Jeune Afrique : le salut du tourisme tunisien est une « sortie par le haut »

 Jeune Afrique : le salut du tourisme tunisien est une « sortie par le haut »

 

« Et si le salut du tourisme tunisien résidait dans « une sortie par le haut ». C’est en tout cas la conclusion d’une longue étude que consacre Jeune Afrique à ce secteur qui selon le magazine « peine à redécoller après les deux attentats terroristes en 2015 contre le musée du Bardo et un hôtel de Sousse qui ont fait plusieurs victimes parmi les touristes internationaux.

« Six ans après la révolution, le tourisme tunisien fait toujours pâle figure, avec 5,7 millions de visiteurs et 2,3 milliards de dinars (935 millions d’euros) de recettes à la fin 2016. Une bien piètre performance, par rapport aux chiffres de 2010 – 6,9 millions de visiteurs internationaux et 3,5 milliards de dinars de revenus. Les incertitudes politiques et sociales, mais aussi et surtout les attaques terroristes de 2015 à Tunis, au musée du Bardo, et à Sousse sont passées par là. Ce secteur clé n’offre plus que 200 000 emplois directs, contre 300 000 il y a sept ans. »

Le magazine qui indique que « si la quasi-totalité des professionnels rencontrés font d’une montée en gamme la condition sine qua non d’une reprise durable, les établissements du pays peinent à trouver un autre modèle que celui du tourisme de masse, qui convient pourtant de moins en moins aux clientèles actuelles. »

« Sur quelque 650 hôtels, il n’y a pas plus de 20 palaces véritablement capables de proposer une prestation de luxe », estime Mouna Ben Halima, la secrétaire générale adjointe de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH). Selon elle, ajoute Jeune Afrique un tiers des hôtels, hors d’âge et criblés de dettes, doivent être fermés.

« Le dégraissage aurait déjà commencé : environ 15 % des établissements auraient mis la clef sous la porte. Hammamet, chef-lieu du balnéaire à bas coût, qui comptait avant la révolution une offre pléthorique de près de 200 hôtels, est particulièrement touchée » selon le magazine.

Pour la ministre du Tourisme, Selma Elloumi Rekik, ajoute-t-on, on assure que le secteur connaît aujourd’hui « le début du redécollage ». Sur les six premiers mois de 2017, juste avant le pic habituel des mois de juillet et d’août, près de 2 millions d’entrées de touristes internationaux ont été recensées. C’est 40 % de plus qu’à la même période en 2015. Cette reprise devrait être favorisée par le retour des touristes britanniques et belges.

Le magazine signale que « les projets hôteliers haut de gamme sont légion, signe que le secteur y croit. Des groupes tunisiens et internationaux résolument optimistes multiplient les chantiers de construction ou de rénovation. Tous misent sur davantage de qualité, encouragés par le récent code de l’investissement, censé simplifier les procédures administratives, veut-on croire dans les couloirs du ministère, à Tunis.

« Attirés par ces perspectives dans le haut de gamme, des entreprises tunisiennes font aussi leur entrée dans la gestion hôtelière, portant de fortes ambitions » indique le journal qui cite le cas du groupe de construction Neifar – 1 000 salariés et 500 millions de dinars de chiffre d’affaires au compteur –, qui a déjà bâti pour ses clients une quarantaine d’hôtels ou de centres de congrès dans le pays. « Les investisseurs viennent aussi du Moyen-Orient. À Tabarka, près de la frontière avec l’Algérie, le groupe qatari La Cigale, qui exploite à Doha un gigantesque palace du même nom, a racheté à Tunisian Travel Service (TTS) le Tabarka Beach et son golf de bord de mer, pour y investir plusieurs millions de dinars, et l’a également renommé La Cigale.

« « On peut imaginer un modèle avec moins de touristes, mais dépensant beaucoup plus », estime l’ex-ministre du Tourisme Slim Tlatli. Le chemin à parcourir est encore long pour la Tunisie : selon nos calculs, en 2015, 144 dollars ont été dépensés en moyenne par chacun de ses 5,3 millions de touristes alors que ceux du Maroc ont déboursé 500 dollars chacun, soit près de quatre fois plus ! Pour réussir sa mue, le secteur doit impérativement améliorer son offre de formation.

Un défi crucial qui incombe notamment à l’Office national du tourisme tunisien, actuellement en pleine restructuration affirme le magazine « Une place est à prendre dans le luxe, à condition de savoir répondre aux attentes d’une clientèle extrêmement exigeante », fait valoir Mouna Ben Halima, dirigeante de la FTH, mais aussi d’un groupe hôtelier familial à Hammamet, propriétaire de La Badira.

Le développement du tourisme passe aussi par le transport aérien. Selon Jeune Afrique le report du paraphe par la Tunisie de l’accord open sky avec l’Union européenne « fait enrager tout le secteur touristique, qui y voit le principal verrou à son développement ». D’autant plus, indique –t-il que Tunisair accumule les dysfonctionnements, comme ce Paris-Djerba retardé de vingt-quatre heures début juillet sans explication.

 Il estime enfin nécessaire la réforme de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), piloté depuis juillet par Neji Ben Othman. « C’est peu dire que le bras armé de l’État dans ce secteur, avec ses 1 500 salariés et ses 14 représentations à l’étranger, n’a guère les faveurs des professionnels. Sa restructuration, attendue depuis des années, a finalement été mise sur les rails, avec l’implantation de trois agences, chacune chargée d’une grande mission de l’Office. En juin 2017, une agence de la formation aux métiers du tourisme a été fondée….La création des deux autres agences suivra : l’une consacrée à l’investissement, l’autre à la promotion et à la communication ».

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