Le stade olympique de Radès connaitrait-il le sort de Henchir Enfidha vendu à une société de crédit marseillaise ?

Le stade olympique de Radès connaitrait-il le sort de Henchir Enfidha vendu à une société de crédit marseillaise ?

 

«  La Tunisie vit actuellement une situation très critique sur les plans économique financier et cette situation risque d’être plus dramatique, si la communauté internationale et notamment le groupe des pays les plus industrialisés(G8) ne lui accorde pas un vaste programme de sauvetage pour l’aider à se reconstruire ». Ce sont les propos du ministre des finances Slim Chaker  repérés dans une interview accordée à l’agence de presse Reuters en marge du Forum de l’investissement au Moyen Orient. Des propos qui sonnent comme un cri d’alarme, si ce n’est comme un cri de désespoir  du pays qui vient d’être récompensé par la plus prestigieuse des distinctions internationales, le prix Nobel de la paix. Les faits sont là, têtus et qui confirment  que l’économie nationale est exsangue, gangrenée qu’elle est par plusieurs maux, dont l’économie parallèle, le trafic  de tous genres, l’évasion fiscale, la montée des revendications asociales et  les surenchères politicardes. Une situation qu’un homme politique, Mohamed Hamdi de l’Alliance démocratique, n’a pas hésité à la comparer à celle qui avait précédé la mise du pays sous le régime du protectorat français en 1881.

La décision du gouvernement de recourir à ces fameux « soukouks islamiques » pour  boucler  le budget de l’Etat  de 2016, en maque de quelque 6 milliards de dinars, par la vente ou l’hypothèque des biens comme le stade olympique de Radès, en plus de ce deal concocté par « un ministre off shore » (dixit Mehdi Ben Gharbia),  avec une banque française pour la structuration du plan de développement 2016-2020, rappellent, toutes proportions gardées,  certains faits de l’histoire du pays pendant la deuxième moitié du 19ème siècle.

Dans un livre de l’historien français Jean Gariage intitulé « les origines du protectorat français », publié en 1959 et réédité par Berg Editions, et dont l’analyse a été fortement appréciée par Habib Bourguiba, l’auteur revient sur les vraies causes qui avaient  précipité la mise du pays sous la coupe française. Il les résume en ces termes : « La décadence de ses institutions, de son économie, la faillite d’une politique de réformes trop hâtives, la mise au pillage de ses finances entraînèrent une banqueroute financière d’où devait sortir une mise en tutelle exercée collectivement par la France, l’Angleterre et l’Italie», sous la forme « d’une commission financière internationale ». L’histoire nous apprend que le ministre réformiste  Khereddine Pacha avait  vendu le domaine d’Enfidha( henchir Enfidha) d’une superficie de 100.000 hectares à une société de crédit marseillaise qui le rebaptisa « Enfidhaville). Les autorités tunisiennes avaient essayé de bloquer cette opération, mais ce fut peine perdue.

Certes, la Tunisie ne compte pas parmi des dirigeants  un Sadok Bey ou encore des responsables véreux comme  Mustapha Khaznadar, cet esclave grec devenu tunisien qui instaura « une politique financière déplorable pour le pays en imposant une fiscalité extrêmement lourde et en contractant une suite d'emprunts risqués en  France », mais elle est réellement dans le bourbier à cause de ses enfants. Tous sans exception.

Mais le protectorat a, depuis les indépendances des pays, pris de nouvelles  formes!

Le passé doit éclairer le présent pour mieux appréhender l'avenir.

B.O