Le Centre International Hedi Nouira propose une stratégie de sortie de crise  

Le Centre International Hedi Nouira propose une stratégie de sortie de crise  

Au cours d’une conférence de presse organisée tout dernièrement, le Centre International Hedi Nouira de Prospective et d’Etudes sur le Développement (CIPED) a annoncé un projet de stratégie de sortie de crise qu’il a soumis à la présidence de la République.

Le document propose cinq mesures à court terme pour arrêter l’hémorragie, six réformes à mettre en œuvre d’urgence et un programme social d’accompagnement. 
Les mesures de court terme concernent :
- l’adaptation du modèle de développement en vue d’un meilleur équilibre et d’une meilleure intégration sociale et le rétablissement de la confiance des opérateurs économiques ; 
- Le développement des exportations et l’amélioration du niveau des réserves en devises sans recours supplémentaire à l’endettement ; 
-La réduction de la pression sur le taux de change du dinar en adoptant un corridor autour du cours central à l’instar de l’expérience du SME qu’a connu l’Europe auparavant ; 
-La maîtrise de la dette en adoptant la règle d’or et en créant l’agence Tunisie-Trésor et s’interdisant le recours à la dette pour financer des dépenses de fonctionnement ou pour couvrir des déficits.
-La restauration de l’image du pays à l’extérieur par une stratégie adaptée de « marketing country » et par la reconquête progressive de la notation souveraine du pays.

Les  réformes
- La réhabilitation des questions économiques par la création d’un conseil consultatif à compétence essentiellement technique et économique composé des partenaires sociaux, de l’Administration ,des opérateurs économiques et financiers et de la société civile dont l’objectif serait de soutenir le gouvernement et l’ARP dans l’étude des réformes et des programmes et des projets de lois, a l’instar de l’ancien Conseil Economique et Social, outre le réexamen du mandat de la BCT et du procédé de nomination du gouverneur et des membres du Conseil, le renforcement de la fonction de suivi des grands équilibres au niveau du ministère du Développement et l’affectation du budget d’investissement à ce ministère pour que ce budget cesse de servir de variable résiduelle et de solde du budget de l’Etat.
- concernant les cinq autres réformes jugées indispensables, (réforme des régimes de retraite, réforme de l’Administration et des entreprises publiques, réforme fiscale, réforme de la compensation et réforme des banques, en particulier les banques publiques) des propositions concrètes sont avancées dans le rapport élaboré par le Centre.
Le Président du Centre a précisé à cet effet que l’ajustement dont l’économie du pays a besoin ne peut s’en tenir aux seules mesures monétaires ou de change et que sans les réformes du secteur réel, l’économie ne pourra pas redémarrer. Il a souligné en outre, que pour les entreprises publiques, le CIPED propose la création d’un fonds de restructuration dans lequel seront déposées les ressources de privatisation, lesquelles serviront uniquement à financer les opérations d’assainissement des entreprises appelées à rester dans le secteur public. Enfin concernant l’Administration il insistera sur la nécessité de renforcer le choix fait dès l’indépendance pour une Administration de carrière au caractère Républicain à l’abri des considérations politiques, le pays ne pouvant se permettre à l’heure actuelle le choix d’une Administration de dépouilles.

Délais de mise en œuvre

Parlant des délais requis pour sauver l’économie du pays, le Président du CIPED a rappelé qu’en 1986, la Tunisie a mis 6 ans pour sortir de la crise alors que la Grèce vient juste de se soustraire du joug des bailleurs de fonds (UE, FMI, BCE.) après huit années d’ajustement économique, financier et social à la fois étant précisé que la situation financière de ce pays n’est pas encore totalement assainie avec une dette encore très élevée.

Le CIPED considère que la mise en œuvre de ce programme exige des préalables politiques et sociaux et nécessite des sacrifices de la part de tous, c’est pourquoi il devra être accompagné par un ambitieux programme social à l’instar de celui mis en place en 1986( PNAFN, Fond d’insertion et d’adaptation professionnelle ....). Le CIPED insiste toutefois sur le fait que c’est la seule voie passante si le pays veut se donner les moyens de se redresser, s’affranchir des mesures décidées de l’extérieur du pays et préserver sa souveraineté mise à mal ces dernières années par une situation économique et financière en dégradation continue.

 

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