La haine, ce mal ravageur qui s'empare des Tunisiens

Face à une montée inquiétante des tensions verbales, sociales et politiques, la Tunisie se retrouve confrontée à un mal invisible mais ravageur : la haine ambiante. Alimentée par les crises successives, amplifiée par les réseaux sociaux et nourrie par la défiance généralisée, elle fragilise chaque jour un peu plus le tissu social. Rappeler l’urgence de l’apaisement n’est plus un luxe moral, mais une nécessité nationale.
Un virus plus dangereux que les autres
La haine est un virus social, bien plus dangereux que n’importe quel agent pathogène. Lorsqu’elle s’installe, elle se propage sans bruit, colonise les conversations, contamine l’espace public et finit par paralyser la société.
En Tunisie, elle semble s’être incrustée dans les interstices du quotidien, rendant le vivre-ensemble de plus en plus difficile.
Ce virus ne s’attrape pas par contact, mais par frustration, humiliation, et parfois par désespoir. Il se nourrit du sentiment d’abandon, des injustices perçues et d’un climat de méfiance généralisée. Et une fois ancré, il se propage plus vite qu’un slogan politique en pleine campagne.
Manifestations d’un malaise profond
Cette haine diffuse ne se limite plus aux rivalités partisanes ou aux joutes idéologiques. Elle s’exprime partout :
Sur les réseaux sociaux, où l’insulte tient lieu d’argument et la violence verbale remplace le débat.
Dans le discours politique, où le désaccord devient diabolisation.
Dans la rue, où une tension palpable peut transformer un différend banal en affrontement.
Au sein même des foyers et des lieux de travail, où le stress et la pression économique alimentent les conflits.
Une haine viscérale qui menace d’embraser ce qui nous reste encore de cohésion nationale.
Quand la maison brûle
Lorsque la maison brûle, la sagesse commande de chercher de l’eau, pas d’ajouter de l’huile sur les flammes. Pourtant, certains discours continuent d’attiser les braises, de diviser, de stigmatiser.
Nous sommes aujourd’hui à un moment de vérité collective : faut-il alimenter l’incendie ou contribuer à l’éteindre ?
L’histoire est riche d’exemples où les sociétés, incapables de gérer leurs tensions internes, se sont consumées de l’intérieur. Prévenir vaut mieux que reconstruire sur des ruines fumantes.
Reconstruire le lien, une urgence nationale
Pour enrayer cette dérive, plusieurs voies s’ouvrent à nous :
Réhabiliter le débat : contredire sans humilier, persuader sans écraser.
Responsabiliser les élites politiques et médiatiques : apaiser au lieu d’exciter.
Créer des espaces de dialogue, notamment pour la jeunesse.
Renforcer l’éducation civique et médiatique, pour apprendre à discerner, débattre et respecter.
Encourager chaque citoyen à faire preuve de retenue, de bienveillance et de discernement.
Il est encore temps de refermer les plaies, de retisser les liens et de reconstruire la confiance. Mais le temps presse.
Parce que ce pays nous appartient
La Tunisie n’a pas besoin d’un miracle : elle a besoin d’un sursaut.
Un effort collectif, un geste individuel, une parole calme, un refus de céder à la colère facile.
Chaque Tunisien détient une partie de la solution.
Éteindre la haine commence par un choix simple : refuser d’y participer.
Parce que ce pays est notre maison. Et quand la maison brûle, nous n’avons pas le droit de rester spectateurs.
Brahim OUESLATI
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