etat et des membres de sa délégation que le ministère des affaires étrangères n'a pas accordé une grande importance à ce dossier », a estimé Hela Omrane. Elle a souligné que ce dossier a été traité occasionnellement comme un dossier ordinaire de Tunisiens à l'étranger et n'a pas mis en place une structure chargée du dossier d'enrôlement pour le gérer sérieusement malgré ses répercussions et ses dangers sur les relations extérieures de l'Etat tunisien et sur la sécurité et l'intégrité du pays ».
Au sujet de la proposition de la commission de mettre ne place un lien officiel de contact du ministère des affaires étrangères avec les pays concernés par la présence de Tunisiens dans les zones de conflits, la présidente de la commission a fait remarquer que la délégation ministérielle « n'a pas pleinement adhéré à cette requête et a demandé d'approfondir la discussion à ce sujet ».
« La commission cherche à collecter, par le biais de ces auditions qui se poursuivront, le plus grand nombre possible de renseignements sur les filières d'enrôlement des Tunisiens dans les zones de tension et faire des recoupements pour éclairer l'opinion publique et dévoiler les parties et organisations impliquées dans ce dossier ainsi qu'à connaitre les raisons et le climat politique qui ont favorisé le départ des Tunisiens à ces zones de conflit avant l'élaboration d'un rapport qui sera soumis à une plénière de l'Assemblée des Représentants du Peuple », a-t-elle précisé.
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