Le secteur bancaire tunisien va-t-il devoir affronter un choc d’envergure ? 

Le secteur bancaire tunisien va-t-il devoir affronter un choc d’envergure ? 

Par Amine BEN GAMRA

Un secteur bancaire robuste est capable de faire face à différents chocs négatifs tout en contribuant à la stabilité du système financier. Cependant, un système bancaire faible peut déclencher la fuite des capitaux et forcer éventuellement une hausse du taux d’intérêt, affaiblir le financement de l’économie et abandonner le secteur privé lors de période de récession ou de crises économiques, chose qui constitue l’une des causes prédominantes des crises financières.

En Tunisie et compte tenu des tensions sociales et de la crise sanitaire et économique actuelle, les banques tunisiennes seront confrontées à une forte augmentation des risques d’impayés des crédits, surtout que de nombreux emprunteurs se sont exposés aujourd’hui à des pressions sur leur trésorerie, en particulier ceux qui sont durement touchés par l’impact de la pandémie sur le tourisme, l’hôtellerie et les exportations.

En outre, le passage des banques tunisiennes à la norme « International Financial Reporting Standard 9 » (IFRS9), à partir de la fin de l’exercice 2021 devrait impacter la qualité des actifs déclarés ce qui nécessite un provisionnement supplémentaire étant donné l’utilisation d’informations prospectives dans le nouveau référentiel, en question.

On  s’attend, sous ces angles, que le ratio de provisionnement par rapport au résultat d’exploitation augmentera en 2021, pour atteindre éventuellement le pic de 2013 qui était une année marquée par la montée des troubles sociaux au lendemain des évènements post 2011. Ainsi, le secteur bancaire pourrait avoir de gros besoins de recapitalisation. 

Une telle recapitalisation surtout des banques publiques représente un risque d’engagement budgétaire, lequel pourrait avoir une incidence sur la stabilité macroéconomique.
 
Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

Votre commentaire