Les leçons à tirer de la municipale partielle du Bardo

Les  leçons à tirer de la municipale partielle du Bardo

-Primo : un électeur inscrit sur dix s’est rendu aux urnes. 11,66% c’est peu, très peu. Certes on ne peut pas extrapoler ça à une élection nationale. Mais la désaffection de l’électorat est le problème majeur auquel personne ne veut chercher des solutions. Les grands partis tirent les marrons du feu de cette situation et c’est pour cela qu’ils ne s’en occupent pas. Ce qui est évident, c’est qu’un taux de participation faible (de l’ordre de 30% et moins) ôte tout crédit à une élection nationale. Cela risque d’arriver en octobre prochain.
-Secundo : le Mouvement Ennahdha, quoiqu’on puisse penser de lui a remporté la première place non pas seulement grâce à la discipline de ses partisans mais aussi et surtout parce qu’il prend au sérieux les élections et s’y prépare longtemps à l’avance. Il met aussi le paquet quand il s’agit de mobiliser puisque le chef du parti lui-même s’est rendu au Bardo à cette fin, ce qu’aucun des autres partis, à ma connaissance n’a fait. Certes, Ennahdha a beaucoup perdu de ses effectifs mais il fait la compétition avec sérieux et la gagne.
-Tertio : les partis qui sont aux premières places des sondages, à savoir Cœur de Tunisie ( de Nabil Karoui) et PDL( d’Abir Moussi) ont brillé par leur absence. L’enracinement local est l’indice le plus important pour mesure la force d’un parti. Que le parti de Nabil Karoui ne soit pas présent peut se comprendre mais l’absence du parti de Moussi pose problème. Ce ne sont pas les élections nationales qui sont les plus importantes, bien au contraire. Si on dispose d’une machine électorale, comme on le prétend, le moment est venu pour qu’on la voit à l’œuvre.
-Quarto : les partis de la famille dite centriste (Al Badil, Tahya Tounes, Afek Tounes et Beni Watani) y sont allés en ordre dispersé. Ils obtiennent un score honorable mais le premier d’entre eux ne remporte que la moitié des sièges raflé par Ennahdha. S’ils avaient présenté une liste commune, et œuvré pour sa victoire ils auraient gagné plus que ce qu’ils ont engrangé et auraient obtenu la première place. Une prime à la liste unique est à la clé. Ensemble ils auraient remporté plus de quinze sièges et seraient bien placés pour diriger le conseil municipal.
-Quinto : pas la moindre trace du Front populaire ni des partis de gauche, Al Massar, Al Jomhouri, La Tunisie en avant (d’Abid Briki). La gauche tunisienne est en train de se replier sur elle-même, de vivre en vase clos et de s’occuper plus à se tirer dans les pattes qu’à faire de la politique. C’est dommage.
-Quinto : le second tour élections est représenté par la coalition qu’il faudrait mettre pour diriger le conseil municipal. Les listes dites modernistes sont bien placées pour former la coalition, puisqu’il faudrait seize membres pour former la majorité municipale. C’est un défi qui leur est lancé pour trouver les accords à cette fin. L’autre bord composé d’Ennahdha, de certaines listes indépendantes et du Courant démocrate peuvent aussi se liguer. Les petites listes indépendantes peuvent faire la différence. Rien n’est acquis à l’avance et un retour à la tête de la commune de la présidente démissionnaire n’est pas exclu. Bis repetita.
Cette élection est un test grandeur nature de l’état de l’opinion publique à moins de trois mois des élections législatives. Les partis politiques doivent en examiner les résultats à la loupe et en tirer les leçons idoines.

RBR

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