Il est temps de revenir aux fondamentaux de la diplomatie tunisienne avec nos voisins maghrébins

Il est temps de revenir aux fondamentaux de la diplomatie tunisienne avec nos voisins maghrébins

Le véritable défi auquel est confrontée la région de grand Maghreb, riche en pétrole, en gaz, en produits agricoles et en tourisme, est de s'intégrer plus pleinement et plus rapidement dans les flux commerciaux internationaux. 

Malheureusement, l’ère post révolution a remis en question la sérénité de nos relations avec nos voisins maghrébins en permettant la déstabilisation de la Libye qui a fini par faire régner le chaos dans ce pays voisin et aujourd’hui la tension ne retombe pas entre la Tunisie et le Maroc.

Il est grand temps de revenir aux fondamentaux de la diplomatie tunisienne notamment la neutralité positive vis-à-vis des différends régionaux et internationaux et l’adhésion à la légalité internationale, sans lesquels la crise que traverse la Tunisie risque de s’aggraver et pourrait même devenir irréversible.

Le 17 février 1989, à Marrakech, était fondée l’Union du Maghreb arabe (UMA), rassemblant le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. L’initiative était ambitieuse, qui dessinait une vision politique et un espace économique communs. Mais, minée par les différends politiques, l’UMA s’est révélée incapable de s’affirmer comme ensemble régional. 31 ans ont passé et les économies du Maghreb continuent d’avancer en ordre dispersé. Aujourd’hui, le volume des échanges intra-régionaux entre les pays du Maghreb est l'un des plus faibles au monde (représentent moins de 5 % du total des échanges des pays qui la composent, soit un pourcentage nettement inférieur à celui observé dans tous les autres blocs commerciaux régionaux du monde).

L’édifice maghrébin qui, plus qu’un rêve populaire, est un impératif culturel, économique et sécuritaire pour les peuples de notre région, doit être préservé en dépit des vicissitudes de la géopolitique et des divergences et tensions du moment.

Une pleine intégration économique de ladite région permettrait une hausse importante du PIB et du taux de croissance de chacun des pays de grand Maghreb. L’intégration créerait un marché régional de près de 100 millions de personnes disposant chacune d’un revenu moyen d’environ 4.000 dollars en termes nominaux et d’environ 12.000 dollars en parité de pouvoir d’achat. Cela rendrait la région plus attrayante pour l’investissement direct étranger, réduirait les coûts des échanges intra-régionaux et des mouvements de capitaux et de main-d’œuvre, et améliorerait l’efficience de la répartition des ressources.

Le rééquilibrage des relations de la Tunisie avec ses frères et voisins maghrébins est nécessaire, pour qu’elle puisse jouer un rôle constructif, serein, de bonne foi et sans parti-pris en vue de la solution de la crise libyenne et du différend algéro-marocain sur le Sahara. Car la stabilité et la prospérité du Maghreb sont des conditions essentielles pour la stabilité et la prospérité de la Tunisie.

Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

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