Les consortiums: une condition de survie pour les PME

Les PME tunisiennes sont désormais appelées à travailler en réseau et à se regrouper au sein de consortiums

, en vue d'assurer leur pérennité et d'améliorer leur compétitivité.

La mise en réseau des entreprises ne doit pas se limiter à la commercialisation et la promotion des biens et des services au plan international mais doit couvrir des domaines d'activité beaucoup plus larges, tels que l'innovation, la créativité et la recherche-développement, telles sont les principales conclusions qui se sont dégagées du séminaire organisé, mercredi, à Tunis, sur le thème « la mise à niveau des entreprises : un outil de développement et de la compétitivité ».

Ouvrant les travaux de ce séminaire, M. Abdelaziz Rassaa, secrétaire d'Etat, chargé de l'énergie renouvelable et des industries alimentaires, a affirmé que l'ouverture de la Tunisie sur son environnement international, notamment après la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne (UE) en 1995, a entraîné une pression concurrentielle sur le tissu industriel constitué à hauteur de 95% de petites et moyennes entreprises (PME).

Cette situation a favorisé, a-t-il dit, l'orientation de l'économie nationale vers une croissance basée sur la connaissance et le savoir-faire, notamment par la création de technopoles, d'une part, et le regroupement des entreprises en consortiums, d'autre part.

Ainsi, 10 technopoles seront créées dans le cadre d'un programme décidé par le chef de l'Etat, dont les pôles de compétitivité du secteur textile-habillement à Monastir et de l'agroalimentaire à Bizerte et deux autres en phase avancée de réalisation (l'un à Gafsa et le second à Sousse).

Le regroupement des PME en consortiums, a ajouté le secrétaire d'Etat, donnera une force de négociation à nos entreprises, tant au niveau de l'approvisionnement sur le marché international que de celui de l'exportation. A ce titre, 40 consortiums seront constitués au cours du XIème plan de développement (2007-2011).

D'ores et déjà, 20 consortiums ont été crées, regroupant une centaine d'entreprises œuvrant dans les secteurs manufacturiers et les secteurs de services à haute valeur ajoutée.

Ces consortiums se répartissent entre les secteurs de l'agroalimentaire (3), du textile-habillement (4), du bois et ameublement (2), du cuir et chaussure (1), de la mécanique- électrique (2) et du conseil et ingénierie (8).

Ces consortiums, a-t-il dit, viendront, également, appuyer le Programme de mise à niveau (PMN) dans l'amélioration de la compétitivité des entreprises tunisiennes, sachant que les exportations ont évolué depuis l'adoption du PMN à plus de 15 000 MD à la fin de 2007 alors qu'elles étaient de l'ordre de 3 000 MD avant 1995.

Des mesures ont, aussi, été décidées pour favoriser la participation du secteur privé dans les investissements en recherche-développement et impulser le partenariat public- privé pour la mise en réseaux des entreprises, a conclu le secrétaire d'Etat.

Des témoignages de représentants de consortiums, tunisien (NTIC, sourcing et textile-habillement, consulting), marocain (textile de maison), espagnol (design et ameublement) et italien (promotion multisectoriel), ont été présentés à cette occasion.

Les responsables de ces consortiums ont été unanimes à souligner l'importance pour les PME de leurs pays de se regrouper au sein de consortiums d'exportation, voire des réseaux de PME, eu égard à la multitude des avantages qu'offrent ce mode d'organisation.

Au nombre de ces avantages, les conférenciers ont évoqué la réduction des coûts de production, l'accroissement du chiffre d'affaires, l'impulsion des exportations, la conquête de nouveaux marchés, un meilleur pouvoir de négociation et une plus grande crédibilité vis-à-vis des partenaires de l'entreprise (clients, fournisseurs, bailleurs de fonds).

Toutefois, le problème qui se pose avec ce mode d'organisation en réseau, réside en la courte durée de vie des consortiums (3-5 ans maximum).

En effet, les entreprises ont tendance à quitter au fur et à mesure les consortiums, une fois qu'elles se sentent capables d'exporter de façon autonome, ont- ils indiqué.

L'accent a été, également, mis sur le rôle des pôles de compétitivité, dans la mise en réseau des compétences et le développement des actions de partenariat.

Ces pôles peuvent, en effet, avoir un apport important en matière d'animation du réseau des partenaires (entreprises, structure de recherche, organisme de formation), de promotion et d'attraction des investissements et de création de projets innovants à forte valeur ajoutée.

Dans son intervention, M.Enrico Ottoloni, vice-président de l'association Varese Europea (Italie) et expert international en textile-habillement, a souligné que la Tunisie et l'Italie ont plusieurs points en commun. Les deux pays, a-t-il poursuivi, sont caractérisés par un tissu industriel composé pour l'essentiel de PME, principal moteur de croissance de leur économie.

Il a relevé l'importance pour les PME tunisiennes de se regrouper au sein de districts industriels territoriaux, voire des concentrations sectorielles d'entreprises qui produisent et commercialisent une gamme de produits interdépendants ou complémentaires.

Il s'agit là de transformer la concurrence entre les entreprises qui opèrent dans le même secteur en coopération et conquête de nouvelles cibles communes, a-t-il conclu.

T.A.P