Les anti-gaz de schiste européens soutenus par la Russie, selon l'OTAN

 Les anti-gaz de schiste européens soutenus par la Russie, selon l'OTAN

Afin que l'Europe reste dépendante du gaz russe, le secrétaire général de l'OTAN, Mr Anders Fogh Rasmussen accuse la Russie d'avoir infiltré les organisations anti-gaz de schiste. Cette déclaration a déclenché de multiples réactions d'indignation de plus d'une centaine de collectifs et d'associations mobilisés dans le combat contre l'exploration, l'exploitation des gaz de schiste.

Une lettre ouverte lui a été transmise, copie Mr Jean-Claude Juncker (candidat à la présidence de la Commission européenne), Mr Martin Schulz (président du Parlement européen), Mr Herman van Rompuy (président du Conseil européen).

"Cher Mr Rasmussen,

Nous, groupes de citoyens et organismes environnementaux, inquiets par la fracturation hydraulique, l'extraction du gaz de schiste, et en campagne contre le développement des hydrocarbures non conventionnels en Europe, avons été très surpris de lire votre commentaire dans plusieurs médias européens comme quoi « la Russie, dans le cadre de leur information de pointe et d'opérations de désinformation, est engagée activement avec les organisations dites non gouvernementales – qui œuvrent contre le gaz de schiste - pour maintenir la dépendance européenne au gaz russe importé ».

Ces allégations ne sont pas nouvelles, mais jusqu'à ce jour personne n'a rien prouvé.

Le travail de l'OTAN dépendant fortement de collecte de renseignements détaillés et précis, nous espérons que votre déclaration extraordinaire sur le mouvement européen contre la fracturation hydraulique est étayée par des preuves. Nous vous demandons donc, en tant que secrétaire général d'une importante organisation militaire régionale d'envergure mondiale, soit d'apporter la preuve de ces accusations soit de procéder à des excuses publiques pour cette fausse déclaration.

En outre, nous tenons à attirer votre attention sur le fait que les autorités européennes, entre autre la Commission européenne, ont déjà publié plusieurs études démontrant les risques élevés liés à l'industrie de la fracturation hydraulique.

Il est aussi largement reconnu que la fracturation hydraulique, ni ne réduira la dépendance de l'Europe à la fourniture de gaz russe, ni n'entrainera la baisse du prix du gaz à la consommation. En Europe, les groupes contre la fracturation hydraulique s'accordent à dire que la dépendance croissante de l'Europe sur les combustibles fossiles importés, comme le gaz naturel, est une préoccupation. Mais nous sommes convaincus qu'un développement ambitieux des énergies renouvelables et de sérieux investissements dans l'efficacité énergétique constituent la meilleure façon de réduire notre dépendance aux combustibles fossiles russes. Nous souhaitons un débat sérieux et informé au sujet de la sécurité énergétique.

Les groupes contre la fracturation hydraulique sensibilisent sur les risques de développement du gaz de schistes pour le climat, l'air, l'eau et la santé publique. Les mouvements sociaux comme le nôtre jouent un rôle important et nourrissent un débat public sur l'avenir du climat européen, les politiques énergétiques à faible émission de carbone et sur l'environnement. Les principes de précaution et de l'action préventive, le principe du «pollueur-payeur» sont inscrits dans le traité de Lisbonne. La préservation, la protection et l'amélioration de la qualité de l'environnement et la lutte contre le changement climatique devraient être des objectifs majeurs de l'Union Européenne.

Prétendre que le mouvement européen contre la fracturation hydraulique européenne est infiltré par des agents russes sape le débat public légitime sur les risques et les impacts de cette technique et porte atteinte à nos institutions démocratiques, que l'OTAN est pourtant censée défendre.

Ce n'est pas la première fois que nous sommes accusés d'être des agents de Gazprom ou de «travailler contre les intérêts publics de l'Etat ». Nous ne tolérerons plus la diffamation ou la criminalisation de notre important travail. S'il y a effectivement des groupes qui s'opposent à la fracturation, et qui travaillent en secret avec la Russie contre les intérêts des peuples européens, nous aimerions aussi savoir qui ils sont.


Par conséquent, nous attendons avec impatience de recevoir une preuve de vos accusations ou des excuses publiques.

Avec nos salutations distinguées."