Ga za 2023: L’acte de décès officiel du droit international humanitaire
Par Mahjoub Lotfi Belhedi, Spécialiste en réflexion stratégique
Par analogie au contour conceptuel de la géopolitique comme étant « L’étude de l’Etat en tant qu’organisme vivant disposant d’une dimension spatiale et soumis à des cycles de vie déterminant ses variations frontières », les relations internationales en général et le droit international humanitaire (DIH) en particulier ne dérogent pas de cette dynamique spatio-temporelle mais à quelques nuances près…
- En phase de naissance :
Les premiers signes de vie d’un « Droit de la Guerre » plus connu sous l’appellation du Droit International Humanitaire (DIH) viable et universel furent initiés par l’humaniste suisse « Henri Dunand » dans son ouvrage « Les souvenirs de solférino » en 1862, contribuant un an après à la création du « Comité International de la Croix-Rouge » (le CICR), puis à l’émergence d’un vaste réseau humanitaire baptisé « le Mouvement international de la croix-rouge et du croissant-rouge » visant à prévenir et atténuer les souffrances humaines en temps de guerre et dans les situations d’urgence...
- En phase de croissance :
Après une longue et pénible phase de troubles convulsifs, le DIH a pris son habillage identitaire via l’élaboration et l’adoption des quatre conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels de 1977 qui renferment les règles essentielles fixant les limites de la barbarie de la guerre en protégeant les personnes qui ne participent pas aux hostilités ( les civils, les corps médicaux, les organisations humanitaires etc.)…
A contre courant de cette vague humanitaire déferlante, les principaux gagnants de la seconde guerre mondiale ont mis en place des modes de gouvernance onusiens qui préservent leurs suprématies par voie d’instauration d’un droit de véto au sein du conseil de sécurité. De facto, la dénonciation d’un « crime contre l’humanité » est laissée à la libre appréciation discrétionnaire de tel ou tel membre permanent et le rôle à jouer par le « Mouvement international de la croix-rouge et du croissant rouge » s’est terriblement réduit à des simples actions de type funéraire…
- En phase de déclin :
Les bombes et missiles larguées sur des sites civils depuis la guerre de la Corée en 1950 jusqu’à aujourd’hui dépassent de loin, en termes d’impact destructeur, les dégâts et les pertes civiles perpétrées au cours des deux guerres mondiales.
De surcroît, les crimes de guerres commises en Irak, au Liban et en territoires palestiniens occupés échappent des radars sélectifs et discriminatoires de la Cour Pénale Internationale (CPI)…
In fine, le génocide en cours à Gaza au su et au vu de tout le monde signe l’acte de décès officiel du DIH et valide la thèse effrayante du philosophe Thomas Hobbes que « l’homme est un loup pour l’homme » !
Votre commentaire