Le plus grand aéroport du monde sera à Istanbul en Turquie
Ce n'est pas en Chine, ni au Brésil, ni dans le Golfe, mais en Turquie que sera construit le plus grand aéroport du monde. Il ouvrira en 2017 ou 2018 et pourra accueillir 150 millions de passagers par an, deux fois plus que le trafic de Roissy. Un projet colossal qui traduit la montée en puissance de Turkish Airlines, un futur géant du secteur.
Comme la Chine, les Émirats ou le Brésil, la Turquie veut devenir un géant de l'aviation mondiale et s'en donne les moyens. C'est en effet à Istanbul que verra le jour, dans quelques années, le plus grand aéroport de la planète, au coude à coude avec celui de Jebel Ali, à Dubaï, qui n'en est qu'à ses balbutiements.
Colossal
Six pistes de décollage et d'atterrissage (pour rappel, il n'y en a que deux, par exemple, à Londres Heathrow, le plus grand aéroport d'Europe) ; une capacité d'accueil de 90 millions de passagers par an dès son ouverture en 2017 ou 2018, puis 150 millions dans une deuxième phase, dans les années 2020 (aujourd'hui, l'aéroport d'Atlanta, numéro 1 mondial, accueille plus de 90 millions de passagers par an), des installations s'étendant sur quelque 80 millions de mètres carrés : le projet turc est colossal.
Sa construction, au nord-ouest de la partie européenne de la ville (Istanbul est à cheval entre l'Europe et l'Asie, séparée par le Bosphore), au large de la mer Noire, devrait coûter plus de 7 milliards d'euros aux quatre groupes turcs sélectionnés par le gouvernement pour sa réalisation - Limak, Cengiz, Kolin, Mapa et Kalyon -, lesquels, au cours d'une enchère à laquelle participaient le couple TAV et Aéroports de Paris, ont accepté de débourser plus de 22 milliards d'euros pour obtenir la concession de cet aéroport pour une durée de vingt-cinq ans.
« Cet aéroport répondra aux besoins de la Turquie pour les trente, peut-être les cinquante années à venir. Il sera aussi un point de passage entre l'Occident et l'Orient, entre l'Orient et l'Occident, entre l'Afrique et l'Europe », avait déclaré le ministre turc des Transports, Binali Yildirim, le jour de l'attribution de l'appel d'offres.
La construction de cet aéroport s'inscrit en fait dans une série de projets pharaoniques décidés par le gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, ancien maire d'Istanbul. Ceux-ci comprennent notamment le creusement d'un large canal reliant la mer Noire à la mer de Marmara pour détourner le trafic maritime qui engorge le détroit du Bosphore, en plein coeur d'Istanbul, ainsi que la construction de deux villes nouvelles d'un million d'habitants chacune, sans oublier le tunnel ferroviaire de 13,6 kilomètres qui relie les rives asiatique et européenne de la ville sous le détroit du Bosphore.
Le trafic aérien turc : + 11% par an jusqu'en 2023
L'ampleur de ce projet aéroportuaire donne le tournis. Mais il n'est pas extravagant. Il reflète simplement la vitesse à laquelle se développe le trafic aérien en Turquie, aujourd'hui le treizième marché mondial avec 130 millions de voyageurs. Et plus particulièrement à Istanbul où la croissance y est tellement forte que les deux aéroports existants d'Atatürk et de Sabiha Gökçen seront vite saturés. « Les deux aéroports ne peuvent pas soutenir les perspectives à long terme de la croissance de la demande », explique un expert du transport aérien turc. En 2012, les deux plates-formes ont accueilli 60 millions de passagers, dont 45 millions pour le seul aéroport international d'Atatürk, numéro 6 en Europe.
La plus forte croissance de trafic du monde
Ce dernier, avec une augmentation de 20% de son trafic l'an dernier, a affiché la plus forte hausse de la planète en 2012. Au cours des cinq dernières années, la croissance annuelle moyenne s'élève à 14%. D'ici à 2023, le trafic aérien en Turquie est appelé à progresser de 11% par an ! En dépit des récents mouvements de contestation du pouvoir, tous les ingrédients sont réunis pour faire d'Istanbul l'un des principaux carrefours du globe qui structureront le transport aérien de demain.
Fortement corrélé à l'économie, le trafic aérien turc profite, et profitera, du dynamisme de la Turquie. Selon plusieurs économistes, le PIB turc devrait progresser de 5,2 % par an en moyenne entre 2012 et 2020. En 2026, il devrait donc être deux fois plus important qu'aujourd'hui. De fait, le dynamisme économique favorise les déplacements professionnels mais aussi, par le développement de la classe moyenne qu'il entraîne, les voyages personnels.
« Un phénomène d'autant plus fort que les Turcs voyagent plus que d'autres à PIB égal », observe un spécialiste de la destination. À cela s'ajoute un trafic touristique en provenance d'Europe, de Russie ou du Moyen-Orient. Avec son héritage culturel hors du commun, Istanbul est en effet une destination touristique importante.
La Tribune