Le livre blanc pour l’emploi

Le livre blanc pour l’emploi
 
 
Le problème endémique et épineux du chômage a fait couler beaucoup d’encre et a mobilisé l’attention des tous les intervenants, politiques, syndicats, patrons et experts qui ont rivalisé de propositions pour lutter contre ce fléau et réduire son taux à un niveau stable et optimale. 
 
Ce livre blanc est la quintessence de plusieurs années de réflexions sur la physionomie du chômage, ses causes, ses origines mais aussi les pistes sérieuses et les solutions concrètes pour le maitriser et l’endiguer à jamais.  C’est un programme qui part d’une matrice mathématique (jointe) en dressant  un état des lieux et un inventaire de l’environnement du marché de l’emploi incluant le système éducatif, le nombre de fonctionnaires, la population active et la répartition géographique des pôles universitaires  pour  arriver à une série de recommandations simplifiées capables de créer de la richesse , des conditions de croissance et de transition souple et efficiente vers une situation d’employabilité  pérenne.
 
La méthodologie 
 
Sans forfaiture ni langue de bois, Il est impératif de dégraisser le mammouth en décongestionnant le contingent de la fonction publique qui compte actuellement 650 000 fonctionnaires. En libérant 52 000 fonctionnaires de plus de 50 ans par année sur une période de 5 ans, on réduirait le nombre à 260 000 fonctionnaires. Ce départ sera accompagné d’un plan de reconversion dans le privé à travers des incitations à la création d’entreprises pour ces retraités qui ont acquis de l’expérience, du savoir-faire et de la maitrise. 
 
La flexibilité dans la fonction publique est un gage de développement social et individuel
 
 
Ces petites PME dans la petite industrie, les services, le consulting, l’assistance et l’ingénierie seront axés essentiellement sur les produits et services que nous importons et qui pénalisent notre balance en devises. Dotée d’un capital de 100 000 Dinars, chacune de ces 26 000 PME se chargera d’employer 4 chômeurs diplômés et non diplômés pour atteindre ainsi le nombre de 104 000 emplois crées par année soit 520 000 emplois sur 5 années. Les bénéfices de ce nouvel entreprenariat axé spécialement sont multiples en ce sens que ces PME seront pérennes au regard de l’expérience de leurs promoteurs, qu’elles vont créer de la richesse, générer des emplois et qu’elles vont permettre un nivellement vers le haut des conditions de vie des promoteurs retraités.
 
Les reformes nécessaires 
 
Sous-jacent à cette mesure révolutionnaire et indispensable, une série de réformes s’impose pour instaurer de la flexibilité dans la fonction publique dont la durée de travail sera limitée à 25 ans pour les cadres moyens et supérieurs qui pourront migrer vers le privé au bout de la période ou en cours en prolongeant les périodes de détachement et de mise en disponibilité. Cette mesure aura le double avantage d’alléger les charges des caisses de sécurité sociale et d’augmenter les cotisations qui seront   indexées sur des salaires substantiellement revalorisés. 
 
Souffrant d’un grand déséquilibre des comptes, les caisses de sécurité sociales pourront retrouver une bonne santé financière à travers les 2 mesures précitées. Estimée à 13 Milliards de dinars par an la masse salariale du fonctionnaire sera réduite de moitié et en comptant les 100 000 fonctionnaires qui seront remplacés par des jeunes après une formation administrative (équivalent ENA), les économies sur la masse salariale globale évaluées à 2 ,6 milliards seront reversées dans les caisses pour les rééquilibrer et injectées pour dynamiser l’investissement et le développement. 
 
Permettre aux privés d’investir dans de Fonds de Pension à l’instar de ce qui se passe dans le monde aura le double avantage de permettre aux salariés d’améliorer et d’anticiper sur leurs conditions de vie après la retraites et surtout de créer un nouveau écosystème avec ses sociétés, ses employés, ses prestataires et ses investissements.
 
Toujours dans le même ordre d’idées et avec une espérance de vie estimée à 83 ans en milieu urbain, un départ à la retraite à l’âge de 65 ans accompagné d’un plan rigoureux pour réduire la population à 10 millions s’impose comme mesures salvatrices pour les caisses et pour l’employabilité. C’est un programme de maitrise de la natalité qui sera étalé sur 10 ans et qui sera assorti par un programme d’accompagnement pour les familles. 
 
Pour la stabilité du système
 
Pour assurer la pérennité de ce système et son efficience, conjuguer les reformes structurelles en rapport avec la fonction publique, le système éducatif, la formation professionnelle et actionner la machine des grands projets s’imposent comme prérequis nécessaires.
 
Cheval de bataille des 10 années à venir, la refonte du système éducatif s’impose pour redessiner la carte de l’emploi en Tunisie et comme le démontre la matrice le nombre d’étudiants est suffisamment élevé par rapport à la population globale avec une inadaptation entre les cursus dispensés et les besoins du marché de l’emploi. Il est urgent de réconcilier les tunisiens avec l’école du mérite et réinventer les banques du Savoir qui assureront des crédits aux étudiants pour choisir leurs universités et leurs spécialités en fonction de leurs aptitudes. Ces crédits remboursables à la prise de fonction permettent de réduire le gap entre les couches sociales, de donner la même chance à tous et d’améliorer les capacités des universités en recherche et équipements.
 
 
Il faut encourager les fonctionnaires de plus de 50 ans à quitter l’administration  pour se lancer dans l’entreprenariat avec la création de PME en association avec les demandeurs d'emploi
 
 
L’autre axe de frappe est celui des grands projets, générateurs d’emplois et véritables leviers de croissance. Pour accélérer leur réalisation, il est urgent de déverrouiller les procédures administratives et de suspendre les dispositifs lourds et rigides d’appels d’offres de marchés publics pour réduire les délais et décentraliser les centres de décision d’adjudications.
  
Parmi ces méga -projets, celui de la recherche scientifique à qui il faut redonner ses lettres de noblesse. Ainsi transformer le palais de Sidi Dhrif en un centre de recherche scientifique pouvant accueillir 1 000 chercheurs tunisiens qui auront pour objectif de trouver et de breveter des molécules pour les maladies chroniques comme le diabète, la tension artérielle ou le cancer. Financé par un prélèvement sur les laboratoires pharmaceutiques et placé sous la tutelle des ministères de la défense et de la santé, ce centre de recherches aura la double fonction de créer des pépinières génératrices de mains d’œuvres qualifiée et d’internationaliser l’image de la Tunisie comme pole du savoir. 
 
Avec son potentiel jeunesse et une formation mieux adaptée, on pourrait faire des nouvelles technologies un vrai levier de croissance et un moteur de développement individuel et régional. C’est un secteur qui a abolit les frontières réelles et les variantes de e-commerce, d’applicatifs, de plateformes virtuelles et d’ingénierie pourraient créer des milliers d’emplois et rééquilibrer la cartographie des centres d’affaires tout en assurant des rentrées de devises à l’Etat. 
 
Se décomplexer des faux préjugés environnementaux en misant sur l’exploration du gaz de schiste est une chance pour la Tunisie en ce sens qu’elle peut générer à court terme 100 000 emplois (directs et indirects) et renflouer les caisses de l’Etat par des revenus considérables. Pour les plus sceptiques, je rappelle que les Etats Unis, le Canada, l’Allemagne et beaucoup d’autres pays disposent de dizaines de milliers de puits sans la moindre incidence ni risque sur l’environnement. 
 
 
Réconcilier les Tunisiens avec l’école du mérite pour leur offrir de nouveaux horizons, de l’espoir et du rêve
 
 
Toujours dans le domaine énergétique, il est urgent de tirer profit des 300 jours de soleil par an pour ériger de grands champs photovoltaïques et équiper les industries et les unités hôtelières énergivores de cette technique qui garantirait entre 3 000 et 5 000 emplois et réduirait notre consommation de gaz. 
 
Nouvel enjeu stratégique, l’Eau est le pari de l’avenir et la Tunisie doit actionner les grands chantiers de dessalement d’eau de mer pour constituer sa réserve hydrique indispensable pour sa nappe, son agriculture et ses générations futures. 
 
La réhabilitation de l’agriculture et ses dérivés via un plan d’encouragement des cultures maraichères et de l’élevage garantirait à la Tunisie une autosuffisance alimentaire, offrirait des milliers d’emplois aux jeunes et réconcilierait les tunisiens avec la terre. Avec des petites d’unités d’élevage bovin et ovin, loin des standards industrialisés, un nouveau vivier de l’écosystème bio sera initié avec toutes ses conséquences positives sur la labélisation des produits du terroir et leurs débouchés dans les circuits de distribution et de consommation. 
 
Pour les cultures maraichères, il faut puiser dans nos ressources hydriques dont regorge notre pays comme l’atteste l’étude du Pr Hamed Ben Dhia sur la géothermie de nos sols fertiles et propices à des cultures à forte valeur ajoutée  et disposant d’un grand potentiel d’exportation vers les pays voisins comme les tomates cerises, les carottes bio, …….
 
L’enjeu du chômage est énorme et les bonnes intentions ne suffisent pas pour le résoudre.  Mon approche est pragmatique, scientifique, socialement responsable et surtout efficiente à court terme car elle repose sur des données chiffrées et des solutions mathématiques pour la création d’emplois car aujourd’hui, ce n’est pas un problème de stratégie politique mais de patriotisme. Nous sommes réellement en guerre contre le chômage et si nous voulons la gagner, les mots, les discours et les bonnes intentions ne suffisent plus devant la réalité implacable des dangers qui nous guettent et des maux qui nous rongent.
 
Loin de toutes divergences politiques, nous devons nous unir et réussir ensembles une réelle réconciliation nationale en conjuguant nos efforts et nos énergies pour nous préparer à la guerre du chômage et offrir ainsi aux nouvelles générations du rêve et de l’espoir. 
 
Imed Derouiche 
(Expert International en Énergie & Hydrocarbures )
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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