Les Libyens tracent la voie vers un avenir sûr et prospère, mais des défis les attendent (ONU)

Les Libyens tracent la voie vers un avenir sûr et prospère, mais des défis les attendent (ONU)

Après des années d'instabilité politique et de conflit, la Libye fait des progrès substantiels sur la voie de la paix, a déclaré jeudi la plus haute responsable de l'ONU dans le pays devant le Conseil de sécurité.

Stephanie Williams, Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général  de l’ONU et cheffe de la Mission des Nations Unies en Libye (MANUL) a rappelé au Conseil le cessez-le-feu à l’échelle nationale convenu le mois dernier à Genève et le début d’un dialogue politique la semaine dernière en Tunisie.

« Après de nombreuses années d'oppression, de division, de chaos, de misère et de conflit, les Libyens se rassemblent pour le bien de la Libye, pour le bien de leurs enfants et petits-enfants, pour tracer une vision libyenne de la voie à suivre qui offre la possibilité de préserver l'unité du pays et réaffirmer sa souveraineté », a-t-elle déclaré lors d’un exposé par visioconférence.

« Lorsque les armes sont réduites au silence, les civils sont protégés »
Mme Williams a rappelé que le cessez-le-feu historique pour la Libye avait été conclu à Genève le 23 octobre, où les membres d’une commission militaire mixte, composée de représentants du Gouvernement d'accord national (GNA) reconnu par l’ONU et du groupe armé, l'Armée nationale libyenne (ANL), de Khalif Haftar « ont mis de côté leurs différends et, guidés par leur esprit patriotique, ont répondu à l'appel du Secrétaire général en faveur d'un cessez-le-feu mondial ».

L'accord de cessz-le-feu prévoit le retrait de toutes les unités militaires et groupes armés des lignes de front, ainsi que le départ des mercenaires et des combattants étrangers de la Libye, dans les 90 jours.

Avec le maintien du cessez-le-feu, la MANUL a facilité le dialogue entre le GNA, situé dans l'ouest de la Libye, et l'ANL, qui détient le pouvoir sur de vastes zones à l'est du pays.

La commission militaire mixte a élaboré les conditions d'un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, tandis qu'une route côtière essentielle pour les déplacements et le transport des marchandises a été rouverte et un programme d'échange de prisonniers est en cours.

« La forte diminution du nombre de victimes civiles par rapport au deuxième trimestre de 2020 est un autre rappel que lorsque les armes sont réduites au silence, les civils sont protégés », a déclaré Mme Williams.

Feuille de route pour les élections
Entre temps, la Libye a repris sa production de pétrole après la levée d'un blocus de plusieurs mois, et un projet d'unification et de restructuration des forces protégeant les installations pétrolières est en cours.

Mme Williams a convoqué les parties libyennes à Tunis la semaine dernière, pour ouvrir la voie à un dialogue politique. Les 75 participants, dont 16 femmes, représentaient les principales circonscriptions géographiques, sociales et politiques de la Libye.

Le dialogue organisé en Tunisie a donné le jour à une feuille de route politique, comprenant la tenue d’élections prévues le 24 décembre 2021, à l’occasion du 70e anniversaire de l'indépendance de la Libye.

« Les Libyens l'ont clairement indiqué. L'organisation d’élections présidentielle et parlementaires est leur revendication et doit être notre objectif commun », a-t-elle déclaré.

Pas de temps pour la complaisance
Cependant, la haute responsable onusienne a averti « qu'il n'y a pas de temps pour la complaisance » car la situation en Libye reste instable.

Bien que la commission militaire mixte cherche à opérationnaliser l’accord de cessez-le-feu, les parties n’ont pas encore retiré leurs forces, tandis que les arrangements pour la distribution des revenus pétroliers dépendront des progrès sur le volet politique.

Mme Williams a également exhorté la communauté internationale à respecter et à soutenir pleinement les différents accords conclus par les parties. « Ce Conseil (de sécurité) a des outils à sa disposition, notamment pour empêcher les obstructionnistes de mettre en péril cette rare opportunité de rétablir la paix en Libye. Je vous demande de les utiliser », a-t-elle dit aux 15 membres du Conseil.

Dans son allocution devant le Conseil, l’Ambassadeur de la Libye aux Nations Unies, Taher Al-Sunni, a souligné plusieurs points pour la réussite des dialogues politiques actuels, tels que la nécessité d’une résolution contraignante pour soutenir les points sur lesquels les Libyens se sont mis d’accord lors de leurs différents dialogues.

M. Al-Sunni s'est également prononcé contre l'intervention étrangère dans son pays.

« Nous appelons le Conseil de sécurité et la communauté internationale à saisir cette occasion et à faire preuve de bonne volonté en soutenant la volonté du peuple libyen et son droit à l’autodétermination ; de ne pas utiliser la Libye comme moyen de régler des comptes », a-t-il dit.

Sécurité et prospérité partagées
Tout en étant optimiste quant à l’avenir de la Libye, Mme Williams a déclaré qu’elle restait « lucide » sur les défis à venir.

« Dix ans de guerre ne peuvent être résolus en une semaine de pourparlers politiques, mais nous entendons davantage maintenant le langage de la paix que le langage de la guerre », a-t-elle déclaré aux membres du Conseil.

« Seule une responsabilité partagée, nourrie par le patriotisme et l’amour du pays, peut conduire à la sécurité et à la prospérité partagées auxquelles tant de Libyens aspirent », a rappelé la Représentante spéciale par intérim.

« Les Libyens méritent, sinon le soutien, du moins la non-ingérence des principaux acteurs internationaux alors qu'ils cherchent à forger une voie politique souveraine pour les futures générations libyennes », a-t-elle conclu.

Kaouther Bizani
 

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