La phrase du Président qui fait peur

La phrase du Président qui fait peur

Debout devant son pupitre, le Président de la République Béji Caid Essebsi a prononcé son adresse à la nation dans laquelle il a expliqué le pourquoi de sa décision de proclamer l’état d’urgence. Passant en revue les difficultés sociales et économiques, les menaces qui pèsent sur le pays, le soutien de pays frères et amis avec une mention spéciale pour l’Algérie, et comme pour avertir les Tunisiens du danger qu’ils encourent, il a prononcé cette phrase : « «Si les événements de Sousse se répètent, l’Etat va s’effondrer». C’est la phrase de trop qui a été interprétée comme un aveu de faiblesse de la part de celui qui est censé garantir la pérennité de l’Etat et sa souveraineté. La phrase qui fait peur. En ajoutant que « Jamais nous n’aurions pensé que ça devait se faire sur des plages alors qu’il y avait des touristes », il a confirmé, sans le vouloir peut-être les défaillances de notre système de renseignements en particulier et de  l’appareil sécuritaire  en général.

Aux yeux de beaucoup de commentateurs, le chef de l’Etat et contrairement à ses habitudes, n’a pas été convaincant. Ni rassurant non plus. Le ton n’était pas ferme et l’appel à la mobilisation générale n’a pas eu l’effet escompté. Il a manqué ce petit quelque chose au message présidentiel pour le rendre plus pertinent et par conséquent plus convaincant. Le chef de l’Etat aurait-il été « forcé » à annoncer cette mesure exceptionnelle dont il ne voulait pas et c’est pourquoi son allocution a manqué de tonalité et de percussion ? C’est du moins ce qui se dit.

Et pourtant Béji Caid Essebsi qui a endossé la posture de son illustre prédécesseur et son idole Habib Bourguiba, exhumant un texte promulgué un certain 26 janvier 1978, a souvent excellé en matière de communication. Mais une fois n’est pas coutume…