La BCT confirme le ralentissement de l’activité bancaire en 2018

La BCT confirme le ralentissement de l’activité bancaire en 2018

 

2018 n’a pas été une bonne année pour le secteur bancaire. La crise politique et économique qui sévit depuis des années en Tunisie a eu certes un impact négatif sur l’activité bancaire. En comparaison avec l’année 2017, le ralentissement a touché plusieurs volets : l’activité de crédit, l’encours des dépôts et les ressources bancaires. Selon le rapport de la Banque centrale sur la supervision bancaire, l’année 2018 a été marquée par le ralentissement du rythme de progression de l’activité bancaire. 

Les emplois d’exploitation des banques (crédits et portefeuilles titres) ont progressé à un rythme moins soutenu qu’en 2017, soit 8,3% contre 12,6%, pour atteindre 95 Milliards de dinars. Ce ralentissement provient de la diminution du rythme de progression de l’encours des crédits, soit 9,6% en 2018 contre 12,2% en 2017, et de la baisse du portefeuille bons du Trésor (-2,9% contre +10% en 2017).

Le ralentissement de l’évolution du rythme de progression de l’activité de crédit a concerné aussi bien les crédits aux professionnels (-5,1% entre 2018-2017) que les crédits aux particuliers (-4,1% au cours de 2017-2018).

Le financement des professionnels a concerné, dans sa quasi-totalité, les besoins d’exploitation des entreprises comme en témoignent la forte augmentation des crédits à court terme (19,9% contre 16,3% en 2017) et des comptes débiteurs (20,2% contre 13,7% en 2017) contre une quasistagnation de l’encours des crédits à moyen et long termes traduisant la poursuite du fléchissement de l’investissement privé.

En terme sectoriel, cet effort de financement a bénéficié principalement aux entreprises opérant dans les secteurs de l’industrie (+1693 MD ou 9%), du commerce (1071 MD ou 10,3%) et des autres services (888 MD ou 8,7%) : alors que les encours des crédits alloués aux secteurs touristique et de la promotion immobilière se sont presque stabilisés à leurs niveaux de 2017. Conséquemment, la répartition sectorielle de l’encours des crédits aux professionnels a connu en 2018 une augmentation de la part des secteurs industriel (+0,5 point de pourcentage pour s’élever à 37,4%) et commercial (+0,5 point de pourcentage pour s’élever à 20,9%) et ce, au détriment du secteur touristique (-0,9% pour revenir à 7,8%).

Quant aux crédits aux particuliers, l'augmentation observée en 2018 (1393 MD) provient à hauteur de 55% des crédits habitat, de 24% des crédits aménagements et de 22% des crédits de consommation dont plus de la moitié provenant des découverts. Les crédits alloués au financement des véhicules ont quasiment stagné au même niveau de 2017Une forte bancarisation demeure observée sur le littoral qui abrite 85% des agences bancaires (dont 47% sont implantées dans le grand Tunis) et à peu près 85% du réseau des établissements de leasing (sur un total de 62 agences, 53 sont situées sur le littoral).

Les ressources bancaires ont connu, en 2018, une évolution moins importante que celle enregistrée une année auparavant, soit 6 269 MDT ou 9,1% contre 6 957 MDT ou 11,3%. Cette décélération a concerné aussi bien les dépôts de la clientèle (9 % en 2018 contre 11% en 2017) que les ressources d’emprunt à moyen et long termes (10,9% en 2018 contre 14,4% en 2017).

L’encours des dépôts en dinars a enregistré une décélération de son rythme de progression (6,2% en 2018 contre 8,3% en 2017) pour s’établir à 54 082 MD. Ce ralentissement s’explique par la baisse de l’encours des dépôts à vue de 139 MD ou 0,8% provenant en particulier des dépôts des institutionnels et des entreprises. L’encours des dépôts d’épargne a augmenté au même rythme que 2017, soit 10,5%. Quant aux dépôts à terme, leur progression a plus que doublé (12% en 2018 contre 5,6% en 2017) traduisant une migration d’une partie des dépôts à vue des institutionnels et des entreprises et l’épargne investie en bourse vers le compartiment à terme sous la pression du mouvement de surenchère pratiqué par les banques. L’évolution des dépôts à terme en 2018 a concerné particulièrement le segment des sociétés privées (+330MD) et le segment des particuliers (+1000 MD). Les dépôts en devises continuent à s’accroitre à un rythme soutenu dépassant 20% traduisant les anticipations des agents économiques quant à la poursuite de la dépréciation du dinar Tunisien par rapport à l’Euro et le dollar Américain.

 

B.R
 

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