Le rejet du gouvernement : Une première historique

Le rejet du gouvernement : Une première historique

Par Kaïs Ben Mrad

Dans un régime politique de démocratie parlementaire comme le nôtre en Tunisie, il est nécessaire pour tout gouvernement de disposer de la confiance de la majorité parlementaire.

Cela passe par l’exercice démocratique du vote de confiance du Parlement à travers lequel les députés décident d’accorder ou non leur confiance au gouvernement proposé.

Le vote est souvent positif. Les gouvernements proposés par les partis qui ont gagné les élections obtiennent très souvent la majorité au Parlement et gagnent cette fameuse confiance.

Néanmoins, le cabinet présenté par Habib Jemli, dont le nom a été proposé par le parti Ennahdha pour constituer le nouveau gouvernement Tunisien, a échoué à obtenir la confiance des députés de l’Assemblée des Représentants du Peuple.

Hier soir dans une ambiance électrique, 134 députés ont voté contre, 72 pour et 3 se sont abstenus, alors que le gouvernement proposé par Jemli devait avoir au moins 109 voix pour passer.

Au delà des gagnants et des perdants dans ce vote puisque le paysage politique va certainement changer depuis, ce résultat est unique dans l’histoire de la politique Tunisienne puisque le gouvernement Jemli est le premier gouvernement rejeté dans l'histoire de la Tunisie et un des rares à l’être dans le monde arabe.

Qu'à cela ne tienne ! Une chose est sûre, il s'agit de l'une des nombreuses manifestations du défi tunisien. Forte de sa jeune démocratie, d’une société civile vigilante et d’une offre politique pluraliste, la Tunisie vient de donner une nouvelle leçon de démocratie et de transparence. 

Pas l'ombre d'un doute, en ce début 2020, la Tunisie sera plus que jamais debout face à d’importants défis pour les années à venir. Et le résultat de ce vote de confiance est venu prouver l’évolution continue du processus démocratique en Tunisie.

Car un tel résultat avec un vote hostile au gouvernement ne pouvait avoir lieu sans un climat démocratique dans lequel même le parti qui a gagné les élections ne peut plus diriger le pays à sa guise.

Il ne reste maintenant qu’à espérer que tous les partis qui s’entretuent enterrent momentanément la hache de guerre et privilégient l’intérêt du pays dans cette période très critique et qu’un consensus émerge autour du nom qui sera proposé par le président Kais Saied pour former le gouvernement car le pays ne peut plus supporter le vide. 

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