Guerre contre le Coronavirus : Bisbilles à la tête de l’Etat, ce n’est vraiment pas le moment

Guerre contre le Coronavirus : Bisbilles à la tête de l’Etat, ce n’est vraiment pas le moment

 

Alors que les Tunisiens s’attendent à une union sacrée pour vaincre le Coronavirus, cet ennemi invisible qui représente une menace non pour notre pays mais pour le genre humain dans son ensemble que voit-on au juste ?

Le président de la République Kaïs Saïed jusque-là aux abonnés absents reçoit le chef du gouvernement Elyès Fakhfakh pour examiner avec lui les mesures prises pour lutter contre le Coronavirus, l’évaluation de leur efficacité et le degré de conscience des citoyens en ce qui concerne la sensibilité du moment.

Etait-ce une manière de dire que les mesures annoncées par Elyès Fakhfakh n’étaient pas efficaces ? On peut le craindre. Mais pas que cela. Il transparaît du reste du communiqué de la présidence qu’il s’agit plutôt de conflit de compétences. Il est dit en effet, dans le même communiqué qu’au cours de la rencontre « a été soulignée la nécessité de la complémentarité de l’action des institutions de l’Etat au service des citoyens dans le respect de chaque institution de ses attributions sans interférence ni conflit et ni spéculations politiques ».

A l’évidence le chef de l’Etat se montre ulcéré, et le terme est faible, par les initiatives prises par le président de l’ARP -l’autre président- qui a convoqué une réunion des présidents des groupes parlementaires, laquelle s’est permise de faire non seulement des recommandations à l’Exécutif mais aussi des remontrances en estimant que le gouvernement n’est pas allé aussi loin qu’il le fallait, en n’imposant pas une fermeture hermétique des frontières par air, mer et terre.

En tant que « centre du pouvoir » l’ARP n’est-elle pas dans son droit dans le cadre de ses attributions de « contrôle » du gouvernement de faire des observations et de d’appeler à des mesures plus fortes pour lutter contre un danger aussi grave que la propagation d’une épidémie mortelle.

C’est pour montrer sa mauvaise humeur et celle du locataire de Cartahge que le chef du gouvernement Elyès Fakhfakh a fait faux bond au Parlement ce mardi en ne venant pas à la réunion qu’il devait avoir avec le président  de l'ARP, Rached Ghannouchi et les membres du bureau de l'Assemblée, laquelle devait être consacrée à la lutte contre le Coronavirus.

La veille Fakhfakh est apparu à la télévision à une heure indue (21h40) pour annoncer un second train de mesures. Une annonce qui aurait pu prendre la forme d’un communiqué de presse tant y manque l’essentiel, à savoir des décisions destinées à venir en aide aux entreprises et aux acteurs économiques ainsi qu’à toutes les personnes qui seraient touchées de près ou de loin par les effets des mesures prises pour arrêter la propagation du Coronavirus.

En laisse-t-il le soin au président de la République qui doit prendre la parole dans les prochaines heures. Une intervention fortement attendue dont on ne sait pas si elle va être focalisée sur des mesures autrement plus fortes ou si elle va être conforme à l’art oratoire de forme abstraire auquel Kaïs Saïed nous a accoutumé jusqu’ici.

Sans conteste, des bisbilles opposent les plus hautes autorités de l’Etat à un moment où on a besoin d’une union sacrée pour porter l’estocade à un ennemi invisible qui nous nargue tous. La cohésion doit être de mise. Elle est d’ailleurs la base d’une solidarité nationale indispensable en ce moment historique.

Il faut espérer que ces querelles qui n’ont pas raison d’être seront mises entre parenthèses. Ce n’est vraiment pas le moment.

RBR

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