L’armée israélienne utilise cinq enfants palestiniens comme boucliers humains

L’armée israélienne utilise cinq enfants palestiniens comme boucliers humains

Les forces armées israéliennes ont utilisé quatre garçons palestiniens de la famille Shalloun comme boucliers humains le 1er mars, selon des éléments recueillis par Defense for Children International – Palestine. Nidal, 9 ans, en haut à gauche, Karam, 11 ans, en haut à droite, Mohammad, 2 ans, en bas à droite, et Ahmad, 2 ans, en bas à gauche. (Photos : avec l’aimable autorisation de la famille Shalloun)

Ramallah, 18 mai 2023— À ce jour, en 2023, les forces israéliennes ont utilisé au moins cinq enfants palestiniens comme boucliers humains, y compris deux très jeunes enfants. 

Les forces israéliennes ont cerné la maison familiale des Shalloun et ont utilisé quatre garçons palestiniens comme boucliers humains le 1er mars vers 11h30, pendant environ deux heures, dans le camp de réfugiés d’Aqbat Jaber, près de la ville de Jéricho en Cisjordanie occupée, selon des éléments recueillis par Defense for Children International – Palestine (DCIP). Des soldats israéliens ont ordonné à tout le monde de sortir de la maison et ont exigé que le père des enfants, Maher Shalloun, se rende. Pendant que Maher restait à l’intérieur, les autres ont obéi et sont sortis. Les forces israéliennes ont menacé ses fils Nidal, 9 ans, et Karam, 11 ans, s’en prenant également à ses neveux Ahmad and Mohammad, des jumeaux âgés de deux ans, et les ont forcés à rester debout devant des véhicules militaires israéliens pendant que des soldats israéliens tiraient des cartouches de gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes, et des balles réelles sur les Palestiniens qui faisaient face au groupe de soldats.

Un cinquième enfant palestinien, Anas Abdurrahim Kamal Al-Khalili, 16 ans, a été utilisé comme bouclier humain dans l’escalier de la boulangerie où il travaillait, par des forces spéciales israéliennes en tenue civile, le matin du 22 février, pendant une incursion militaire israélienne massive à Naplouse dans le nord de la Cisjordanie occupée, selon des éléments recueillis par DCIP. Les forces spéciales israéliennes ont forcé Anas à se tenir devant eux pendant plusieurs minutes et à marcher menottes aux poignets tandis qu’elles faisaient face à deux Palestiniens et tiraient à balles réelles. Avant de tuer ces deux Palestiniens, les forces israéliennes ont forcé Anas à s’asseoir sur le sol d’une maison voisine, les yeux bandés.

“Le droit international est explicite : il prohibe de façon absolue l’utilisation des enfants comme boucliers humains par les forces armées ou les groupes armés’, a affirmé Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de DCIP relatif à l’obligation de rendre des comptes. “Le fait que les forces israéliennes exposent intentionnellement un enfant à un grave danger pour se protéger elles-mêmes constitue un crime de guerre.”

Pendant que les forces israéliennes utilisaient la famille Shalloun comme boucliers humains au camp de réfugiés d’Aqbat Jaber, un soldat a ordonné à la mère de famille, Samia, de mettre sur le sol son neveu Mohammad, âgé de deux ans, et de lever les mains. Mohammad s’est mis à pleurer quand un chien militaire israélien s’est approché de lui, et comme Samia baissait les mains pour écarter l’enfant du chien, le soldat israélien a mis son arme contre la tête de Mohammad en disant : “Si tu bouges encore, je tire sur lui.”

Le frère jumeau du petit Mohammad, Ahmad, deux ans, a été conduit au dehors par son cousin adulte, Mohammad. Un soldat israélien a ordonné à Mohammad de soulever Ahmad et de le tenir devant le groupe de forces israéliennes. Quand il a essayé d’abaisser Ahmad pour le protéger, un soldat israélien a ordonné à Mohammad de maintenir Ahmad en l’air et a jeté à ses pieds une grenade assourdissante. Ahmad a pleuré pendant deux heures d’affilée.

Nidal, neuf ans, fils de Samia et de Maher, a été forcé de rester debout en plein soleil au milieu de soldats israéliens qui tiraient des grenades assourdissantes, des cartouches de gaz lacrymogène et des balles réelles, ce qui a aggravé l’infection oculaire dont il souffrait déjà.

Plus tard, comme Samia partait à la recherche de son fils aîné, Murad, 12 ans, qui avait couru se cacher chez ses grands-parents tout près de là, Nidal lui a amené son cousin Mohammad – ils étaient en larmes tous les deux – et a dit qu’une grenade avait été tirée à proximité de la tête de Mohammad. À ce moment-là, des soldats israéliens ont abattu par balles un Palestinien à une trentaine de mètres de là ; comme Samia essayait de calmer ses enfants, un soldat a pointé son arme sur elle et lui a dit : “Je vais vous tirer dessus, toi et tes enfants, comme tu as pu voir.”

“Mes trois enfants ne peuvent pas dormir normalement la nuit. De temps à autre, ils se réveillent et se mettent à pleurer. L’infection oculaire de Nidal s’est aggravée, car il est resté en plein soleil pendant plus de deux heures, et je crains que cela n’ait des conséquences pour lui à l’avenir”, a dit Samia à DCIP. 

L’utilisation des civils comme boucliers humains, les civils étant forcés de jouer un rôle direct d’assistance aux opérations militaires ou utilisés pour protéger d’une attaque des forces armées ou des groupes armés ou des objets, est strictement interdite par le droit international. Cette pratique est également prohibée aux termes du droit israélien, en vertu d’un arrêt pris en 2005 par la Haute Cour de Justice israélienne.

Depuis 2000, DCIP a constitué des dossiers sur au moins 31 cas impliquant l’utilisation d’enfants palestiniens comme boucliers humains par l’armée israélienne. L’an dernier, des soldats israéliens ont forcé Ahed Mohammad Rida Mereb, 16 ans, à rester devant un véhicule militaire israélien à Jénine pendant que des Palestiniens armés déclenchaient des tirs nourris dans cette direction.

Tous ces cas, sauf un, ont eu lieu après l’arrêt de la Haute Cour de Justice israélienne. Un seul de ces cas a débouché sur la condamnation de deux soldats pour “comportement inapproprié ” et “abus d’autorité.” Ces deux soldats ont été rétrogradés et ont fait l’objet de peines de trois mois avec sursis.

Defense for Children International Palestine (DCIP) 

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