La Tunisie « fait sensation » au Conseil de sécurité en votant contre une résolution américaine !?

La Tunisie « fait sensation » au Conseil de sécurité en votant contre une résolution américaine !?

 

La Tunisie « a fait sensation » vendredi au Conseil de sécurité de l’ONU en s’abstenant de voter le texte de la résolution sur le Sahara occidental présenté par les Etats Unis. En s’alignant sur la position de la Russie, qui elle aussi s’est abstenue, notre pays prenaIt le parti de l’Algérie au détriment du Maroc.

Ainsi, pour la première fois, elle tourne le dos à la « neutralité positive », une attitude qu’elle a toujours adoptée dans ce conflit qui oppose les deux grands pays du Maghreb, dont les relations diplomatiques viennent d’être rompues à l’initiative de l’Algérie.

Cette position étrange, par laquelle elle se singularise car les autres pays africains membres du conseil, à savoir le Niger et le Kenya ont voté la résolution américaine, la Tunisie rompt non seulement avec une position traditionnelle, mais elle renonce à une formulation qu’elle a toujours soutenue puisque la résolution votée vendredi est la même que celle adoptée au cours des années précédentes et que notre pays a appuyée lors de son vote en 2020.

La volte-face tunisienne est-elle due à une pression algérienne en ce sens. Cela ne semble être le cas, car votre voisin de l’ouest s’est toujours montré compréhensif de l’attitude de « neutralité positive de la Tunisie ».

Bien que ses rapports avec le Maroc se soient gravement envenimés ces derniers mois, ce qui a eu pour effet la rupture des relations diplomatiques à son initiative, l’Algérie ne serait pas à l’origine de la nouvelle position tunisienne.

Par ce vote, la Tunisie adresse surtout un message aux Etats Unis, auteurs de la résolution pour leur signifier une fois de plus « un mécontentement » tunisien de la position américaine de l’évolution de la situation politique en Tunisie en rapport avec les décisions prises par le président de la République Kaïs Saïed le 25 juillet dernier proclamant un état d’exception qui perdure depuis. On rappelle que Saïed avait convoqué l'ambassadeur américain pour lui signifier ce "mécontentement" suite à la décision d'une commission du Congrès de débattre de la situation en Tunisie.

En tout état de cause, ce vote remet en cause la doctrine toujours défendue par la diplomatie tunisienne depuis l’émergence du conflit sur le Sahara occidental au milieu des années 1970, Tunisie, comme il est à contre-courant des positions arabes et africaines sur ce dossier ainsi que de l’attitude communément admise par la communauté internationale.

La résolution du conseil de sécurité n’apporte rien d’extraordinaire puisqu’elle proroge pour une année se terminant le 31 octobre 2022 le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) et consacre le processus politique comme cadre unique de résolution du conflit.

Selon les termes de cette résolution, le Conseil dit appuyer pleinement « les efforts du Secrétaire général pour maintenir le processus de négociation afin de parvenir à un règlement de la question du Sahara occidental ».

Il se félicite également de la volonté du Maroc, du Front Polisario, de l’Algérie et de la Mauritanie de rester engagés dans ce processus, en faisant preuve « de réalisme et d’un esprit de compromis ». Par cette résolution, les membres du Conseil demandent aux parties de reprendre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, « en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable ».

Le Conseil de Sécurité rappelle par ailleurs que toutes les parties doivent coopérer avec la MINURSO, « y compris en ce qui concerne sa liberté d’interagir avec tous ses interlocuteurs », et prendre les mesures pour garantir la sécurité, ainsi qu’une totale liberté de circulation au personnel des Nations Unies.

Votre commentaire