Le Maroc officialise sa volonté de réintégrer l’Union Africaine, 28 pays demandent la suspension de la « RASD »
Trente-deux ans après avoir quitté l’Organisation de l’Unité Africaine, ancêtre de l’Union Africaine, à la suite de l’admission de la « République arabe sahraouie démocratique (RASD) »-- c’était l’époque où son père Hassan II régnait sur le Maroc-- le roi Mohamed VI a officialisé, dimanche 17 juillet, sa volonté que le Maroc réintègre « sa place naturelle » au sein de la famille africaine.
Dans une lettre distribuée au cours du Sommet de l’UA tenu à Kigali, capitale du Rwanda les 17 et 18 juillet, le souverain chérifien, après avoir souligné le caractère africain de son royaume et dénoncé « une erreur historique » de l’OUA sur le Sahara occidental justifie ce retour en déclarant : « Après réflexion, il nous est apparu évident que, quand un corps est malade, il est mieux soigné de l’intérieur que de l’extérieur. »
Le Roi n’a pas conditionné ce retour à l’exclusion de la « RASD », mais sa stratégie semble claire. Selon des observateurs avertis, « le royaume joue de son entregent diplomatique, de son rayonnement économique sur le continent et de sa puissance militaire, ce qui pourrait s’avérer utile aux missions de l’UA ».
A Kigali, 28 Etats avaient déjà signé, une motion appelant à la réintégration du Maroc et à la suspension de la « RASD ». Après la disparition de leur leader, Mohamed Abdelaziz, fin mai, dont la mémoire a été évoquée au début du Sommet par une minute de silence, et le revirement de plusieurs pays qui les soutenaient, les « indépendantistes du Polisario » ne peuvent plus compter sur grand monde pour empêcher le retour du Maroc.
« Notre demande d’adhésion va être bientôt déposée et, si la majorité des Etats répond favorablement, notre retour pourrait même intervenir sous la présidence de Mme Zuma, » la présidente sortante de la Commission de l’UA dont le pays l’Afrique du Sud soutient le Polisario, se félicite, non sans ironie, Taïeb Fassi-Fihri, le conseiller diplomatique du roi et ex-ministre des affaires étrangères marocain.
Chef de file des amis du Maroc, le président Macky Sall du Sénégal a déclaré que la motion que lui-même et 27 de ses homologues ont signé demande que la « RASD » soit suspendue de l’UA en attendant que l’ONU règle le problème du Sahara occidental devant le Conseil de sécurité.
Encore un sujet de divergence profonde au sein de l’UA puisque ni la lettre de Mohamed VI ni la motion des 28 n’ont pu être lues devant le Sommet. Deux pays, l’Algérie et l’Afrique du Sud ont mis tout leur poids pour s’y opposer.
Affaire à suivre au cours du prochain Sommet en Janvier 2017 au siège de l’Organisation panafricaine à Addis Abeba.
Voici la liste des 28 pays signataires de la motion demandant la suspension de la « RASD »: Gabon, Benin, Burkina Faso, Burundi, Cap Vert, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Erythrée, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée-Equatoriale, Libéria, Libye, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Sao Tomé, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Swaziland, Togo et Zambie.
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