"La Porte de la Méditerranée", un mégaprojet toujours en stand-by

"La Porte de la Méditerranée", un mégaprojet toujours en stand-by
 
 
Interpellé sur les obstacles qui entravent la réalisation du mégaprojet touristico-immobilier,  « la Porte de la Méditerranée », une ville de 250 mille habitants que le groupe émirati Sama Dubaï s’était engagé à édifier, depuis 2007, au lac sud de Tunis, le journaliste et écrivain Safi Said a révélé que l’investisseur émirati conditionne la poursuite des travaux ou de leur abandon par la récupération d’importants fonds qu’il aurait accordés, sous forme de commissions, à des intermédiaires du temps de Ben Ali. 
 
L’analyste, qui était interviewé par une chaîne de télévision privée locale, a ajouté que ces fonds auraient été transférés dans des pays d’Europe centrale et orientale (Roumanie et autres).
 
Cette thèse est confirmée par un haut cadre qui a travaillé sur le dossier du temps du gouvernement de la Troika et qui a voulu garder l’anonymat. Pourtant, la troïka par la voix de son ministre conseiller auprès du chef du gouvernement chargé des dossiers économiques, Ridha saida avait « confirmé, à l’époque, que le contrat de Sama Dubai est en train d'être résilié à l’amiable vu que le partenaire n’a pas honoré ses obligations contractuelles ». 
 
Plaidoyer pour une solution à l’amiable 
 
Le relayant, l’actuel secrétaire d’Etat chargé de l’habitat, Anis Ghedira avait indiqué que « le gouvernement serait contraint de céder le projet à un autre investisseur au cas où Sama Dubai continuerait à manquer à ses engagements.
 
Il a été très vite rappelé à l’ordre par ses supérieurs, en l’occurrence, le chef du gouvernement et le président de la république lesquels plaident pour un arrangement à l’amiable, voire pour une solution diplomatique et politique. En clair ils ne veulent pas arriver aux tribunaux pour trancher le litige. 
 
Conséquence : la Porte de la méditerranée, qui sera édifiée sur 1000 hectares, moyennant un investissement à terme de 25 milliards de dollars est, hélas, toujours en stand-by.
 
Pour mémoire, ce mégaprojet,  aménagé par l’Etat tunisien à hauteur de 120 MDT, prévoit de créer plus de 150 mille emplois directs avec en prime la conversion du port commercial de Tunis en port de plaisance d’une capacité de 1300 nœuds, et ce, à 200 mètres du centre de la capitale, autant d’atouts qui peuvent améliorer, de manière significative, l’attractivité touristique de la capitale et en faire une des plus grandes villes du sud de la méditerranée. Deux indices militent en faveur de cette relance   
Les Marocains qui ont connu le même scénario avec leur projet dans la vallée du Bouregreg à Rabat, ont vite exproprié le terrain vendu au holding Sama Dubaï et opté pour un autre investisseur. 
 
Des pistes à explorer pour débloquer le projet
 
Pourtant, ce ne sont plus les solutions qui manquent. Les experts tunisiens en charge de ce dossier ont proposé trois scénarios pour en sortir : le premier consiste à demander à Sama Dubaï à redémarrer les travaux s’il est encore intéressé par le projet et à accepter la renégociation de la convention dans le but de l’équilibrer davantage en matière de droits et obligations. L’ultime but de cette renégociation est de prendre en considération, dans cette perspective, l’intérêt national.  Le deuxième scénario prévoit un règlement à l’amiable et la résolution de tous les problèmes en suspens. Le troisième enfin propose la résiliation de la convention  unilatéralement par la Tunisie. 
 
Une certitude, quel que soit le compromis qui sera trouvé, la Tunisie se doit de renégocier les termes de la convention laquelle, dans sa version actuelle,  sert plus le groupe émirat Sama Dubai que l’Etat tunisien. 
 
Deux composantes du mégaprojet doivent être impérativement renégociés. Il s’agit du prix du terrain et le port de Tunis.  Pour mémoire, les 1000 hectares aménagés à l’entrée sud de la capitale ont été cédés, en 2007, au dinar symbolique au groupe émirati.
 
Ces hectares  peuvent coûter, à eux seuls aujourd’hui une fortune au regard des prix au lac nord de Tunis. Le mètre carré étant vendu à plus de 3000 dinars. La fermeture du  port de Tunis, depuis plus de vingt ans, dans la perspective de sa conversion en port de plaisance pose problème et ne peut en aucune manière se poursuivre éternellement.
 
Tous les espoirs sont toutefois placés dans la prochaine visite officielle qu’effectuera le Président Béji Caid Essebsi dans les pays du Golfe dont les Emirats arabes unis (EAU).  Au regard des bonnes relations que le chef de l’Etat entretient avec le président Khalifa Ben Zayed Al Nahyane, il y a de fortes chances qu’une solution soit trouvée à ce problème.
 
Néanmoins, la mission de Beji Caid Essebasi ne sera pas de tout repos lorsqu’on sait que les Emirats arabes unis conditionnent l’intensification de leurs  investissements en Tunisie à l’écartement des frères musulmans dont se réclame idéologiquement le deuxième parti de Tunisie, Ennahdha, les EAU ayant classé les frères comme une organisation terroriste.
 
En prévision d’une solution définitive 
  
En attendant une solution définitive qui risque de prendre du temps, Moncef Sliti PDG de la Société d’Etudes et de Promotion de Tunis-sud (SEPTS) qui gère le projet,   propose deux solutions. La première porte sur  la promotion d’une « Smart City » sur un terrain de 127 hectares appartenant en totalité à l’Etat et cernant le terrain devant abriter « La Porte de la méditerranée ». La deuxième consiste en la mise en exploitation du Port de plaisance de Tunis.
 
L’idée est d’étudier la possibilité de l’exploiter temporairement dans le secteur de la plaisance, en attendant la mise en œuvre du projet « la Porte de la Méditerranée »  qui va prendre beaucoup de temps, d’autant plus que ce port pourrait être reconverti rapidement en un port de plaisance moyennant des petits aménagements, et ce, au regard de la disponibilité des infrastructures nécessaires à son fonctionnement. 
 
Ce futur port de plaisance, une fois mis en exploitation par l’Etat tunisien, est appelé à devenir un joyau de la plaisance et à renforcer, par conséquent, le tourisme de plaisance de Tunisie. On peut prévoir pour ce port, a-t-il-dit, une capacité de 1300 à 1500 anneaux. A bon entendeur ! 
Khémaies
 
 
 
 
 

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