La crise du lait est due à la régression de 30% du cheptel des vaches productives
Le cheptel a régressé de 30%, au cours des cinq dernières années, en Tunisie, à 350 mille vaches productives environ, contre 600 mille, au cours de la dernière décennie, en raison de la sécheresse, a fait savoir la présidente de l’Association « Dairy Club Tunisia » (active dans la filière laitière), Hajer Chabbah.
Intervenant lors d’un séminaire scientifique sur le thème «Lait de demain : un investissement opportun ?! » organisé, samedi, à l’Institut national agronomique de Tunisie (INAT), Chabbah a ajouté qu’environ 1400 litres de lait sont collectés/jour et 640 millions/an, dont 86% sont transformés pour produire 553 millions de litres de lait demi-écrémé, soit 100 litres de lait et dérivés pour chaque citoyen/an. Et de souligner que le secteur fait face un déficit saisonnier répétitif durant la période de basse lactation de 9%.
Cette situation s’est aggravée suite à l’accumulation de plusieurs facteurs qui ont impacté le système productif et la chaîne de valeurs, d’où la pénurie en ce produit, a-t-elle expliqué.
La présidente de l’Association a mis en garde dans ce cadre, contre la détérioration du secteur de l’élevage bovin et la poursuite de la pénurie de lait, soulignant que tous les acteurs ont adopté une stratégie visant à faire face aux défis et à renforcer la filière laitière. Elle a cité entre autres l’incitation à l’investissement, la mise en place d’une nouvelle politique dans ce domaine.
Chabbah a insisté sur l’importance de traiter les problématiques relatives aux différents aspects de la chaîne de production (élevage bovin, alimentation fourragère et industrielle, législation, etc.) et d’éviter le recours aux fourrages importés vu leur coût élevé.
Elle a, dans ce contexte, relevé la nécessité de fournir les fourrages verts et secs en quantités suffisantes, avec une qualité supérieure et des tarifs abordables, précisant que leur coût représente jusqu’à 80% du coût de la production. Elle a, d’autre part, jugé indispensable de permettre aux techniciens d’exploiter les terres domaniales abandonnées afin cultiver des plantes fourragères et d’autoriser les agriculteurs d’utiliser les eaux usées traitées afin de développer cette production.
La présidente de l’association a suggéré aussi de réviser à la hausse le prix minimum garanti au niveau de la production afin d’encourager l’investissement dans cette filière, de préserver la richesse animale et de développer le secteur de l’élevage bovin qui compte 112 mille éleveurs. Elle a aussi appelé à respecter les normes de qualité nationales relatives à la production du lait.
L’ingénieur, spécialiste de l’élevage bovin, Tijani Mohamed a indiqué que la plupart des éleveurs ne bénéficient pas de l’encadrement technique et financier nécessaire qui leur permet de faire face aux enjeux actuels, dont la flambée des prix des fourrages. “C’est une raison, entre autres, de l’abandon de cette activité stratégique de l’élevage”, estime-t-il.
En Tunisie, un plan de développement quinquennal a été mis en place pour promouvoir le secteur de l’élevage bovin sur la base de données économiques et techniques concernant l’ensemble des éleveurs. Ces données sont relatives à la superficie des terres, le nombre de vaches, les méthodes de traite des vaches, a fait savoir le représentant de la société Erriada de collecte de lait à Menzel Temime, Mohamed Boudharoua.
L’objectif essentiel étant, selon le responsable, de préserver le cheptel et de ne pas s’en débarrasser par la vente. Il s’agit d’adopter une politique d’achat des génisses au cas où l’agriculteur souhaite abandonner son troupeau lorsqu’il n’a pas de quantités de fourrage suffisantes pour le préserver. Ce troupeau est ensuite, vendu à un autre agriculteur qui dispose de ressources fourragères permettant de l’élever.
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